Le Coup de Fusil
Histoire triste…
(Détonation)
- Je l’ai eu ?
- Je crois bien, oui.
- Belle pièce, hein ?
- Un lapin. Un beau lapin.
- Abattu du premier coup.
- C’est bizarre. Vous tirez en l’air. Un lapin.
- Oui, c’est étrange.
- Notez que moi, la chasse, je n’y connais rien.
- Pourtant, vous êtes venu avec votre fusil.
- Où ça ?
- Sous votre bras.
- C’est un étui à violon.
- Dedans, il y a bien un fusil.
- Mais non.
- Si j’avais un étui comme ça, j’y mettrais mon fusil.
- Vous n’avez pas d’étui à fusil ?
- J’ai un fusil, mais sans étui. Et vous ?
- Je n’ai pas de fusil.
- Passez-moi donc votre étui, j’y mettrai mon fusil.
- Nenni.
- Vous n’avez pas de fusil, votre étui ne sert à rien.
- Je n’ai pas de fusil, mais j’ai un violon.
- Moi je n’ai pas de violon, mais j’ai un fusil.
- Très drôle.
- Et où il est, ce violon ?
- Dans mon étui à violon.
- C’est pour ça que vous ne voulez pas me donner votre étui ?
- Je vous le passerais bien, mais il n’y a pas de place dedans.
- Il est gros, ce violon ?
- Il est de la taille de l’étui à violon.
- C’est dommage.
- Montrez-moi donc votre fusil, que je regarde. Tiens, à quoi ça sert, ces deux machins ?
(Détonation)
- Abruti ! Vous avez failli me tuer.
- Ça part tout seul, ces trucs-là.
- Ce ne sont pas des «trucs», mais des détentes.
- On appuie dessus avec ses doigts ?
- Avec un doigt. Et ça fait PAN !
- Et l’autre détente ?
- Elle fait PAN aussi.
- C’est bien monotone.
- Pas pour les pigeons. Ils n’ont pas le temps de s’y habituer.
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