Chapitre 7 - Triomphe caché
À la sortie des cours, j'ai proposé à Aël :
─ Demain, c'est le premier jour des vacances après il faudra aller en stage. Dommage qu'on est pas dans la même entreprise. Comme on se verra pas souvent, tu viendras avec moi faire un footing ?
─ OK !
─ Rendez-vous à 9 heures en bas de chez toi.
─ D'accord.
─ Après on va chez toi. On doit discuter de tout ce qu'il s'est passé ces derniers jours. Que j'ai dit à Aël.
On se sépare au bas de son immeuble. On a pas encore osé reparler des évènements de la journée. Il faut un temps pour digérer. On s'est rapprochés, mais je vois bien qu'on est maladroits et intimidés. Je sais pas ce qu'attend Aël. Je lui aurais bien fait un bisou moi aussi. Mais j'ai pas osé. Je veux pas me tromper et le pousser dans ses retranchements ou lui imposer des gestes qui pourraient l'effrayer. Et puis comment se comporter avec un autre garçon ? Il faut peut-être faire comme avec une fille, mais moi à part les sauter, j'ai jamais fait des gestes tendres. J'en ai plus envie avec lui, mais faut que j'y aille en douceur. Alors en guise de salut, on s'est fait un petit geste de la main.
En arrivant dans ma chambre, j'ai ouvert illico presto mon ordi portable. Rien ne vaut internet pour avoir des réponses, même si Aël dit qu'il y a aussi beaucoup de conneries sur le Net. En ce moment, il n'a ni téléphone portable ni ordi, tout est resté chez son père. C'est chiant car pour lui dire un truc faut que j'attende d'être au lycée. Je vais chercher des renseignements, c'est un premier pas vers l'inconnu. On nous apprend rien sur le sexe en cours. L'homosexualité, on en parle en une phrase, on sait juste que ça existe, point barre. Je suppose et même je suis sûr qu'Aël est vierge ! Mais v'là coup que je me goure ! Après moi, j'ai jamais sodomisé une fille. J'ai essayé mais je me suis fait incendier. J'avais pas dû bien m'y prendre. Entre garçons, je me demande si chaque partenaire a une place attitrée ? Ou si on change selon les circonstances ? Comment on s'y prend ? Tant de questions. Je ne sais pas si Aël se pose les mêmes.
La plupart des filles reste comme des étoiles de mer, même si je m'escrimais à les limer le plus longtemps possible. Je crois pas qu'elles aiment bien ça et puis elles te laissent tout faire. Moi j'aurais bien aimé qu'on me dise ce que je devais faire, mais non, rien que dalle ! Bon, c'est vrai que je me suis jamais fait trop de nœuds au cerveau parce que j'attendais rien de ces filles à part du sexe. Mais alors là, c'est une autre histoire. Tout est nouveau pour moi. C'est la première fois que j'ai envie de serrer quelqu'un dans mes bras, de l'embrasser, de le protéger, de lui tenir la main, de le renifler et surtout d'être avec lui tout le temps. En gros, c'est la première fois que je suis amoureux. Ouais, je suis amoureux ! J'en suis sûr ! Pour moi, tout est une première fois, ma première fois pour beaucoup de choses. Il faut pas que je me rate. Je veux qu'Aël soit heureux. Je veux même pas jouir. Je veux qu'il soit vraiment content pour cette première fois avec lui. C'est peut-être aussi sa première fois, alors il faut que j'assure.
Je rêvasse. Je revois le visage d'Aël. À chaque fois que je le regarde, je me dis que j'aimerais bien avoir le temps de compter chacune de ses taches de rousseur, pardon, de ses éphélides ! D'embrasser son cou, sa nuque. Là maintenant, dans la minute, Aël me manque, c'est comme si j'étais amputé. Juste le voir ça me suffirait ou même de l'entendre. Vivement qu'il ait un téléphone ! En plus d'être des montagnes russes, l'amour s'est douloureux. J'espère que lorsque l'on sera tous les deux dans le même état d'esprit, l'amour sera doux, parce que sinon je vois pas l'intérêt d'en faire des tonnes avec ce truc !
Pour le moment il faut que je m'instruise. je me replonge dans la lecture. C'est bien la première fois que je prends des notes en lisant des pages du WEB et en écoutant des vidéos ! Sur un site très connu qui ne parle que des questions LGBTQIA+. Il est clairement écrit que je peux aimer Aël sans m'inquiéter du sexe et de tout le tremblement. On peut aimer autrement que ce que montre le porno et tant qu'on est d'accord tous les deux et totalement consentants, tout est possible. Pour moi, l'amour c'était de la baise, des pipes et des branlettes. Mais en vérité, je viens d'apprendre de nouveaux trucs. Putain, je me sens ridicule, inculte et honteux. On peut aimer au-delà des relations sexuelles. Par exemple, il y a des personnes asexuelles qui sont très amoureuses d'une ou d'autres personnes. Je viens de découvrir aussi qu'on peut être aromantique. Ça me ressemble avant de rencontrer Aël ! Il y a pleins d'autres univers tout aussi intéressants et honorables que le monde cis dominant des hétérosexuel-le-s comme c'est écrit. De nouvelles portes s'ouvrent. Je suis sûr que sans Aël, rien de tout cela serait possible.
