31. Juste un bon coup… de raquette ?

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Jonas

Le soleil brille ce samedi matin et, comme j’ai mal refermé les rideaux de ma chambre hier soir, ce sont ses rayons qui me réveillent. Je souris en repensant à la raison qui explique cette précipitation coupable et qui est en ce moment allongée près de moi dans mon lit. Suzanne a en effet sauté sur l’occasion de passer la soirée avec moi quand je l’ai appelée. Et nous n’avons pas été raisonnables du tout. Je crois qu’il me fallait cette nuit de sexe pour me prouver que je n’ai pas besoin de Pénélope pour prendre mon pied. Et si je veux être honnête, ce n’est qu’un demi-succès sur ce plan-là. Certes, Suzanne a réussi à me faire jouir, j’ai beaucoup apprécié et elle aussi, et pas qu’une fois de son côté, mais malgré tout, je reste un peu sur ma faim. Je crois que le fait d’avoir regoûté au sexe avec mon ex m’a rappelé l’osmose et le plaisir naturel que je peux expérimenter avec elle et qui fait que je trouve fades toutes les autres qui passent à sa suite. Est-ce que cela changera un jour ? Je ne sais pas, mais c’est clair qu’il faut que je continue à me soigner vu la façon dont nous nous sommes quittés et la fin de la semaine passée à se disputer au boulot. Je n’en reviens pas d’avoir fait la bêtise de replonger. Lors de sa première trahison, j’avais mis des mois à me relever. Là, je fais le fier mais j’avoue que c’est compliqué. Je suis un battant, je vais m’en sortir, mais j’ai clairement perdu le deuxième set après avoir perdu le premier. Il faut que reprenne le dessus si je ne veux pas être éliminé dès maintenant.

Suzanne doit sentir que je suis réveillé car elle se retourne dans mon lit et vient se lover contre moi. Je me colle dans son dos et c’est avec plaisir que mon érection matinale se loge contre ses fesses nues. Je me demande si sentir mon excitation va la réveiller et je n’ai pas à me poser longtemps la question car la coquine glisse sa main entre nous et se saisit de ma verge qu’elle caresse doucement. Nous ne tardons pas à reprendre nos folies de la nuit et encore une fois, nous connaissons un début de matin très agréable.

— Tu sais que tu nous as mis en retard avec tes bêtises ? lui demandé-je en souriant alors que je me lève, l’observant sourire béatement après l’orgasme qu’elle vient de connaître.

— Ça n'avait pas l’air de te déranger !

— Cela m’a même fait plutôt plaisir, mais on va dire quoi à ton père quand on va arriver en retard pour le match de tennis auquel nous devons nous rendre ?

— Mon père n’est pas stupide, il sait bien que toi et moi, on ne fait pas que jouer au tennis.

— Ah oui ? Tu crois ? ris-je alors qu’elle se dandine devant moi pour récupérer ses affaires disséminées un peu partout autour de la pièce. Et moi qui pensais qu’on était discrets.

Elle me sourit et vient me voler un baiser avant de se diriger vers la salle de bain. J’en profite pour aérer la pièce en ouvrant grand la fenêtre et récupère mes affaires de sport afin de me préparer pour aller retrouver mon patron. C’est un peu étrange d’aller jouer contre lui, mais il a insisté quand sa fille lui a raconté que j’avais un excellent niveau. Il tient absolument à vérifier par lui-même et nous avons donc planifié un petit match en double où il sera avec un de ses amis contre Suzanne et moi. Ça promet.

Nous prenons rapidement notre petit-déjeuner et je me fais la réflexion que je pourrais m’habituer à ce genre de petite vie, faite de bon sexe, quelques rires et de bons moments en charmante compagnie, même si ce n’est pas non plus le nirvana. Dans la vie, il faut savoir se contenter de ce qu’on a, non ?

