Chapitre 5

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Il y a quelques années, Aléna aurait été terrifiée face à ces cinq hommes armés, mais aujourd'hui, après avoir tant appris sur les moyens d'affaiblir quelqu'un grâce aux plantes, elle se sentait plus rassurée. D'autant plus qu'elle avait conservé la fiole qu'elle réservait à Amaury en cas de retournement de situation.

De son côté, les yeux d'Amaury passaient d'un brigand à l'autre en essayant de trouver son frère. 

" Il n'est pas là." murmura-t-il. " Il se peut qu'il s'agisse simplement de brigands des routes et non pas du groupe des hautois." 

Une manière simple de les identifier aurait été de regarder la couleur de leurs cheveux mais ils les cachaient sous d'imposants casques.

" Que voulez-vous !" cria Amaury haut et fort à l'intention des brigands.

" Seulement votre or et vos chevaux, rien de bien méchant." répondit le plus grand en s'avançant vers eux lame à la main.

Aléna posa la main sur l'encolure de sa monture: ils n'auront pas Figuier. 

« Connaissez vous Roland Fremel ? » insista Amaury.

« Donnez-nous votre or au lieu d’essayer de négocier. » cria l’homme. 

Et d’un commun accord, ils s’avancèrent tous les cinq vers les deux voyageurs. Ils couvrirent la distance rapidement et bientôt ils furent sur eux. À l’instar d’Aléna, le jeune hautois n’était pas effrayé, il sortit de la poche de sa cape une courte lame qu’il brandit devant lui. Aléna quant à elle avait récupéré la fiole contenant une poudre d’Alocasia. Elle fit bien attention à retenir sa respiration et lança la poudre au visage des trois premiers brigands. Ces derniers s’arrêtèrent surpris et puis très vite, des rougeurs apparurent sur leur peau. 

« Ça brûle ! » cria un des hommes pendant que les deux autres grattaient leurs visage recouvert de plaques rougeâtres.

Pendant ce temps, Amaury, descendu de son cheval, se battait vaillamment avec les deux autres adversaires. Ses pieds se mouvaient rapidement sur le sol sableux du chemin. Agilement, il contrecarrait les attaques et portait des coups stratégiques. Les deux hommes, bien qu’il furent plus plus nombreux, n'étaient pas aussi expérimentés que le jeune noble hautois, et très vite ils se fatiguèrent. Amaury porta un coup dans la cuisse de l’un qui tomba au sol puis du manche de sa lame, un frappa l’autre à la tête ce qui l’assuma. En sueur mais satisfait, il se retourna vers Aléna qui tenait les deux chevaux par là bride. A leurs pieds, les cinq hommes remontèrent vers les champs, cherchant à tout prix à calmer brûlures et blessures à l'abri des voyageurs.

« Où as-tu appris à te battre comme cela ? » demanda Aléna admirative.

« J’ai eu une éducation des plus complètes, j’ai appris à me battre avec un professeur particulier. » répondit-il en souriant.

Sa capuche était tombée pendant le combat et ses cheveux blonds plaqués sur son front par la sueur de l’effort luisaient au soleil. Ses yeux souriaient lorsqu’il attrapa sa monture, fier de son exploit.

Quant à elle, Aléna était confuse. C’était la première fois qu’elle blessait des hommes mais Madame Figue avait eu raison la première fois qu'elles s'étaient rencontrées: elle ne tremblait plus.

" Continuons notre route, nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir." dit Amaury en brisant le silence qui s'était installé.

Aléna acquiesça, il leur fallait arriver à la capitale avant la tombée de la nuit s'il voulait pouvoir passer les portes de la ville. 

Une fois les deux voyageurs remis en selle, ils continuèrent leur route vers le nord-ouest alors que le soleil commençait sa descente dans le ciel.

" Nous n'avons rien pu apprendre de cette attaque. Nous ne savons pas s'ils appartiennent à la même bande que Roland et nous ne savons rien de ce qui lui est arrivé." maugréa Amaury alors qu'ils traversaient un nouveau champ de tubercules. 

