Chapitre 31 : Addiction.

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Vers vingt-trois-heures, les basses bombardaient déjà la boîte de nuit dans laquelle s’engouffrait Selim et Alex. Nombreuses furent les têtes qui se retournèrent à leur passage. Non pas parce que deux gamins s’invitaient à une fête à laquelle n’importe quel mineur aurait été recalé à l’entrée, mais bien parce qu’ils s’imposaient comme des invités de marques.

Tout en se faufilant vers le bar, le corps dansant de Selim évitait grâce à des vagues quelques filles enragées. Alex, plus rigide, chassa simplement des mains de son torse. Pour quelqu’un d’assez neutre, il avait les sourcils un peu trop foncé.


  • Tu veux quoi ? Je paye les premiers verres ! annonça Selim à l’oreille de son ami.
  • Vodka noire, répondit-il brièvement.
  • Pouah, dégueu ! Ce sera une bière pour moi !

Occupé à passer commande, il ne vit pas qu’Alex jetait des coups d’œils vifs à travers la salle sombre et colorés par les néons. S’adossant contre un des gros piliers circulaires qui s’articulaient autour du bar, et attendant patiemment sa boisson, il continuait sa recherche. Selim dû chasser les filles qui s’étaient agglutinés autour pour le servir.


  • Quel blaireau, il a tout renverser la première fois, bouda-t-il. Allez, santé mec ! lui tendit-il son verre pour trinquer.

D’un geste, ils vidèrent tout deux la moitié de leur verres et partagèrent un regard complice une fois le crime accompli.


  • Il n’y a vraiment qu’avec toi que je peux faire ce genre de trucs, rit Selim en se mettant sur la pointe des pieds pour qu’il puisse l’entendre.
  • Avec Sky et Loyd aussi…
  • Bien sûr, mais c’est pas la même poto !

Content, Alex passa gentiment sa main libre sur le dessus de sa tête et lui adressa un doux regard qui se transforma sévèrement en voyant une rousse passer à côté d’eux.


  • Ça va pas, mec ? lui demanda Selim qui se dandinait déjà.
  • Ouais, répondit-il en prenant une gorgée.
  • Tu n’as pas dit que t’avais un plan ? Si tu veux que je te laisse seul, parce que t’es gêné…

Il l’attrapa alors par le cou pour le punir de ses dires. Selim capitula immédiatement en tapant sur son avant-bras, quand ils se firent interrompre par une bousculade. Reprenant équilibre, ils se retournèrent pour offrir un visage énervé à celui qui avait osé les pousser.


  • Faye ! s’illumina le plus petit.
  • Heeeey, je suis trop contente de vous voir ! répondit-elle en débutant sa poignée de main habituelle avec Selim.

Les deux se donnaient un coup de hanche, puis se moquèrent de la réaction d’Alex. Gêné par leur comportement, il préféra cacher sa honte au fond de son verre. Par-dessus le gobelet, il jeta un regard sombre à Faye qui s’amusait déjà bien trop. Il ne savait pas s’il devait être rassuré qu’elle fasse comme si de rien état. Est-ce qu’elle était déjà sous drogue ? Il remettait en question sa bonne humeur. Enlaçant Selim dans ses bras, les deux s’enjaillaient sur la musique.


  • Vous venez danser au milieu ? s’écria-t-elle en encadrant la tête de mister Hodaïbi de sa poitrine.
  • Tu veux me tuer ou quoi ! s’exclama-t-il avant d’éclater de rire.
  • Allez ! Sur la piste ou je t’étouffe !
  • Malade, rit-il encore. Alex tu nous sers, puis on y va ?
  • Ça marche, fit-il péniblement en se dirigeant à son tour vers le comptoir.

La grande rousse leur fit un “ok” d’un geste et envoya un sourire malicieux au dos qui s’occupait à payer le barman, alors qu’elle rejoignait la foule. Attendant comme l’avait fait Alex, le plus petit d’entre eux s’amusait à sortir quelques pas simples de hiphop qu’il jugeait stylé. Il ne pensait plus à la dispute avec Nice, s’octroyant un moment en tête à tête avec la danse.

Les bières en main, le blond eut du mal à le rejoindre, le liquide menaçant de s’écraser au sol. Ils trinquèrent à nouveau.


  • Tu viens ?
  • Tu sais que je n’aime pas trop danser…
  • Oh allez, un mec sexy comme toi, gloussa-t-il. Comment tu vas choper ce soir sinon ?
  • Si tu crois que j’ai besoin de ça, rétorqua-t-il d’un air mesquin.
  • S’cusez moi, Monsieur Stein ! Si c’est pas trop demander je vais rejoindre Mademoiselle Fast, elle est bien plus marrante !

