01. Jeu, set et sexe

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Jonas

Pour la première fois de l’année, l’entraînement va se dérouler en extérieur et j’avoue que ça me met en joie de pouvoir arrêter de frapper dans la balle dans un gymnase. J’aime trop le plein air et la terre battue pour me contenter du synthétique. Et le retour des beaux jours, ça veut aussi dire le retour des compétitions. Je reste un tennisman amateur mais je me fais une fierté d’être classé grâce aux matchs que je dispute et que je remporte assez régulièrement.

Comme j’en ai l’habitude, je commence mon échauffement par un petit footing autour du terrain. Cela va laisser le temps à ma partenaire du jour de me rejoindre. Elle doit être en train de se préparer et ça me convient comme ça. J’aime bien ces moments de tranquillité où je peux me concentrer. Surtout que Suzanne, même si elle manque un peu de puissance physique pour vraiment résister à mes revers, est quand même une adversaire redoutable, avec une technique bien affirmée et qui me met souvent en difficulté quand on se retrouve.

La jeune femme, qui est aussi la fille de mon patron, sort des vestiaires et vient me rejoindre sur le terrain. Je souris à la vision qu’elle m’offre. Elle est blonde comme les blés et a revêtu un petit short blanc malgré la fraîcheur du temps de ce samedi matin de début de printemps. Son haut est blanc aussi et je devine la brassière claire qu’elle porte en dessous. Elle est en tenue de combat et prête à en découdre, on dirait.

— Bonjour Suzanne, tu sais que ce n’est pas en montrant tes charmes que tu vas réussir à me déconcentrer ?

— Je n’ai pas besoin d’utiliser mes charmes pour t’en faire baver, tu le sais !

Elle s’approche de moi et me fait une bise appuyée avant de s’emparer de la boîte de balles que j’avais en main.

— Mais ! C’est quoi ça ? Et après, tu dis que tu ne profites pas ?

La demoiselle ne répond pas mais se contente de courir vers son bord du terrain et se met en position. Sans échauffement, comme à son habitude. Quoique… vu les messages qu’elle m’a envoyés hier soir, elle ne doit pas avoir froid. Aux yeux en tout cas.

Suzanne me laisse rejoindre ma partie du terrain et elle se penche un peu en avant pour frapper la balle au sol, comme les professionnels. La partie “flirt” est définitivement finie, commence la partie compétition. Et le premier service qu’elle m’adresse est vicieux et je me fais surprendre.

— 15-0, crie-t-elle toute guillerette. Je sens que je vais te laminer, aujourd’hui !

— Dans tes rêves, ma poulette. Si tu crois que je vais me laisser faire ! Et je te préviens, si tu perds, tu auras un gage !

— Tu sais bien que je ne joue pas à ces trucs, rit-elle. Si tu veux me mettre dans ton lit, pas besoin de tourner autour du pot, dis-le et on se cale un moment.

Je lève les yeux au ciel parce qu’elle est de moins en moins subtile et je n’ai pas le temps de réagir que déjà je me prends un second Ace qui la fait éclater de rire. Je lui tire la langue et me reconcentre pour enfin entrer dans la partie. Comme prévu, l’opposition qu’elle m’offre est de qualité et je suis obligé de puiser dans ma force brute pour réussir à conclure le point qui me donne la victoire alors qu’elle reste à terre après s’être jetée sans succès pour contrer le smash que j’ai balancé. Je fais le tour du filet et lui tends la main pour l’aider à se relever.

— Joli match, comme d’habitude. Et je ne dis pas ça pour te flatter, tu as un niveau incroyable.

— Je sais, je sais. Je t’ai laissé gagner pour flatter ton ego. Vous les hommes, vous avez besoin de vous sentir supérieurs après tout… Battu par une femme, ça t’aurait top fait mal, rit-elle en époussetant ses vêtements.

— Tu sais bien que je fais partie de ceux qui croient en l’égalité entre les sexes. Cela ne m’aurait pas dérangé plus que ça, même si j’avoue que mon esprit de compétition ne t’aurait jamais laissée gagner sans combattre. On se prend un verre après la douche ? Je t’invite pour te remercier de ce beau match.

Et pour continuer à la mater. Soyons clairs, elle est à tomber avec ses longues jambes musclées et ce top qui moule sa poitrine fine et menue mais bien proportionnée.

— Bien sûr, avec plaisir. A tout de suite, beau gosse !

Avec une énergie retrouvée, elle trottine vers les vestiaires et je la suis après avoir récupéré nos balles et rangé ma raquette dans son étui. Je file ensuite sous le jet d’eau tiède de la douche, j’en profite pour enlever toute la terre qui s’est glissée dans ma barbe et qui me donne, du fait de ses couleurs ocrées, comme j’aime à me l’imaginer, un petit air Viking. Lorsque je sors, vêtu de mon jogging, je surprends le regard appréciateur de Suzanne qui m’attend devant la porte. Elle-même a enfilé des jeans moulants et un petit top bleu marine avec plein de froufrous. Nous nous rendons au bar du club où nous nous installons près d’une fenêtre, dans un coin tranquille.