Je ne me sens plus de joie. J'ai envie de crier au monde entier mon amour partagé. J'ai envie de tout vivre avec Caleb. Il m'a ouvert le champ des possibles alors que je croyais mon amour à sens unique. Tout devient réel. Dès que je ferme les yeux, je m'imagine en train de toucher son corps tant désiré. Je veux l'embrasser et être embrassé. Tenir sa longue et grande main dans ma mienne.
Je m'imagine dans les positions les plus scabreuses et érotiques possibles, tout en appréhendant de le faire. J'ai envie et j'espère le faire, mais pas avant quelques semaines ou quelques mois. Je veux sentir son odeur et toucher toute la surface de sa peau mate, pouvoir passer mes doigts dans ses boucles brunes ou juste me coller contre lui. Je me demande si Caleb pourra supporter la maladresse de mes baisers et de mes caresses ? Est-il poilu de partout ? Aimera-il mon corps sec d'athlète ? Comment est son sexe ? Il est forcément plus gros et plus grand puisqu'il est grand et fort. Des questions me trottent dans la tête. Je ne sais rien du sexe et de ses pratiques, mais Caleb va tout m'apprendre, car il a tellement d'expérience. Il doit être si compétent !
Je me caresse en pensant à lui, son sourire, sa stature et sa voix de basse. Je suis amoureux et bien plus qu'avec Gurvan. Il y a une nouvelle dimension : le désir charnel de l'autre. Cet autre n'est plus si inaccessible. Cet autre est vraiment beau. Cet autre, je l'ai embrassé. Cet autre ne m'a pas rejeté. Cet autre, c'est Caleb. J'aime dire à voix haute son prénom. Il est doux, simple, tendre et rare. Caleb ! Caleb ! Caleb !
Maman m'a expliqué que Caleb était un personnage biblique de la tribu israélite de Juda et l'un des douze éclaireurs envoyés par Moïse pour reconnaître le pays de Canaan. Mon Caleb ne peut être qu'un meneur d'hommes comme le Caleb de la Bible. Il est déjà l'éclaireur vers une nouvelle vie et vers de nouvelles terres que je n'ai jamais explorées. Je suis comme toute personne follement amoureuse, je l'encense et je vois en lui toutes les qualités imaginables. Dois-je occulter sa face sombre ?
Ce matin après notre footing matinal, Aël et moi, on est allés chez lui. Sa mère est au taf. Peut-être que je vais pouvoir l'embrasser. Je sais pas si je vais oser. Après la douche, on s'installe chacun sur un futon. Je me jette à l'eau :
─ Je me sens vraiment maladroit en ce moment. Je voulais te dire que j'ai aimé ton petit bécot et que dans ma lettre, j'aurais dû aller plus loin. Mais c'est difficile de dire certaines choses. Je suis plus à l'aise pour dire des conneries que dire des gentillesses. Faut pas m'en vouloir.
─ Je suis pareil. J'ai peur que tu t'enfuis si je te dis ou si je fais des gestes. Et puis, je n'ai jamais été honnête avec toi. Je ne t'ai jamais dit ouvertement qui j'étais vraiment : je suis gay. Du plus loin que je m'en souvienne, j'ai toujours été attiré par les garçons.
─ Ben mec, ça, je m'en doutais. Merci de me le dire. Moi aussi j'ai pas été totalement honnête avec toi. Depuis très longtemps j'suis aussi attiré par les garçons, ça même était ma première attirance. J'ai tellement eu peur du regard des autres et surtout je suis sûr que mon vieux et ma daronne l'accepteraient jamais. Alors j'ai tout ravalé et j'ai vécu comme c'était acceptable pour un mec. Être un mec ordinaire, c'est plus facile à vivre.
─ Je comprends. Moi, j'ai fait mon coming-out et mes parents ont divorcé. Ça a été le déclencheur. Parfois, je me dis qu'à cause de moi, ma mère a tout perdu, j'aurais mieux fait de me taire. Mais d'un autre côté, j'ai vu sur qui je pouvais compter. En tout cas, je te remercie de ne pas en faire toute une histoire de ce baiser.
─ Au fait mec ! T'appelles ça un baiser ?! Tu te fous de moi ! Ton truc c'était un bisou, un bécot ! Je vais te montrer ce que c'est un vrai baiser !
