La nouvelle meuf de mon père
Le vent souffle fort sur mon visage, emmêlant mes cheveux qui dépassent de mon casque. Ma moto avale les kilomètres à toute vitesse et je prends plaisir à slalomer entre les autres véhicules. Si je n'avais pas cette maudite mission sur les épaules et que je ne tenais pas autant à mon club, ça ferait longtemps que je serais partie faire un tour du monde en solo. Un éclair dans mon rétroviseur me ramène sur Terre et me rappelle que je ne suis pas seule pour ce travail qui ressemble à un suicide groupé. Je ralentis, laissant le temps au reste du groupe de me rejoindre pour recomposer notre formation.
Je suis road captain et vice-président et je ne dois pas l'oublier, même si la tentation est grande. Je suis là pour protéger les miens, assurer l'avant-garde ainsi que leurs arrières et non pas prendre la fuite en avant en les laissant derrière moi comme les pauvres petits moutons qu'ils sont la plupart du temps. Bien sûr, je ne vais me mettre à protester maintenant, mon père sera capable de me foutre une sacrée raclée pour désobéir maintenant alors que j'ai eu tout le temps que je voulais pour m'opposer à lui et à ce projet. Au même moment, mon casque vibre, signe d'un appel entrant. Pas besoin d'être un génie pour connaitre l'identité de mon correspondant.
– Bordel, Helly, arrête de faire ta tête de mule! Tu t'assures que tout se déroule au mieux et que la livraison se fasse sans problème. Compris?
– Ouais. Mais je maintiens que c'est une très mauvaise idée de s'allier à ces bâtards d'Anges.
– Ta gueule! Quand tu deviendras président, tu auras ton mot à dire. En attendant, tu la fermes et tu fais ce que je t'ordonne, sauf si tu veux une nouvelle correction.
Le souvenir de la dernière correction qu'il m'a donnée me traverse l'esprit, me tirant une grimace. C'était déjà il y a cinq ans et j'avais passé trois jours dans le coltard et un mois entier cloué au lit, le temps que mes os se ressoudent et que mes organes reprennent leur place normale. Tout ça parce que j'avais couché avec la brebis qu'il avait prévu de mettre dans son lit ce soir-là. C'est pas ma faute si j'ai une plus belle gueule que mon vieux et que les filles me préfèrent à lui.
– Helly, est-ce que tu as bien compris ou est-ce que ce crâne épais est incapable de se conformer à ce qu'on attend de lui?
– C'est bon. Tu sais que tu as mon soutien, même si tu sais ce que j'en pense.
– Je veux cette fille et cette alliance. Alors tu vas me la chercher et tu la cloues à mon lit s'il le faut.
Je grogne comme toute réponse et raccroche. Pauvre fille. À peine vingt ans et elle va se retrouver coincée avec un vieux de presque soixante balais dans son lit. C'est pas comme s'il espérait lui faire un gosse, cette fille est une rebelle. Dans la masse d'informations que j'ai trouvée sur elle, j'ai appris qu'elle avait un copain hors de son club et que son père l'avait descendu pour s'être trop approché de sa princesse sans son accord. Elle lui avait cassé la figure, à mon plus grand plaisir, pour toute vengeance. C'est une tigresse, cette nana et je sens que mon père aura du mal à la dompter et qu'elle lui ouvre les cuisses sans mordre ou griffer.
Arrivé devant l'aéroport avec quelques secondes d'avance sur le reste de la troupe, je m'arrête devant le terminal et observe le panneau d'affichage. Je suis au bon endroit et son avion vient de se poser, ça ne devrait pas être trop compliqué pour le sous-fifre agréé à sa sécurité entre chez son père et ici pour la conduire jusqu'à nous en bon état. Je regarde distraitement la foule qui arrive et qui repart dans un flot continu. Bordel, mais où est-ce qu'ils sont passés? Ils devraient être près de nous à cette heure! D'un hochement de tête, j'envoie deux de mes hommes les chercher et forcer le passage jusqu'au tarmac s'il le faut, j'en ai déjà marre de les attendre alors que leur appareil s'est posé il y a presque une demie-heure.
