17. Faire ses preuves
Jade
Je range mes outils et observe la serre avec un sourire satisfait. Ça valait le coup d’y passer deux heures, tout est nickel et j’ai pu récolter quelques produits pour les jours à venir. Je m’occuperai demain soir, après le boulot, de mes plantes médicinales dans la maison, j’ai mal au dos et aux genoux d’avoir jardiné aussi longtemps.
Quand j’entre dans la maison par la grande baie vitrée, je constate que Liz est en pleine préparation du repas. Nous sommes allées chercher des œufs à la ferme de Mathilde, du lait et du fromage, et l’envie d’une bonne omelette nous a prises toutes les deux. C’était presque viscéral.
— J’ai cueilli une courgette pour l’omelette, mais il y a aussi une salade verte si tu préfères ça plutôt que d’en mettre dans la préparation.
— Super, sourit-elle. Sacré panier, tu as la main verte.
Je dépose le panier sur le plan de travail et range ma cueillette au frais ou sous le plan de travail selon les fruits et légumes et leur maturité. Quand je me retourne, Liz tient la courgette dans sa main et l’observe avec attention. Est-ce que j’ai l’esprit vraiment mal placé ? Parce que la voir ainsi enlever le reste de terre sur ce légume à l’aspect phallique m’excite un peu trop. Et entre mes pensées dirigées sur elle et moi très occupées à nous faire du bien à l’aide de cette courgette, et celles qui incluent surtout Malcolm qui pourrait me faire oublier tous ces sextoys improvisés avec son corps, je dois avouer que ma libido fait un bond phénoménal.
— Je suis très douée de mes mains, que veux-tu, souris-je en lui prenant des mains le légume pour le rincer sous l’eau.
— Est-ce que tu as les idées mal placées quand tu me dis ça ? me demande-t-elle d’un air détaché.
Je me tourne dans sa direction en essuyant la courgette, le sourire aux lèvres. Possible, en effet. Toujours est-il qu’elle semble plus réceptive qu’agacée ou gênée. Et moi, après avoir été récemment refoulée par Malcolm comme une malpropre alors que j’étais mûre à souhait et prête à enfreindre la règle la plus importante de l’île, je suis frustrée et j’ai besoin de passer à autre chose. Et quelle meilleure solution que de profiter de Liz qui a l’air d’en avoir envie, elle aussi ? Je crois. Elle est un peu incertaine, j’avoue, mais la braise est allumée, il ne me reste plus qu’à souffler dessus pour l’embraser.
— Pas forcément, mais ça vaut aussi pour autre chose que le jardinage, ça, c’est sûr, souris-je en m’installant à côté d’elle pour l’aider à cuisiner.
Je pose ma main sur la sienne pour récupérer délicatement le couteau qu’elle tient, et hausse un sourcil en constatant qu’elle inspire lourdement. Très réceptive, ce soir… Bon sang, le pire, c’est que ça m’excite moins que ça ne le devrait. Pourquoi est-ce que je pense à Malcolm, là, tout de suite ?
Je me secoue et me reconnecte à l’instant présent. Surtout qu’on peut dire que Liz est tout sauf repoussante. Elle me fait envie et ce n’est pas nouveau. Surtout, ce ne sera pas un homme qui m’empêchera de profiter de la vie. Jamais. L’histoire de l’île, et de la planète, globalement, montre que les hommes ne sont pas bons pour les femmes. Des générations se sont passées d’hommes, ici, pourquoi est-ce que j’aurais besoin de lui pour mon plaisir ?
Liz me sourit, les pommettes légèrement rougies en observant mes mains, et le petit accroc à ma confiance en moi brutalement ressenti lorsque j’ai compris que Malcolm ne souhaitait pas pécher avec moi cicatrise en un rien de temps en la voyant passer sa langue sur ses lèvres. Je dépose le couteau et m’essuie les mains sur le torchon.
— Tu me crois sur parole ou je dois te le prouver ? lui demandé-je avec un sourire en coin.
— J’avoue qu’une petite démonstration par le geste ne me déplairait pas, Jade.