D’un clin d’œil, il s’avança en hâte sur la piste et la retrouva comme convenu. Si une potion de folie existait, il n’allait sans aucun doute que ces deux là devait en être les ingrédients. Alex les regarda d’un air impassible faire les fous. À l’intérieur, il pensait qu’ils pouvaient toujours courir pour qu’il fasse de même. Cependant, l’arrivée de Davis l’amena auprès d’eux. Selon les informations qu’ils avaient payées à Kyle, c’est lui qui fournissait cette drogue du bonheur à Faye. Alors, il se mouvait, proche de ce gars qui ne semblait rien avoir à se reprocher.


***

La soirée battait son plein et l’alcool faisant son effet, même Alex se laissa entraîner par la fougue de Selim. Ce dernier sautait dans tous les sens, chauffant la salle de ces plus beaux mouvements. Un cercle se créa autour de lui, alors qu’il essayait d’attirer son pote au milieu de celui-ci. Trop distrait et occupé à le repousser, Alex baissa sa garde et ne fit plus attention à Faye et Davis le temps de quelques secondes. Alors qu’ils dansaient collés serrés, le grand mec lui fit face pour lui tirer la langue. Il y avait sur celle-ci, une toute petite pilule à peine perceptible dans la pénombre. Souriant à pleines dents, Faye ne résista pas et l’attrapa pour l’embrasser, glissant discrètement un billet dans sa poche arrière. Le colis réceptionné, elle le poussa et se dandîna davantage. D’un air coquin, elle envoyait des signaux tels que les garçons autour la dévisageait avec envie. Ils savaient que la Richess était jeune, mais comment résister à une fille aussi belle et bien formée ? Sans compter son statut avantageux. Quelques-uns venaient et se faisaient recaler immédiatement, tandis que d’autres eurent le droit de partager une petite danse en sa compagnie.

Alex ne rigolait plus. Il sentit son pouls s’accélérer en la voyant se frotter à ces mecs. Selim n’y faisait même pas attention, trop occupé à faire le malin. Quand il le remarqua, ce fut pour constater que son meilleur ami avait également trouver de quoi s’amuser à cette petite fête. Les mains déposées sur la taille d’une fille qui passait, il l’accompagnait dans ces mouvements de hanches. Le nez plongé dans son cou, il croisa le regard de Faye en le remontant vers elle. Cette dernière le regarda froidement, avec dédain et s’appliqua davantage dans ses mouvements. Elle lui sourit mesquinement lorsqu’elle lui découvrit un semblant de colère.


  • Tu m’excuses, j’ai soif, chuchota-t-il à l’oreille de sa proie.

Quelques instants plus tard, il se retrouvait à nouveau au bar, le mec qui lui tendait sa boisson le regardant d’un air louche. Il sentait la rage montée en lui. Selim lui permis de redescendre.

  • T’as pris la bouteille carrément !
  • Je t’en ai pris une, fit-il en lui tendant une bière.
  • Mec, t’es trop gentil ! Dieu, cette soirée c’est le feu et Faye sérieux, pouah ! Elle m’étonnera toujours, fit-il en se trémoussant d’excitation. Et elle s’amuse bien à ce que je vois, ajouta-t-il d’un mouvement de tête.

Un grand gars, assez imposant, l’avait rejoint. Alex ne l’avait jamais vu, alors elle ne devait pas le connaître, mais leurs langues se rencontraient. Il se consumait à nouveau, ébouillanté par l’envie de casser la gueule à ce mec. Selim riait jusqu’à découvrir l’expression effrayante qu’il portait. En vue du regard noir qu’il lançait dans leur direction, il comprit que ce petit spectacle ne le faisait pas autant rire, et même pas du tout. Il ne l’avait jamais porter un tel masque. Ses traits se plissèrent davantage, quand de la taille, les mains du garçon passèrent sur ses fesses et remontaient dangereusement sur sa poitrine.


  • Putain…

Il étouffa son injure du flot d’alcool qui jaillissait de sa bouteille jusque dans sa gorge. De grands yeux ronds, Selim le regarda lancer sa bouteille au sol, éclatant en mille morceaux. Il se dirigeait déjà vers le “couple” d’une démarche assurée. Les garçons autour s’écartèrent. Profondément sombre et énervé, il le plongea dans celui de Faye qui perdit instantanément son sourire. L’autre gars sembla ne pas vouloir s’en détacher, mais qu’est-ce qu’il pouvait bien en avoir à foutre ? Il agrippa le poignet de Faye, ne la ménageant aucunement, pour la laisser tituber sur ses talons alors qu’il la traînait derrière lui. Pressé, il ouvrit la porte des toilettes communes et ordonna d’un geste aux deux filles qui pleuraient de déguerpir. Il la balança dans la pièce, fermant le loquet derrière lui. Personne ne pouvait plus rentrer, ils étaient seuls.

