It Was a Dark and Stormy Night
C’était une nuit noire et tempétueuse.
Ainsi commence ici le plus extraordinaire roman de tous les temps, depuis le paléolithique jusqu’à nos jours sans s’arrêter.
Un roman, ici, me rétorquera-t-on, en ces lieux consacrés au récit court, vif, concis et sombre ? Sombre ? Je retiens à deux mains l’objection : je confondais avec la nuit noire.
Encore qu’une nuit noire soit plus sombre que sombre, s’il s’agissait d’une nuit noire. S’agissait ? Pourquoi donc cet imparfait, alors qu’à peine à grand peine ce roman, ou récit, comme bon vous semblera, fait ses premiers pas hésitants et maladroits sur cette pas vierge ou presque, puisque déjà s’y aventurent quelques mots incertains de la marche à suivre.
Quoique. Suit-on une marche ? On l’enjambe d’un pied ferme. Oui mais. Est-ce le pied ou la jambe qui enjambe d’un pied ferme la marche à suivre ?
Je lis sur vos visages la difficulté à suivre ladite marche incertaine des mots qui défilent d’un pas hésitants sous vos yeux ébahis, circonspects, incrédules, au choix. Ce sont vos yeux, et non les miens, qui s’écarquillent face au cortège des mots qui forment ce discours.
J’ai dit discours ? C’était au départ un récit fier et décidé qui d’un bon pas foulait gaillardement ces pages grosses d’aventures potentiellement passionnantes, haletantes, j’en passe et de plus palpitantes.
Cet imparfait me désole : aucun récit ne foule quoi que ce soit en cet instant ?
Débuter une histoire à l’imparfait c’est l’avortement assuré.
Maudit soit l’imparfait.
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