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Une minute de lecture

Et l'on se laisse glisser sur les routes, on observe les paysages se recouvrir d'or et d'ocre. D'abord emprunter le chemin de tes souvenirs, Cadaqués, ses odeurs blanches d'amour, de bougainvilliers et de peinture, le temps ramolli par l'épaisseur de l'innocence, tout ce qui s'est joué avant la tempête de tes dix ans. Puis on regagne le chemin de la soif jusqu'à retrouver mes terres à moi, celles qui implorent lourdement les pluies. Ce qui défile sous nos yeux prend peu à peu le goût de la mort : des guerres, des déchirements, des renoncements. Ton Alfa Roméo roule à travers le sang versé dans l'été fumant, ce sang gorgé de la haine de mes ancêtres. La terre craque comme leurs os sous les roues insensibles.
J'ai les yeux dans les explosions de Grenade. Ca sent le feu, partout, le venin. Tu cours après moi pendant que je poursuis mes fantômes. Que suis-je venue cherche ici, avec toi, Tombeau ? Les routes de l'exil ne s'arpentent-elles pas seule ? Je hurle, je vocifère face à ce qui resurgit, me submerge. Putain, putain.

Tombeau : "Ca suffit ! Tu m'aboies, tu m'aboies, Abysse...!"

Abysse : "Je suis désolée, vois-tu, mais c'est ici que j'ai appris ce langage de chienne"

On rentre.

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