26 ~
C'est un grand soir. Un soir incertain, un soir de trouble et de croisements. Un soir décisif. Je prends ta main, Tombeau, et serre doucement tes doigts dans les miens. Puis je les noue un à un, avec délicatesse, au bout de ma laisse. Le comprends-tu ?
C'est la confiance que je t'accorde : être à présent celui qui décidera de ma vie. Tiens bon.
Tu m'embrasses, m'étreins longuement, allongé contre moi. "N'aie pas peur", tu murmures, en collant tes lèvres contre les miennes avec ardeur. Tu relèves mes cheveux d'une main, poses des doigts tendres dans mon cou, puis desserres avec soins mon collier, le déboucles. "Ne fais surtout pas ça...". Sourd à mes supplications, tu poursuis avec délicatesse, jusqu'à me le retirer complètement. Puis tu me serres de toutes tes forces et inspires à moi, tu le sais, peut-être une dernière fois. Ainsi me voilà libre. Libre de n'être définie par le regard d'aucun homme. C'est si soudain.
Je pleure.
Qui suis-je ? Qui serai-je ? Que voudrais-je devenir ? Tous les chemins s'offrent à moi. Et moi, et moi, effondrée sous le poids de mes larmes, je ne sais pas. Je ne sais pas.
Libre. Je suis libre. Et libre, je m'enfuis. Je te laisse le collier mais reprends mes souvenirs de pierre, prête à me noyer avec. Car maintenant que ton amour a versé ses rivières, Tombeau, sous moi il y a de l'eau, peut-être de quoi remplir un océan. Et moi, je n'avais rien su en voir avant. Excuse-moi.
Je t'aime, Tombeau, je pars,
pour ne plus te hurler.
Gracié,
tu peux sortir de l'arène,
aller panser tes blessures.
Je suis un combat
dont on ne sort pas indemne,
et j'en suis désolée.
Tu dis je t'aime,
ça me fait du mal mais tu as des choses à vivre alors va,
je te souhaite d'apprendre, Abysse, à retirer le soleil de tes danses.
Je ne veux pas tenir ta laisse,
moi j'aurais voulu nos deux libertés côte à côté,
par choix,
mais pour l'instant, c'est impossible.
Dernière étreinte.
Je pars.
Et tu pars aussi.
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