C'était une silhouette dans la foule. Une comme les autres, peut être un peu plus discrète, un peu moins souriante, avec son histoire et sa vie qui se mélangaient à la musique et à la joie alentour. Ce n'était rien qu'une inconnue, une ombre qui dansait à quelques pas, sans que personne ne la remarque. Qui donc se soucirait de cette danseuse perdue dans la masse, avec qui on entamait une danse en riant avant de l'oublier pour une autre?

C'était une silhouette dans le noir, éclairée par les lumières et les spots, juste une anonyme venue danser pour oublier sa vie, ses problèmes, pour s'égayer un peu le temps d'une soirée. Rien d'important, rien de flagrant, rien de surprennant. Rien qui ne mérite un sourire, ou une place dans le coeur, rien qui n'attire les regards ou apparait dans les pensées. Finalement, ce n'était rien d'autre qu'une silhouette de plus dans la foule en délire.

C'est une silhouette qui se traîne lentement sur le pavé, une jeune fille au teint décoloré qui semble m'implorer du regard. Nous deux, sous la pluie, trempés, abattus, portant chacun un fardeau plus lourd à chaque instant.

C'est un choix, un poids, un pied de nez à l'existance, une vie abandonnée sous les nuages; une décision qui se prend en vitesse, quelques secondes de perdues à se demander si ce n'est pas une idée égoïste. Mais cela sonnait plus juste, ce soir-ci, que de la laisser là, à mourir dans le froid, quand bien même c'était elle qui l'avait décidé.

Alors je la soutient jusqu'à l'hopital, je la porte inconsciente aux médecins.

Et surtout, surtout, j'espère que le vie sera plus facile pour elle maintenant que la mort lui a fermé ses portes et ses illusions.