Je lui saute dessus comme un fou. En fonçant sur lui, je le fais basculer sur son futon. Il s'étale de tout son long. Je l'embrasse à pleine bouche. Il me repousse :
─ J'peux plus respirer! Me crie-t-il en ayant du mal à reprendre son souffle.
─ J'ai encore merdé ! J'suis passé à côté du consentement.
─ Non ça va. C'est pas ça. Enfin si ! Mais surtout, c'est juste que je n'arrive pas à respirer ! Je veux bien le faire, me répondit-il avec une petite voix.
─ Pour embrasser, il faut que t'apprennes à respirer par le nez !
Pour pas le mettre dans l'embarras, j'arrête de lui rouler un palot, mais je dépose doucement sur l'ensemble de son visage et de son cou de petits bisous tendres et appuyés. Il se laisse faire et se détend au fur et à mesure. Au bout d'un long moment, il me rend mes tendresses. Moi aussi, je me laisse aller au bonheur d'être câliné. On a les mains baladeuses. Nos tee-shirts sont plus un obstacle. Nos doigts se croisent et s'entrecroisent. Nos bouches se rencontrent à nouveau. Nos langues s'activent en une danse langoureuse. Aël apprend plus vite à embrasser que moi les maths ! J'entends de petits bruits, de petits couinements alors que je lèche et suçote avidement ses tétons roses. C'est plus une demie molle que j'ai dans le boxer, mais une belle gaule bien raide. Par imitation, il entreprend la même caresse buccale : elle a autant de réussite. C'est la première fois que quelqu'un suce mes tétons bruns. C'est la première fois que je ressens des montées de désir grâce à ça. Toutes ses caresses ont un effet du tonnerre sur nos libidos. Il s'allonge sur mon corps et se frotte à moi :
─ Fais gaffe Aël, si on se jouit dessus, ça va pas le faire ! Lui dis-je.
─ On a qu'à retirer nos frocs.
─ OK !
Ni une ni deux, on est tous les deux en boxer. Sans attendre, je prends en main le sexe d'Aël. Je suis étonné du calibre et de la grandeur de son engin : il n'a rien à envier au mien qui a déjà d'un beau gabarit. Je viens d'apprendre encore une nouvelle chose : la taille du sexe d'un mec n'est pas proportionnelle à la taille du mec. Nos sous-vêtements nous gênent alors on les retire. Je me mets à califourchon sur Aël et je frotte ensemble nos deux bites bandées. Il ferme les yeux et émet encore de petits bruits charmants et érotiques. Ça suffit pour que j'éjacule. Je suis suivi à quelques secondes par Aël. On reste un moment sans faire un mouvement. Aël tend une main pour attraper des mouchoirs en papier et nettoie avec précaution nos sexes qui se ramollissent doucement :
─ Ça va ? Je demande à Aël tout en m'allongeant à côté de lui.
─ Oui, oui, ça va. Et toi ?
─ T'inquiètes, c'était génial. Elle est sacrément belle, ta queue, mec !
─ Ah bon ? Elle est normale, non ?
─ Je sais pas trop. J'en ai vu pas mal dans des pornos mais les mecs sont choisis pour le calibre de leur bite alors c'est pas une référence. Et pis moi, je trouve la tienne très belle.
─ Merci. La tienne aussi est belle. Elle est plus foncée et plus grosse.
─ Non, non, non, elle est pas plus grosse. Je peux te le dire car c'est moi qui les ai eues en main. J'ai pu comparer. On est jumeaux d'en bas !
─ Alors tout compte fait je n'ai pas une petite bite comme tu ne disais quand tu me détestais !
─ Non, t'as pas une petite bite, t'as la plus belle bite de la Terre entière. Et je t'ai jamais détesté. Je lui réponds en l'embrassant.
─ Tu sais, je croyais que je n'étais pas prêt à faire des trucs avec toi. J'appréhendais vachement. Et puis là, d'un seul coup au premier baiser, on l'a fait.
─ Tu trouves qu'on a été trop vite ?
─ Ah non, pas du tout. C'est juste que je n'imaginais pas que les choses allaient se dérouler comme ça.
─ T'imaginais quoi au juste alors ? Qu'on sorte ensemble sans sexe pendant quelques temps et puis, un jour on se serait lancé ?
─ Oui un peu ça.
─ Tu regrettes alors ?
─ Ah non alors ! Non, c'est vraiment bien qu'on ait fait ça comme ça sans se poser de questions, naturellement. J'ai un peu l'impression de mettre jeté à la mer sans bouée de sauvetage. Je n'ai même pas eu le temps d'avoir peur. C'est génial.
─ Moi aussi, j'avais un peu peur qu'on le fasse. J'suis jamais allé avec un mec. Et j'suis content que ma première fois soit avec toi. J'ai encore le cœur qui bat fort !
