Chapitre 3

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Empoisonné. Quelqu’un avait empoisonné Eric, ce jeune homme orgueilleux que personne d’entre nous, vraisemblablement, ne connaissait il y a encore vingt-quatre heures. Le temps s’est figé sur notre groupe, glacé et palpable. Charlie avait les yeux exorbités et ses larmes coulaient sans qu’aucun son ne sorte de sa gorge. Marion pleurait aussi, serrant ses genoux contre sa poitrine de plus belle. Steve et David regardaient autour d’eux, aussi perdus que des enfants dans une forêt sombre. Bernie tremblait, triturant son talkie-walkie. Madeline restait immobile, une main sur sa bouche. Pour ma part, j’étais complètement abasourdi. Je n’arrivais pas à y croire. Quand et comment cela s’était-il produit ? Et surtout, qui avait fait ça ? Ca paraissait complètement dingue étant donné l'exiguïté de l’endroit où nous nous trouvions. Car cette personne était indéniablement parmi nous. Cela faisait à peu près douze heures que nous étions enfermés et il ne faut pas autant de temps pour mourir empoisonné au cyanure. Le cyanure est rapide, violent, sa morsure ne laisse pas de chance. A bien y réfléchir, ça avait dû se passer cette nuit. C’est le seul moment où le tueur avait pu tenter quelque chose sans être vu.

Évidemment, je n’étais pas le seul à être arrivé à cette conclusion. Dès que Luke a déclaré qu’Eric avait été empoisonné, il s’est dirigé vers sa femme, l’a pris dans ses bras et l’a emmené vers le coin le plus isolé de la cabine. Il nous regardait tous avec méfiance.

– Qu’est-ce qui vous prend ? a demandé Steve.

– Il faut vous faire un dessin ? C’est pourtant évident qu’il y a un assassin parmi nous !

– Q…Quoi !? a balbutié Bernie… Oh mon Dieu !

– Il a raison, ai-je dis. Si Eric a été empoisonné au cyanure, le meurtre a été commis cette nuit… Et l’un de nous l’a fait.

Un silence pesant s’est abattu sur nous. Seul le son du vent nous parvenait à travers la fine paroi de métal. Je me suis assis par terre, dans un coin. J’étais désespéré. Est-ce qu’on allait mourir ici ? Est-ce qu’une autre nuit allait tomber sur nous, donnant l’occasion à la mort de frapper à nouveau ?

Plutôt que de me laisser envahir par ces idées noires, j’ai réfléchi à ce qui nous arrivait. Quand j’étais petit, j’étais un véritable fan de romans policiers. J’ai lu toutes les œuvres de Sir Conan Doyle et d’Agatha Christie qui se trouvaient dans la bibliothèque de ma mère. Dans toutes les histoires où il était question de meurtre, l’enquêteur devait trouver la réponse à trois questions : « qui ?« , « comment ? » et « pourquoi ?« . Qui avait commis ce meurtre ? Comment s’y était prise cette personne pour commettre ce meurtre au nez et à la barbe des sept autres ? Et quel était son mobile, le pourquoi qui avait décidé ce geste fatal ?

J’ai regardé les personnes qui se trouvaient avec moi dans cette cabine en gardant ces trois questions en tête. Eric s’était montré un tantinet désagréable avec Steve, David, Luke, Charlie et, bien sûr, ce cher Bernie. Je ne voyais vraiment pas mon cousin capable de commettre un meurtre. Je l’avais vu essuyer d’autres insultes et humiliations bien plus graves sans broncher. Et puis c’est avec lui qu’Eric s’est montré le moins virulent. Par contre, il n’avait pas été tendre avec Steve et David, dont la virilité avait été remise en question. Et avec des jeunes paons dans leur genre, ça ne pardonne pas. Luke avait aussi peut-être mal pris que le Playboy lui manque de respect. Quant à Charlie, après avoir plané et cru au prince charmant, la chute avait dû être rude. On avait vu des femmes tuer celui qu’elles aimaient pour moins que ça. En même temps, il l’avait juste repoussée. Est-ce une raison valable pour tuer ? Je n’avais aucun indice à ce moment-là, mais personnellement, mes premiers « suspects » (voilà que je me prends pour Hercule Poirot) étaient Steve et David. Ils étaient ceux dont l’humiliation avait sans doute été la pire. Mais en y réfléchissant bien, pourquoi se seraient-ils promenés avec du cyanure ?? Comment se seraient-ils procuré le poison ? Je les regardais en me posant cette question. Steve buvait une boisson orange vif, de la même marque que Marion sirotait le jour avant. Ses yeux étaient vides de toute expression. David gardait la tête baissée. Si personne n’avait été là pour l’observer, je suis sûr qu’il aurait pleuré…

Mais je ne pouvais pas me fier uniquement à mes impressions… Je devais trouver des indices. Le problème, c’est que je ne pouvais pas tout bonnement demander à chacun de vider son sac. Je devais me montrer discret. Et la chose ne s’annonçait pas aisée.

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