C’est un consentement, ça ? En tout cas, sa façon de prononcer mon prénom, de le susurrer de manière sensuelle, me plaît beaucoup. Presque autant que… Bon sang, tais-toi, foutu cerveau !
Mon sourire s’agrandit et je ne me fais pas prier plus longtemps. Je fais le pas supplémentaire qui me permet de coller mon corps contre le sien et pose mes mains sur ses hanches en approchant mes lèvres des siennes.
— Juste les mains, ou je te montre aussi que ma bouche peut être très efficace ? murmuré-je en glissant mes paumes sous le tissu de son tee-shirt pour caresser ses reins.
— Je crois qu’il faut que tu me montres tout, me répond-elle en faisant de même sous le mien pour empaumer mes seins.
Je fais passer son tee-shirt par-dessus sa tête sans attendre et le balance dans la pièce en la dévorant des yeux. Elle est vraiment magnifique, et ses petits tétons rosés tendus appellent à la luxure, me poussant à l’attirer dans le coin salon pour la coucher sur le canapé. Je me déshabille rapidement et la réprimande du regard lorsqu’elle pose ses mains sur l’attache de son short, ce qui la fait sourire. Je m’installe à genoux sur le canapé, entre ses jambes, et pose mes mains sur ses chevilles pour caresser sa peau et remonter lentement alors qu’elle m’observe faire. J’adore la voir se tortiller lorsqu’elles atteignent l’intérieur de ses cuisses charnues que j’embrasse sans jamais remonter davantage mes doigts. Je sens les siens glisser dans mes cheveux et son souffle se couper à nouveau quand mes lèvres se posent sur son bas-ventre, et j’entreprends la dernière phase d’effeuillage en ouvrant ce short qui me gêne grandement. Lorsqu’elle se retrouve enfin totalement nue sous mes yeux, mon impatience grimpe en flèche, et je ne tiens pas bien longtemps avant que mes lèvres ne passent de son ventre à son entrejambe humide dont l’odeur m’enivre instantanément. J’effleure son intimité encore et encore, écarte délicatement ses lèvres pour souffler sur son clitoris avant de le lécher avec délicatesse. Sa respiration se fait plus bruyante au fur et à mesure que je stimule le centre de son plaisir, et je ne rencontre aucune difficulté à insérer mon majeur en elle, rapidement rejoint par mon index. Premier vrai gémissement qui sort de sa bouche. Je la vois mordre sa main tandis que celle encore libre se pose sur ma tête pour m’inciter à continuer, et je ne me fais pas prier, c’est clair.
Liz est très expressive et j’adore ça. Je prends le temps de la déguster, de la mener à la limite de l’orgasme une fois, puis une seconde, et le grognement qu’elle pousse lorsque je m’arrête à nouveau me fait rire contre sa peau à présent trempée de ma salive autant que de son plaisir.
— Je t’ai dit que j’étais douée, je ne pense pas t’avoir promis d’orgasme, la provoqué-je en me redressant sur mes genoux.
— Embrasse-moi et montre-moi que tu sais aussi être gentille avec ta bouche, s’il te plaît, m’implore-t-elle en me tirant par les hanches.
Je me retiens au dossier du canapé en perdant l’équilibre pour éviter de lui tomber dessus brutalement, mais ne la frustre pas pour autant et l’embrasse avec fougue en frottant ma poitrine tendue contre la sienne. J’adore la sensation de nos tétons qui se frôlent, se caressent, alors que je sens ses mains agripper mes fesses et me presser contre elle. Mon sexe palpite d’envie tandis que nos langues jouent ensemble, que Liz cherche à prendre le dessus alors que j’ondule contre elle. Terriblement excitant.
Je la surprends en glissant à nouveau ma main entre nous et en la pénétrant à nouveau de mes doigts. Liz se cambre contre moi et j’utilise ma paume pour stimuler son clito tandis que je courbe mes doigts en elle pour la faire jouir. Je fais monter l’intensité petit à petit, sans lâcher cette divine bouche qui me donne follement envie de jouir sous ses assauts. Et quand, enfin, elle prononce mon nom dans un gémissement plaintif, je poursuis mes caresses sans m’arrêter alors que son intimité emprisonne mes doigts au rythme régulier de ses contractions. Liz est essoufflée, son corps est crispé sous le mien, ses yeux sont clos et ses mains enserrent mes hanches, et je ne flanche pas malgré mon avant-bras un peu douloureux sous l’effort, jusqu’à ce qu’elle pousse un cri dû à un second orgasme. Magnifique. Le deuxième est encore meilleur que le premier, du moins, pour ma part. Et si j’en crois son sourire satisfait lorsqu’elle rouvre enfin les yeux, elle serait d’accord avec moi.