" Nous en apprendrons sûrement plus à la capitale." répondit Aléna sans savoir réellement si ce qu'elle disait était vrai.

Les paysages se succédèrent, toujours les mêmes champs et les mêmes pâturages jusqu'à ce qu'ils aperçurent les bordures de la ville. En premier, ils virent les fermes, de grandes bâtissent en bois de chêne provenant de la chênaie de Masse accompagnées d'une ou plusieurs granges. Les fermes, comparées à la bergerie dans laquelle ils avaient dormis, étaient gigantesques et bien plus richement construites. Ensuite, ils virent la muraille, un mur de pierre de quatre mètres de haut entourant l'intérieur de la ville. Les murs s'étendaient à l'est et à l'ouest sans qu'ils puissent vraiment déterminer où ils s'arrêtaient. Et puis enfin, ils aperçurent les toits de la demeure du haut-conseiller Livraux, surplombant la ville sur la Colline. Ce majestueux château de pierre composé de plusieurs tours s'élevait haut dans le ciel. Devant la grandeur de la capitale, Aléna eut un hoquet de surprise. Comment des hommes ont- ils pu construire une cité aussi grande. A côté d'elle, même Amaury semblait absorbé dans la contemplation de Château-Bas, lui qui avait tant étudié les grandes cité de la Plaine.

Ils firent trottiner les chevaux jusqu'à la grande porte de la muraille gardée par plusieurs gardes-muraille. Il se faisait déjà tard et le soleil était presque complètement descendu à l'horizon, les portes n'allaient pas tarder à se refermer pour la nuit.

" Que venez-vous faire à Château-Bas ?" demanda l'un des gardes. Il devait avoir la trentaine mais avec son visage vieilli par le soleil et par des cicatrices, Aléna lui en aurait donné beaucoup plus. 

" Ma sœur et moi venons rendre visite à notre famille de la capitale." répondit Amaury le plus naturellement possible. Il gardait toujours ses cheveux cachés derrière sa capuche et tant que les gardes ne s'approchaient pas d'un peu trop près, ils ne remarqueraient pas leurs différences.

" Et vous venez d'où ?" continua le garde-muraille.

" De Stagj. Au sud de Treseille." répondit le jeune hautois.

Le garde acquiesça et les laissa entrer sans poser plus de questions. Aléna pouvait enfin respirer : ils étaient dans la capitale. 

La cité était tout ce qu'Aléna n'aurait jamais pu imaginer. La première chose qui frappa la jeune fille fut que tout était blanc. Les pierres qui constituaient les bâtisses, les pavés des rues ou même les tuiles sur les toits était d'un blanc étincelant. Cette blancheur rendait la ville encore plus impressionnante car on devait presque plisser les yeux pour la découvrir pleinement. Et encore, Aléna ne s'imaginait pas ce à quoi la ville pouvait bien ressembler lorsque le soleil était à son zénith. La deuxième chose qui frappa Aléna fut que, même à cette heure tardive de la soirée, les rues étaient pleines de monde. Des citadins habillés avec des tissus somptueux de toutes les couleurs, contrastant fortement avec les vêtements grisâtres des deux arrivants. La cité était bruyante et colorée et cela ravissait Aléna, peu habituée, à une telle effusion de bonne humeur. Au contraire, Stagj était une ville qui semblait vouloir disparaître dans la discrétion et les murmures. Ici, beaucoup de bruits, de couleurs et de senteurs. Les cinq sens de la jeune fille semblaient s'être réveillés pour la première fois. À côté d'elle, Amaury semblait impressionné, il regardait de tous les côtés pour ne pas perdre une miette du spectacle.

La capitale était grandiose, il n'y avait pas d'autres mots, et Aléna avait hâte de visiter les moindre recoin de la ville. Mais ils avaient une mission qu'ils n'oubliaient pas: retrouver  Roland et découvrir pourquoi il avait quitté la Haute. 

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