Faye releva le menton, tentant d’apparaître le plus fière possible, tandis qu’il la regardait de haut en bas. Il s’avança et la poussa légèrement au niveau de l’épaule, puis un peu plus fort, jusqu’à la coller contre le mur carrelé.


  • Alors comme ça tu veux t’amuser ? souffla-t-il au plus proche de ses lèvres qu’il le pouvait sans avoir à l’embrasser.

Il passa délicatement une main sur sa taille, puis dans son dos où il sentit une bosse. Yeux dans les yeux, Faye ne semblait plus aussi sûr d’elle et déglutit. Il faufila ses doigts au niveau de l’élastique pour en sortir un petit sachet en plastique. C’est donc là qu’elle cachait ces petites pilules colorées. Alex le contempla, rit malgré lui, et le brandit devant elle d’un air menaçant.


  • Ça, fit-il d’une voix rauque.

Il jeta violemment la marchandise à quelques centimètres de son visage pour qu’il s’écrase sur le mur derrière. Faye plissa les yeux, effrayée, et émit un cri d’horreur en voyant les petites billes colorées rouler contre le sol.


  • Quoi ? T’es tellement accro que ça ? Tellement accro que tu ne supportes pas la vision de tes médicaments porte bonheur…
  • Non ! s’écria-t-elle en tentant de les ramasser, mais Alex la bloqua en poussant sur ses épaules.
  • Vraiment, ça fait pitié...
  • La ferme ! J’ai payé pour ça !

Elle se tut quand il l’encadra, plaquant ses mains de part et d’autre de sa silhouette.

  • Pourquoi t’as besoin de te droguer, Faye ? Hein, dis-moi Qu’est-ce qui te plaît là-dedans ? Le fait que ce ne soit pas légal ? Que ça te détruise les neurones… C’est quoi que t’aimes dans cette saloperie ?

Elle n’arrivait pas à lui répondre, trop intimidée par sa présence. Il était trop proche, trop agressif.


  • Parce que si tu veux un truc interdit, de bon, commença-t-il doucement, qui te rendra accro à t’en faire pousser des ailes, alors prends-moi suggéra-t-il en caressant ses lèvres de son pouce.

Il releva son regard dans le sien. Il en disait long, brûlant à son contact. Alex recula de quelques pas et étendu ses bras.


  • Prend-moi plutôt que ces conneries !! PREND-MOI, FAYE ! Qu’est-ce qui t’en empêche, dis-moi ? Je suis tout ce que tu aimes, nan ? Je pourrais te faire autant de bien et autant de mal que cette putain de drogue…
  • Pff, fit-elle, si tu crois vraiment pouvoir changer en claquant des doigts…
  • Tu le sais, que je le peux, rit-il à son tour. Alors, t’en penses quoi ? C’est oui, ou alors tu as trop peur de tomber addict, comme tu l’es devenue avec ces merdes ?
  • Comme si, lâcha-t-elle enfin.
  • Tu veux essayer ?
  • Mais arrête ! J’ai aucune envie…
  • Tu vas pas me faire croire ça, la coupa-t-il en amenant son visage près du sien.
  • C’est pas… pas toi qui veux essayer plutôt ? retourna-t-elle la question.
  • Nan, ça ne dépend que de toi, ricana-t-il. Je vois, tant pis, ajouta-t-il alors qu’elle ne répondait pas.

Riant, il baissa la tête, puis se tourna doucement pour se diriger vers la porte. La main sur la poignée, il entendit ses talons claquer contre le sol et sentit sa chemise se tirer en arrière. Elle le retint de partir, lui jetant un regard de braise bien plus fort que ceux qu’elle avait pu offrir à ces enflures. Il la dévisagea de son air impassible habituel, attendant qu’elle fasse non plus le premier pas, mais le deuxième. D’un air désespéré, elle encadra son visage de ses belles longues mains et le supplia de ses grands yeux verts.


  • Tu vas me faire souffrir, hein ? demanda-t-elle d’une voix brisée.

Il sentit la chaleur grimper dans son corps, s’évaporer de ses oreilles rougeoyantes, à lui en faire perdre la raison. Elle atterrit contre le mur une nouvelle fois, les mains d’Alex s’accrochant fermement à ses hanches, tandis qu’il l’embrassait fougueusement. Il ne contrôlait plus cette envie de l’attraper, de la brusquer au point de lui décrocher des larmes. Fou et misérable, il mordit ses lèvres et reprit sa respiration pour contempler les marques rouges sur celles-ci. Il lécha la toute petite goutte de sang qu’il avait récolté au bout de son doigt et lui offrit son plus ténébreux regard.


  • Ouais.

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