Soudain, de grands cris me sortent de mon état second et de mon ennui. Je me redresse et regarde vers la source de tout ce vacarme et devine les têtes de mes hommes et du sous-fifre. Cependant, ce ne sont pas eux qui crient, mais plutôt la petite femme qui se trouve entre eux. Grâce aux photos que j'ai vues dans son dossier, je sais que c'est notre colis. Un très joli colis avec un corps très bien roulé. Je me reprends en repensant aux conséquences si je venais à la baiser alors qu'elle doit appartenir à mon père. Je me rassieds et replace discrètement mon imposante érection en grommelant.
Après quelques hurlements indignés de plus, elle est enfin assez proche de moi que pour la détailler véritablement. Ses yeux gris ressemblent à deux perles froides et parfaites et ses cheveux roux tressés atteignent son magnifique petit popotin. Un demi-sourire étire mes lèvres et, sans faire attention à son regard noir, lui tends la main pour l'aider à grimper derrière moi sur ma Yamaha noire. C'est la première fois que je propose à une fille de monter sur mon bébé, ma bécane. Je n'avais prévu cet honneur qu'à ma régulière, cependant, aucune brebis ou femme rencontrée s'est montrée à la hauteur que pour le devenir un jour. Je suis du genre "je baise et ciao", plongeant rarement deux fois dans la même chatte. Elle m'insulte copieusement mais accepte mon aide. Ses formes affriolantes se collent à mon dos et je bande de plus belle. Putain, ça va pas être facile de la ramener et de rester loin d'elle! J'espère que Summer est chaude parce que je vais la baiser comme jamais en pensant à cette beauté toute en jambes et en courbes et toute la nuit s'il le faut!
Le trajet de retour jusqu'à la maison me semble plus long que d'habitude. Il faut dire que je roule plus lentement qu'usuellement, montrant à la beauté notre territoire. Je sens son petit menton pointu se caler sur mon épaule, ses lèvres a à peine quelques centimètres de mon oreille. Je bande comme un malade et serais capable de craquer dans mon pantalon comme un putain de puceau, n'arrangeant rien à mon humeur déjà massacrante en pensant que c'est mon père qui va partager son lit. Sans le vouloir, des images d'elle nue sous moi, hurlant mon nom en jouissant me brûlent le cerveau, aggravant mon problème sous la ceinture.
Enfin à la maison, mon père nous attend sur le pas de la porte, le reste du club dans son dos. Je pense à la mort de Maman, à des chatons écorchés, à tout ce qui me vient à l'esprit pour débander, ce qui fonctionne assez que pour me permettre de marcher correctement et non comme un canard. La petite s'accroche à ma main et un regard me suffit pour comprendre qu'elle panique à l'idée de se retrouver coincée avec mon paternel. Je lui fais un faible sourire d'encouragement et l'entraine vers la porte d'entrée. À quelques pas des marches du perron, elle s'arrête et freine des quatre fers, tirant d'autant plus fort sur ma main.
– Je ne veux pas du président actuel. Je veux le futur président. Et je ne m'abuse, il s'agit également du road captain et du vice-président. Il ne doit avoir qu'une vingtaine d'années. Je n'accepterai personne d'autre dans mon lit.
Oh putain! Je suis dans la merde jusqu'au cou. Je jette un rapide coup d'œil vers mon père qui tremble presque de rage. Tout le monde le retient alors qu'il se lance sur moi et mes hommes lui assurent que je ne lui ai rien fait de plus que lui montrer une partie du territoire lors du trajet à moto. Cependant, je connais assez le monstre qui nous dirige que pour savoir que je vais manger avec des pailles le reste de ma vie. Et puis elle, pourquoi elle balance un truc pareil devant l'ensemble du club? Elle reste de marbre et me fixe droit dans les yeux. Je ne sais pas ce que j'y lis. De la colère? Du désir? Je suis un homme mort. Avec une érection de malade, mais quand même mort.
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