Lorsque nous arrivons au club où joue Philippe, près de Versailles, je sors de la voiture de la belle blonde qui me réprimande pour avoir passé le trajet à caresser ses jolies jambes nues. Je me contente de rire et la suis à l’intérieur du bâtiment où nous sommes accueillis par une hôtesse dont la présence démontre que nous ne sommes pas n’importe où.

— Ton père n’a pas les mêmes standards que nous. C’est le luxe, ici ! Il est fort au tennis ou c’est juste parce qu’il est plein aux as ?

— Tu le découvriras par toi-même. Sache juste qu’à une époque lointaine, il a été plutôt bien classé, au point de jouer les préliminaires à Roland Garros en tant qu’invité, sourit-elle. Bon courage, mon lapin !

Je fais comme si de rien n’était mais je me pose des questions sur la façon d’aborder ce match. Même s’il avait un bon niveau, il a dû perdre un petit peu, vu son âge. Mais est-ce que ça se fait de battre son patron et de le ridiculiser ? Ou au contraire, de perdre et de ne pas se montrer à la hauteur de ce qu’il pourrait attendre ? En tout cas, lui ne semble pas avoir les mêmes difficultés car il nous accueille tout chaleureusement.

— Bonjour Philippe. Ravi de découvrir ce club. Tu es prêt ? Je n’ai pas vu ton partenaire, à deux contre un, ça va être trop simple pour nous, souris-je.

— Il arrive, ne t’emballe pas, tu risquerais de vite le regretter, rit-il. Vous feriez bien de vous échauffer, les jeunes, je suis en forme !

— T’inquiète pas, Papa, on a déjà fait l’échauffement à la maison ! Je peux te dire qu’il n’y a pas de risque de refroidir avec Jonas !

Je manque d’étouffer devant tant d’honnêteté car c’est une chose de baiser la fille du patron, c’en est une autre d’en parler devant lui.

— On va quand même aller courir un peu, non ? demandé-je pour changer de sujet.

— Epargne-moi les détails, Suzi, tu veux ? grimace son paternel. Prévenez-moi juste quand vous décidez de vous marier, histoire que je prévoie ça dans mon budget.

Purée, ils veulent ma mort tous les deux avec ces sujets de bon matin ! Parce que le mariage, on n’en est pas là, avec Suzanne. Enfin, c’est mon plan cul le plus régulier, celle avec qui je passe le plus de temps sur le court comme en dehors, mais on n’a jamais parlé d’officialiser les choses. C’est vrai que quand on voit le matin qu’on a passé, ça pourrait me faire penser à me mettre officiellement en couple avec elle, mais de là à se marier, le pas est encore immense.

— On te le dira, oui, commencé-je, toujours un peu embarrassé alors que Suzanne m’interrompt par un grand éclat de rire.

— Arrête de te faire des films, Papa. Ce n’est pas parce que Jonas et moi, on couche ensemble, qu’on va se marier ! Ça n'a strictement rien à voir, même. On est amis, on s’amuse, rien de plus. Ce n’est pas parce que c’est un bon coup que je veux passer ma vie avec lui, hein ?

Un bon coup ? C’est tout ce que je suis pour elle ? Et donc, pour elle aussi, je ne suis qu’un amusement, un gars avec qui l’on couche mais avec qui on ne peut pas envisager du sérieux. Le problème doit vraiment venir de moi, il semblerait. J’essaie de ne pas trop prêter d’attention à ce qu’elle vient de dire mais ça tourne en rond dans ma tête, sans que je sache trop pourquoi.

Je suis Suzanne et son père jusqu’au terrain où nous rejoint André, un quadragénaire sportif, un vrai athlète qui fait la bise à ma partenaire de manière si appuyée que je suis convaincu, rien qu’en les voyant, qu’elle partage aussi son lit à l’occasion. Cela finit de me motiver à vraiment donner le meilleur de moi-même ce matin pour battre les deux seniors et leur montrer que je ne suis pas un adversaire à déconsidérer.