— Alors, je surestime mes talents ou pas ? ris-je en me couchant à côté d’elle.
— Aucunement, soupire-t-elle. Il va falloir que je me montre à la hauteur maintenant, me susurre-t-elle à l’oreille avant de la mordiller et de glisser sa main entre mes jambes.
— Tu n’es pas obligée, je n’attendais rien en retour, soufflé-je.
Bon, OK, je dis ça par politesse, parce que clairement, sentir sa paume se poser là où elle pourrait grandement soulager le feu qui brûle en moi, ça me donne surtout envie qu’elle s’y attèle tout de suite, maintenant. Et c’est ce qu’elle fait, d’ailleurs. Elle ne me répond pas et me fait même taire d’un baiser avant que sa bouche ne descende dans mon cou. Je sens ses doigts glisser le long de ma vulve et son sourire contre ma peau appelle le mien. Evidemment que je suis excitée, comment ne pas l’être avec une telle femme nue contre soi ? Surtout qu’elle est très douée, elle aussi, impossible de le nier tandis qu’elle enflamme ma peau de ses baisers humides, joue de sa langue sur mes tétons devenus sensibles, enfonce ses doigts dans mon sexe trempé et se charge de stimuler mon bouton avec son pouce. J’ai follement envie de devenir vulgaire alors que le plaisir enfle en moi avec force, au lieu de quoi je ne retiens pas mes gémissements et ondule contre sa main habile.
Nous n’entendons que d’une oreille les coups frappés à la porte, et je lance un regard suppliant à Liz qui ralentit la cadence.
— N’y pense même pas, elles peuvent attendre, moi pas, l’imploré-je avant de l’embrasser.
Elle rit contre ma bouche et accentue ses mouvements entre mes cuisses, me faisant gémir à nouveau. J’attends la délivrance comme une affamée attend son repas, la jouissance comme une accro attendrait sa dose, presque excitée qu’on puisse nous entendre alors que des personnes sont derrière la porte. Et lorsqu’elle arrive enfin, je ne retiens pas le gémissement qui menaçait de sortir d’entre mes lèvres. Enfin… Depuis le temps que j’en avais envie.
Je redescends malgré tout brusquement en entendant une voix depuis l’extérieur, qui nous indique qu’il s’agit de la garde de l’île. Qu’est-ce qu’elles peuvent bien nous vouloir à cette heure ?
Liz me lance un regard interrogateur et je hausse les épaules avant de me lever. Je rassemble nos affaires et lui lance les siennes avant d’enfiler ma culotte et mon tee-shirt pour aller ouvrir alors que l’impatience est marquée par de nouveau coups sur la porte.
— Ça va, ça va, une minute, bougonné-je en ouvrant la porte, encore à moitié essoufflée. Jasmine ?
Merde, ça, c’est vraiment pas de chance… Ses beaux yeux bleus parcourent mon visage du regard et pas que, puis passent au-dessus de mon épaule. Elle observe en silence la pièce, et je grimace en voyant sa mâchoire se contracter.
— Je peux savoir ce qu’il se passe, là ? soufflé-je. Qu’est-ce que je peux faire pour vous ? Il y a une urgence quelque part ? Quelqu’un est malade ?
— Le Conseil se réunit demain pour décider du sort de la réfugiée, me répond-elle froidement. Tu as fini de t’amuser avec elle, c’est bon ? On va pouvoir l’emmener ?
— M’emmener ? s’étonne Liz dans mon dos.
— L’emmener ? Mais… pour quoi faire ? Elle peut s’y rendre demain, je… C’est quoi, cette histoire ?