─ Caleb ?
─ Oui ?
─ Je suis désolé de casser l'ambiance, mais faut qu'on se rhabille, ma mère va bientôt rentrer.
─ OK, t'en fais pas. N'empêche que j'ai déjà hâte qu'on recommence. Merde, j'aurais pas dû dire ça, tu vas me prendre pour un obsédé.
─ Mais, tu es un obsédé ! Mais t'inquiète, moi aussi j'ai hâte. J'ai vraiment aimé. Je peux encore t'embrasser ?
─ Bien sûr ! Que je lui réponds en l'embrassant longuement.
Jusqu'au retour de la mère d'Aël, on fait que s'embrasser et se dire des mots tendres. Je suis tellement heureux. C'est la première fois que je reste avec la personne avec qui j'ai joui. C'est génial de le garder dans mes bras, de le bisouter dans le cou et de le regarder rire et sourire. Ce que l'on a fait tous les deux, c'est mieux que de baiser une nana. Se branler ensemble, c'est génial. Le voir jouir, c'est génial. Je viens de vivre un truc génial. Encore un truc nouveau. Un truc merveilleux. Un truc que je partage avec Aël.
Je suis sur un petit nuage. Parfois mon cœur s'emballe, parfois mes joues s'enflamment. C'est comme un feu d'artifices dans mon cerveau. Chaque endroit que la bouche ou les doigts de Caleb touchent, envoie des décharges de plaisir dans tout mon corps. Je suis submergé par des sensations que je n'ai jamais expérimentées. Je m'entends pousser des petits cris ridicules. J'essaie de me retenir mais c'est peine perdue. Il y a des moments où je prends Caleb dans mes bras et je le serre jusqu'à l'étouffer et d'autres où c'est lui qui m'étouffe. Nous sommes dans une sorte de frénésie caressante.
─ Je deviens fou ! Me dit-il en me léchant les mamelons.
Je suis dans le même état de folie. J'ai l'impression que nous ne formons qu'un seul corps, s'écrasant l'un l'autre dans le même élan amoureux. Il me plaque au sol et se met à cheval sur moi. Il prend en main nos sexes. Au-delà du fait qu'il me touche le sexe, les mamelons ou la bouche, c'est tout son corps qui m'excite. Son odeur chaude. Ses aisselles poilues et la ligne sombre et velue qui part de son nombril et qui se perd dans son pubis. Le fait qu'elle fasse une flèche qui m'indique où je dois aller. Je saisis ses fesses musclées à pleines mains. Il y a du duvet dessus, comme sur son torse.
Entre yeux ouverts ou fermés, je ne sais que faire : les fermer par pudeur ou les ouvrir sous le coup de l'excitation ? Je les ouvre au même moment que son éjaculation. Sans pouvoir me retenir, je prends le même chemin. Nos spermes se mélangent entre ses doigts et coulent sur mon pubis blond. Délicatement, avec un mouchoir en papier, je nous essuie. Un mouchoir ne suffit pas. Les éruptions ont été conséquentes. Nous sommes tout poisseux et heureux.
Caleb s'allonge à mon côté. Après un moment calme et un rhabillage rapide, nous nous roulons sur les futons en nous chamaillant et en nous chatouillant. Il m'embrasse encore et encore. Je regrette juste de ne pas avoir le temps d'explorer chaque petite parcelle de son corps. J'ai entrevu des grains de beauté sur son dos et ses fesses, mais je n'ai pas pu les bisouter. Je suis comme un touriste chinois qui doit visiter Paris au pas de course avant de rejoindre son autobus et son hôtel ! C'est frustrant. Ça me chagrine. J'ai hâte que l'on recommence !
Je ne sais pas si c'est normal d'avoir envie de le croquer ? Je dois être un peu sadique sur les bords. Nos corps se sont reconnus. Leur rencontre est une évidence. J'aime que Caleb soit aussi enthousiaste que moi après ce moment intime. Il est encore plus beau qu'il y a quelques heures. J'aime que nos sexes soient "jumeaux" ! J'aime qu'il ne puisse pas s'empêcher de m'embrasser, de me regarder et de me dire des mots mignons. Il dit que je suis sa première fois pour pleins de trucs. Je ne le crois pas vraiment, mais je m'en fiche qu'il me raconte des salades. Aujourd'hui je veux tout croire et prendre tout ce qu'il me donne sans réfléchir. Je suis heureux car même si cela ne dure pas entre nous, comme je l'ai toujours souhaité, je peux chérir cette toute première fois, ce bel instant romantique et sensuel jusqu'à ma mort. Cela sera mon plus beau souvenir, j'en suis sûr. Aujourd'hui, vraiment, ma vie commence. Avant c'était une esquisse. Puisse l'avenir faire qu'à partir de maintenant je vive une belle histoire d'amour.
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