27. Parfum de vacances

9 minutes de lecture

Jonas

Cette journée est constructive même si ma patience est mise à rude épreuve depuis le réveil. Et tout n’est pas la faute de Pénélope même si elle a fait fort ce matin. Lorsque je suis sorti de la douche, Madame n’a en effet rien trouvé de mieux que se déshabiller devant moi en disant que je l’avais, de toute façon, déjà vue nue, avant de prendre ma place dans la salle de bain. Et je me suis retrouvé comme un con devant sa nuisette sur le sol et sans comprendre son petit jeu. Avec une belle érection en prime. Quand elle est sortie, toujours nue, et qu’elle s’est habillée devant moi, j’ai pu constater qu’elle n’avait rien perdu des splendeurs de ses courbes de folie. Je ne comprends pas comment son mari a pu aller voir ailleurs. Entre son cul bombé, ses seins bien ronds et ses cuisses joliment galbées, franchement, j’ai dû me faire violence pour ne pas lui sauter dessus.

Ensuite, il a fallu affronter sa petite robe sexy toute la journée et je remercie les coutumes locales qui font qu’elle est obligée de se couvrir pour sortir, ce qui m’a au moins donné une petite pause. Mais au sein des bureaux de SP, cela ne semble pas être obligatoire et elle en a profité. J’avoue que ça a bien aidé pour amadouer les responsables avec qui nous avons passé la journée en réunion mais franchement, je n’ai pas réussi à me concentrer à cent pourcent avec elle à proximité. C’est encore pire qu’à la Défense où elle n’a jamais mis de tenue aussi provocante, mais je crois qu’elle a eu raison afin de négocier le contrat de manière avantageuse en plus de réfléchir à la stratégie.

Monsieur Bordalak vient de sortir de la salle de réunion et nous nous retrouvons tous les deux seuls pour la première fois de la journée.

— On a bien travaillé, bravo à toi, Nono. Tu as raison, tu as bien fait de venir, je n’aurais pas eu les mêmes résultats tout seul.

Je ne sais pas pourquoi je concède ce point. Je crois que c’est un peu parce qu’elle est vraiment trop séduisante avec sa robe légère plutôt échancrée, mais surtout par honnêteté. Elle a un vrai talent dans son travail et je suis bien obligé de le reconnaître maintenant que je l’ai expérimenté de manière approfondie toute la journée.

— Tu as pris un coup de chaud ? Tout va bien ? Un compliment de ta part, je suis à deux doigts de la syncope.

— Je sais reconnaître le travail, tu sais ? Et là, on a bien avancé pour Swan. Je crois aussi que tu as tapé dans l'œil de Monsieur Bordalak avec ton talent et ton professionnalisme. Et la tenue a aidé, à mon avis, continué-je en la détaillant une nouvelle fois.

— Les hommes sont tellement prévisibles… Un décolleté et on peut tout négocier. Je me demande comment il est possible que vous soyez encore au pouvoir un peu partout.

— La force physique brutale et méchante ? suggéré-je en finissant de ranger les dossiers. J’ai repéré un bar qui a l’air cool, cela te dit de décompresser à deux là-bas avant de rentrer à l’hôtel ?

— L’appât du pouvoir et l’ego surdimensionné vous poussent à l’autoritarisme et à la manipulation, surtout. Bref, va pour le bar, je crois que cette journée se fête, sourit-elle.

Je ne peux que répondre par un sourire à celui qu’elle m’adresse, visiblement ravie elle aussi de la journée que nous venons de passer. Elle enfile à nouveau un châle et nous prenons le taxi que nous a réservé la secrétaire à l’accueil. La ville est vraiment exceptionnelle, avec tous ces beaux bâtiments, cette richesse apparente et, au loin, le désert qu’on peut parfois deviner. Je n’avais jamais vu une telle ambiance nulle part ailleurs.

Lorsque nous arrivons devant le hall de l’immeuble où se situe le bar, je paie le taxi et nous pénétrons dans le bâtiment avant de patienter devant l’ascenseur.

— Tu vas voir, le bar est au dernier étage et la vue sur la ville est magnifique. Tout autour, c’est vitré et les tables sont installées sur une sorte de carrousel qui permet d’observer tous les angles sans bouger de sa place. J’espère que ça va te plaire. Les photos sur Internet donnaient envie en tout cas.