Nous lançons rapidement le match. Je vois que Suzanne n’a pas menti et que nos deux opposants sont toujours en grande forme. Ils nous surprennent même par leur vivacité et nous perdons le premier set sans gloire. Ne voulant absolument pas perdre la face, je redouble d’efforts et ma partenaire fait de même. Nous égalisons avant de remporter la dernière manche après un jeu très disputé. Je suis tout sourire et suis content de voir que Philippe n’est pas mauvais perdant car il nous félicite de la qualité du match. Je m’arrête cependant vite de sourire en constatant que décidément, le mariage avec Suzanne ne sera pas pour aujourd’hui car elle file avec André dès qu’elle en a l’occasion et je me retrouve comme un con, seul sous la douche du club, alors que j’aurais bien fêté ce succès par un nouveau round avec la jolie blonde.

Je rentre chez moi seul et en devant attendre de longues minutes le RER, mon ex future-épouse ayant disparu avec son carrosse, Je me dis que je devrais arrêter de compter sur mes plans culs et rumine en pensant non pas à Suzanne mais à Pénélope. Je me demande ce qu’elle fait de son samedi, si comme moi, elle profite pour faire ses courses avant de rentrer chez elle. Mon appartement a l’air vide et pour remédier un peu à ma solitude, je m’assois à terre, à côté de mon chat. Mais Blacko a envie de se la jouer indépendant et il s’éloigne dès que je me mets à le caresser. Franchement, je crois que si tout le monde continue à me fuir comme ça, je vais finir par vraiment déprimer, moi.

En désespoir de cause et faute de mieux à faire, je passe un appel à visio à ma mère qui décroche rapidement et hausse les sourcils en me voyant assis à même le sol.

— Bonjour Maman. Tu vas bien ? Quoi de neuf ?

— Mieux que toi, apparemment. Un souci, mon chéri ?

— Non, tout va bien, pourquoi tu me demandes ça ? essayé-je de mentir en affichant un faux sourire de circonstance.

— Je ne sais pas, peut-être parce que tu es assis par terre et que tu sembles porter le poids du monde sur tes épaules, va savoir !

— Ouais, disons que j’ai connu mieux. Je me sens un peu seul, tu vois ? Tu crois qu’il y a une femme pour moi quelque part ? Je veux dire, une femme à épouser et avec qui fonder une famille, parce que pour le reste, j’ai ce qu’il faut.

— J’en suis persuadée, quelle question ! Si seulement tu ouvrais les yeux, mon Johnny… Enfin, bon, tu sais que tu peux venir passer le weekend à la maison quand tu veux, hein ? Si tu n’as pas le moral, un retour aux sources peut te faire du bien.

— Ouais, l’air de la campagne et les vaches, c’est peut-être ce qu’il me faut. On pourrait se faire un petit repas tous les trois au Plaisir Normand, tu sais le super restaurant en bord de mer ?

— Avec plaisir, surtout si c’est toi qui invites, rit ma mère.

— On s’organise ça rapidement, alors. Ne t’inquiète pas pour moi, je vais me mettre devant une série Netflix et ça va aller. Bonne fin de journée, Maman. A très vite.

Je raccroche et me dis que cette semaine a vraiment été compliquée à vivre pour moi, plus que je ne veux bien l’admettre si j’en viens à appeler mes parents pour avoir un peu de soutien. Il faut vite que je me ressaisisse si je ne veux pas finir comme à mon retour des Etats-Unis : abattu et déprimé. Si j’avais su, j’aurais résisté à la tentation de remettre le couvert avec Pénélope parce que son nouveau rejet m’a vraiment fait du mal. Et tout le sexe du monde, avec elle ou une autre, ne pourra pas me faire oublier que j’ai sûrement laissé passer la femme de ma vie lorsque notre relation s’est arrêtée. Vite, il faut que je me remette sur le dossier Silvania Petroleum, cela aura au moins le mérite de m’occuper l’esprit. Voilà une fin de weekend qui s’annonce studieuse et industrieuse.

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