— Ordre du Conseil et je crois qu’ils ont raison, persifle Jasmine en me regardant avec une pointe de méchanceté. S’ils décident de l’éliminer, il ne faut pas qu’elle puisse s’échapper ou profiter d’une aide interne à l’île. Ne t’inquiète pas pour ta chérie, on va bien s’occuper d’elle, on n’est pas des sauvages, quand même. Si tu peux un peu plus te rhabiller par contre, continue-t-elle en s’adressant à celle qui vient de me faire jouir, ce sera mieux. Il faut être présentable pour passer devant le Conseil.
J’ai rarement vu Jasmine aussi désagréable et froide, et je m’en veux qu’elle s’adresse comme ça à Liz qui n’a rien demandé et n’est en rien fautive. Pour autant, mon instinct bravache me fait comprendre que je ne suis pas prête de passer une nouvelle nuit avec la jolie garde, parce qu’avant même de réfléchir, je rétorque :
— Vous pouvez attendre cinq minutes, qu’on lui trouve une tenue pour le Conseil ? Et puis, on est à deux à un, elle me doit encore un orgasme.
— J’arrive, je vais chercher mes affaires, souffle derrière moi Liz, beaucoup moins à l’aise, avant de monter au premier.
— Franchement, si j’avais dû l’aider à partir, ou si elle avait voulu le faire, elle n’aurait pas attendu la veille du Conseil, c’est n’importe quoi.
— Je crois qu’ils veulent pouvoir lui faire faire un séjour dans la fabrique aux bébés, si tu veux tout savoir. Elle a le potentiel pour ramener de nouveaux gènes à tous les futurs petits que nous allons élever, une vraie richesse ! Dommage pour toi, tu risques de rester frustrée encore un moment.
— Donnez-nous une minute.
Je lui claque la porte au nez sans attendre de réponse en entendant Liz descendre les escaliers. La jolie blonde a l’air totalement dépitée, et j’avoue que je ne sais pas trop quoi lui dire pour la rassurer. C’est une vraie nouveauté qu’une étrangère se retrouve ici, qu’elle soit accueillie sur l’île…
— Tu es prête ? lui demandé-je en ramenant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Je… je suis sûre que ça va bien se passer.
— Je n’ai pas le choix de toute façon. Merci de ton hospitalité, Jade. J’espère que je vais vite pouvoir revenir te voir. Je t’en dois un, à ce qu’il parait, indique-t-elle en m’étreignant.
Je souris et la serre contre moi avant de l’embrasser délicatement. Sérieusement, le Conseil vient de m’agacer comme jamais. Aller lui faire passer la nuit je ne sais où pour qu’elle ne se barre pas, quelle idée ! On est sur une île, où pourrait-elle fuir ?
Liz souffle longuement et me fait signe d’ouvrir la porte. Je m’exécute et lance un regard d’incompréhension à Jasmine alors qu’elle la saisit par le bras pour l’attirer à l’extérieur de la maison.
— Jasmine ? l’interpellé-je en attrapant sa main pour l’empêcher de partir. Liz n’y est pour rien, juste pour rappel, pas la peine de t’acharner sur elle, c’est moi la fautive, même si techniquement, je te rappelle qu’on ne s’est rien promis, au contraire.
— Toi, tu ne m’as rien promis, en effet. Et je vois que tu ne penses qu’à t’amuser. En tout cas, je n’apprécie pas tes critiques voilées sur le Conseil. Tu sais bien qu’on va la traiter avec justesse, justice et honorabilité, non ? Et que la décision la plus écologique sera appliquée.
Je lève les yeux au ciel et rentre chez moi, totalement dépitée. Décision écologique, pourquoi pas, mais justesse ? Par rapport à quoi ? Est-ce que le recyclage, c’est juste, pour l’être humain ? J’en doute. J’espère vraiment que Liz va revenir vite et m’annoncer qu’elle reste, que tout roule, qu’ils lui ont donné un boulot, un appartement, et qu’elle fait partie de l’île. Parce que, franchement, si jamais je n’avais plus de nouvelles d’elle, si je ne sais pas ce qu’ils lui ont fait, quelle décision ils ont prise, ça risque vraiment de me faire vriller.
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