— Je vois, tu as repéré ton terrain de chasse alors ! Préviens-moi si je dois rentrer seule à l’hôtel, par contre.

— C’est juste un bar où tous les touristes passent, rien d’autre. Je ne suis pas en chasse, là, je suis avec ma collègue pour décompresser un peu.

Elle a le chic pour refroidir l’atmosphère, même si le fait qu’elle retire son châle amoindrit un peu l’effet de ses mots, surtout dans le petit espace de cet ascenseur qui nous fait monter à une allure supersonique. Et je suis content de voir l’expression de son visage s’éclairer lorsque les portes s’ouvrent sur le restaurant-bar où la réalité correspond entièrement à ce que j’ai vu sur le net. Alors qu’un maître d'hôtel arrive, elle l’ignore royalement pour se précipiter vers la fenêtre et admirer la vue. Elle a toujours été comme ça, à se moquer des conventions, et j’ai toujours aimé ce naturel. J’explique à l’employé qu’on va prendre une table pour deux avant de rejoindre Pénélope près de la fenêtre.

— La vue te plaît ?

— Oui, c’est vraiment magnifique. Bon plan, Johnny, merci pour la visite, s’extasie-t-elle en passant son bras sous le mien tandis que son regard navigue sur le paysage.

Je profite un instant de ce contact qui me rappelle tant de bons souvenirs avant de l’entraîner jusqu’à la table qui nous attend. La serveuse, une jeune femme métisse, arrive tout de suite et nous demande ce que nous voulons.

— Moi, je vais prendre un plat du jour en plus de l’apéritif. J’ai faim. Tu prends quoi, toi ?

— Je vais prendre la même chose. Quoique… le saumon grillé écossais me tente bien. Je vais plutôt partir sur ça, finalement. Merci.

— Un saumon écossais à Dubaï ? ris-je alors que la serveuse me demande ce que je vais boire. Tu sais à quoi ça me fait penser ? A un livre adapté en film après : Salmon Fishing in the Yemen. Je te le conseille si tu ne l’as pas lu ou vu !

Je réponds à la jeune métisse et lui souris avant qu’elle ne s’éloigne pour aller chercher notre commande mais reporte rapidement mon attention sur Pénélope qui observe le léger mouvement du restaurant qui tourne sur lui-même.

— Hum… Tu cherches à me détourner du travail ? Ça fait une éternité que je n’ai pas pris le temps de lire un bouquin, soupire-t-elle en reportant finalement son attention sur moi. Toujours du boulot par-dessus la tête et les seules soirées que je m’octroyais étaient consacrées à la musique ou à du babysitting.

— Non, c’est inutile de penser te détourner du travail, je crois. C’est juste un bon livre et un bon film. Après manger, si ça te dit, on pourra essayer le spa de l’hôtel. On est quand même dans un pays où le luxe est partout. On pourrait vite s’y habituer.

— Je vois que tu as déjà programmé toute notre soirée ! Va pour le Spa, je crois qu’on mérite un peu de détente après ces dernières semaines.

Je n’ai pas le temps de répondre car la serveuse est déjà de retour. Elle passe un peu trop de temps à poser les plats et cela m’agace, mais je reporte rapidement mon attention sur Pénélope qui me regarde, intriguée.

— C’est le fait que j’ai un peu préparé le voyage qui te questionne comme ça ? Tu devrais pourtant savoir que je me renseigne toujours avant d’aller quelque part.

— Je sais, impossible d’oublier ton côté control freak. C’était déjà flippant quand nous étions ados, ça ne l’est pas moins aujourd’hui et, comme à l’époque, ça me donne envie de te bousculer un peu.

— J’ai vieilli, c’est plus difficile de me bousculer désormais.

— Je vois ça. Pour draguer aussi, il te faut établir un planning ? Parce que la serveuse me semble bien réceptive et tu ne lui as accordé que peu d’attention. Ce saumon est un régal, tu veux goûter ou ça sort trop de ton cadre ? me demande-t-elle, le sourire aux lèvres, en tendant sa fourchette dans ma direction.

— Comment ça, elle est réceptive ? demandé-je en jetant un œil vers le bar où elle se tient et où effectivement, elle me lance une œillade appuyée que j’ignore. Je veux juste passer un peu de bon temps avec toi, ce soir et oui, je veux bien goûter, même si j’avoue que manger du saumon ici au milieu du désert, ça me fait bizarre.

