La nuit était tombée comme une massue dans les marais puants, endormant les hommes du convoi d'un même souffle. Même ceux dans la cage fermèrent leurs yeux comme si toute énergie leur avait été aspirée.

Isyl soupira en essayant de trouver une position parfaite pour se reposer, mais la voix cinglante de la marchande lui revenait sans cesse à l'esprit, un vent glacial qui la faisait frissonner. Elle se tortilla de nouveau, faisant grogner la seconde femme de la cage de fer. L'ondine lui lança un regard de côté pour croiser son visage blasé, et elle soupira de nouveau.

Le cliquetis d'une clé dans une serrure tendirent les deux esclaves, qui observèrent démunis la porte s'ouvrit ... sur Lukà, avec un sourire en coin, malicieux.

- Une petite balade ?

Les deux femmes s'entre-gardèrent avant de descendre avec leurs chaînes portés dans leurs bras, en étant aidé par la demi-drow, qui garda un peu plus longtemps l'ondine dans ses bras à sa descente. Isyl lui jeta un regard courroucée faisant s'écarter la marchande, interloquée.

Calmement, les trois femmes s'éloignèrent du campement pour s'approchait d'un point d'eau croupie où des mouvements à la surface ne rassurèrent guère les deux femmes enchaînées.

- Je peux me soulager dans les buissons ? Demanda l'elfe, d'un air timide, que ne reconnut pas Isyl.

- Va ! Répondit Lukà, en désignant un buisson non loin d'elles. Et évite de t'enfuir, il y a des crocodiles non loin.

L'elfe eut l'air encore plus terrorisé avant de s'engouffrer dans un buisson pour se soulager. Lukà se tourna vers l'ondine qui fixait l'étendue d'eau avec convoitise et crainte.

- Tu m'en veux pour cet après-midi, n'est-ce pas ? Demanda-t-elle. Je veux t'aider ... c'est même ma mission, mais il va falloir que tu sois patiente.

Isyl se tourna vers Lukà, en fronçant les sourcils incompréhension. Elle ouvrit la bouche, mais le referma en secouant la tête. Un silence s'installa entre elles, mais un cri le déchira venant du buisson, puis un bruit d'éclaboussure d'eau. Lukà sortit son épée de son fourreau et fonça vers les fourrés.

Isyl attendit de longues minutes, avec l'angoisse montant en elle, jusqu'à le buisson révéla de nouveau Lukà et l'elfe enchaînée accrochée au bras de la marchande avec un sourire rêveur en fixant cette dernière.

- Balade terminée, mesdemoiselles. Lança Lukà, en se dirigeant vers le chariot infernal. Bonne nuit. Dit-elle avant de fermer la porte derrière elle.

L'elfe soupira avant de faire un clin d'œil à Isyl, qui la trouva bizarre, et l'esclave s'endormit avec un grand sourire sous les yeux de l'ondine, perplexe.