— Tu es sûre que tu ne veux pas te lancer dans la compétition officielle ? Tu as vraiment le niveau pour.

— Non, j’ai trop de choses à faire, pas le temps. Et puis, le tennis, c’est juste pour le plaisir, je ne veux pas me mettre de pression, j’en ai déjà suffisamment comme ça au quotidien.

J’attends que la jeune femme qui fait le service ait déposé nos boissons pour reprendre nos échanges. Je note avec amusement que Suzanne lui lance un regard noir quand elle surprend la petite jeune qui me mate.

— Tu crois qu’elle est majeure ? me moqué-je gentiment. Et c’est quoi, cette histoire de pression ? Ne me dis pas que ton père te partage ses histoires du boulot, quand même ?

— Si seulement il n’y avait que lui et ses histoires de boulot, soupire-t-elle. J’ai dîné chez mes parents hier soir, il n’a fait que parler de ça. Je crois qu’un “et toi, Suzi, comment ça se passe le travail ?”, c’est trop compliqué pour lui en ce moment. Mais bon, toi et lui, vous êtes un peu pareils, alors le travail de Suzanne, son envie de décrocher une promotion, on s’en fout.

— Tu t’es positionnée pour le poste de responsable marketing, finalement ? demandé-je, surpris. Tu avais dit que tu n’irais pas la dernière fois qu’on s’est vus.

— Eh bien, il faut croire que j’ai changé d’avis, mais la concurrence est rude, comme d’habitude… Et tout le monde se tire dans les pattes, je déteste ça.

— Vu comment tu sais tirer et smasher, je suis sûr que tu vas bien t’en sortir ! J’ai toute confiance en ton intelligence de jeu pour te montrer sous ton meilleur jour. Tu auras une réponse quand ?

— D’ici un mois. Autant te dire que ma petite promotion comparée au rachat de papa n’a pas grand poids aux repas de famille.

— En même temps, c’est un beau coup, vraiment. Je me demande comment il a fait pour convaincre le patron de Med’Com de vendre. J’espère qu’il n’a pas grillé toute sa fortune, sinon c’est clair que ta promotion va devenir primordiale pour finir les fins de mois.

— Il va récupérer de gros marchés. L’agence a beau ne pas être très grande, ils ont fidélisé leurs clients et ont une bonne réputation. L’argent va rentrer.

— Tu as toujours une telle confiance en lui, c’est admirable, souris-je. Quand est-ce que tu viens faire du marketing pour nous plutôt que dans ton entreprise américaine ?

— Jamais, je te l’ai déjà dit. Être “la fille de”, très peu pour moi. Jamais je ne pourrais faire mes preuves, j’aurais toujours des comptes à rendre sous prétexte que j’aurais eu ma place parce que j’ai le même nom que le grand patron. Et rendre des comptes à des nanas frustrées ou à des machos qui ont peur qu’une femme les surpasse, sans façon. Je suis très bien là où je suis.

Vu la façon dont elle pose la main sur la mienne et dont elle me regarde, j’ai l’impression qu’elle met un double sens à sa petite phrase et je lui réponds par un sourire qui fait briller ses yeux.

— Tu es bien où tu es, certes, mais peut-être que tu serais mieux dans un lit pour recevoir ton gage, non ?

— Jonas, soupire-t-elle, je t’ai déjà dit que tes histoires de gages n’étaient pas mon truc. Arrête de tourner autour du pot. Si tu veux qu’on s’envoie en l’air, dis-le clairement et on file chez moi.

— Mais je ne tourne pas autour du pot, je viens de t’inviter dans un lit ! Ce n’était pas assez clair ? Alors, oui, disons qu’une partie de jambes en l’air avec toi, ça me semble une bonne façon de continuer ce samedi qui a si bien commencé.

— Alors dis-le, bon sang ! C’est pas compliqué, si ? Répète après moi : Suzanne, j’ai envie de toi, sourit-elle en baladant ses doigts sur mon bras.

— Suzanne, j’ai envie de toi. Alors arrête de faire traîner les choses et filons chez toi !

Je me lève en l’entraînant avec moi et elle me met immédiatement la main aux fesses en riant. Je sais qu’il n’y aura jamais rien de sérieux entre nous mais pourquoi se refuser ce petit plaisir ? Nous sommes tous les deux libres et consentants et franchement, vu le corps qu’elle a, même s’il est un peu menu à mon goût, il n’y a rien à jeter. Je sens en plus qu’elle va avoir envie de prendre sa revanche sur le match de tennis que j’ai remporté en force. J’ai hâte de voir si elle va tenter d’imposer sa volonté au lit ou si elle va se montrer plus subtile et me laisser croire que je dirige les choses. Une seule façon de savoir, foncer chez elle pour lui en faire voir de toutes les couleurs !

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