— Eh bien, le plat me faisait envie. Qu’on soit ici ou en bord de mer, à la maison ou je ne sais où, si j’en ai envie, pourquoi m’en priver ? D’ailleurs, est-ce que tu vas te priver d’un bon dessert au chocolat sous prétexte que tu es à Dubaï ?

— Je ne parle pas de nous priver, je dis juste que ce pays est assez incroyable. Un désert immense et au milieu, une ville avec des gratte-ciel, des fontaines, des routes immenses… C’est déstabilisant mais ça montre que tout est possible quand il y a la volonté. Et je n’ai aucune volonté pour résister à un dessert au chocolat, surtout en charmante compagnie.

Je ne peux m’empêcher de lui adresser un sourire un peu charmeur alors qu’elle lève les yeux au ciel et rit de ce rire qui m’a apporté tant de joie par le passé avant la rupture qu’elle a provoquée.

— Il faut ajouter le chocolat à la liste des choses qui te feraient faire tout et n’importe quoi, toi. Je ne sais même pas si c’est en top position ou si la paire de seins le devance.

— Le chocolat sur les seins et c’est le paradis, ris-je. Et si on me demande de choisir entre les deux, le choix sera cornélien, mais je vais te confier un secret, je n’ai jamais été confronté à ce dilemme. J’ai de la chance dans ma vie, finalement.

— Petit veinard. Une paire de seins et du chocolat et tu es un homme comblé, rit-elle. Il ne te faut pas grand-chose, monsieur est resté simple.

— Et ce soir, j’ai tout ce qu’il me faut, ce voyage est une réussite, rétorqué-je en profitant de la vue qu’elle m’offre alors que son regard s’est à nouveau perdu sur l’extérieur où les lumières des autres gratte-ciel brillent dans la nuit.

Nous poursuivons le repas sur le même ton un peu badin et finalement, la soirée est très agréable. Nous finissons par rentrer à l’hôtel dans une atmosphère vraiment détendue, bien loin de ce que nous vivons à Paris. Aussi, je ne suis pas surpris que Pénélope accepte avec enthousiasme lorsque je renouvelle l’invitation à profiter du spa de l’hôtel. Un bref passage dans notre chambre pour enfiler nos maillots et nous descendons à l’étage où se situe la salle d’eau. L’ambiance est feutrée, les lumières sont tamisées et je nous commande un verre de champagne avant de la rejoindre dans le jacuzzi. Elle s’est accoudée sur le rebord et je m’empresse de me glisser à mon tour dans l’eau bouillonnante pour cacher le début d’érection qu’elle provoque chez moi.

— Tu vois, c’est bien les voyages d’affaires, n’est-ce pas ?

J’ai du mal à détacher mon regard de son corps qui est encore plus mis en valeur par son bikini que par la robe qu’elle portait juste avant. Je ne suis définitivement pas guéri et ça m’inquiète pour la suite. Avec cet attrait que je ressens toujours pour elle, je ne sais pas comment je vais faire pour me défendre si elle veut réellement prendre ma place à Swan. Elle est ma faiblesse et je m’en rends compte avec force alors que nous partageons ces moments qui me font trop penser à notre vie d’avant.

— C’est un peu le remake de nos vacances à la ferme, même si la piscine était plus grande et plus fraîche. Et que le champagne était remplacé par du jus de fruits ! Enfin, nous sommes plus tranquilles, Baptiste n’est pas dans les parages à faire la bombe, pouffe-t-elle avant de siroter une gorgée de sa coupe.

Oui, un remake version américaine d’une romance à la française. Sans le sexe mais avec plus de fric. Et j’avoue que ça me fait un petit pincement au cœur. Mais je m'efforce de le mettre de côté afin de profiter de l’instant, surtout quand elle se met à nager dans ce jacuzzi dont la taille est démesurée comme le pays où nous sommes et que je peux la mater sans risque de me faire surprendre. Je sens que mes rêves vont être peuplés de visions féériques d’elle, et même de pensées érotiques, si je veux être honnête. Vu que je ne veux pas revivre de coup d’arrêt comme elle l‘a fait par le passé, je vais m’en contenter, je crois, ce soir. Tirer mon coup, si c’est pour me retrouver au bord de la dépression pendant des mois après, j’ai donné et je ne veux plus le vivre. Alors, oui pour les fantasmes, non pour un retour vers le passé.

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