Chapitre 8

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Château-Bas de jour était encore plus extraordinaire que ce qu’avait imaginé Aléna. La ville rayonnait de toute part, le soleil se reflétant sur les murs de pierre blanche des bâtiments. Ils sortirent de l’auberge, Amaury avec son chapeau et Aléna avec son vieux sac de toile contenant des herbes et des parchemins récupérés chez Hessle. Ils traversèrent rues et allées, découvrant des nouveaux étals de marchandises que l’on pouvait seulement admirer à Château-Bas, tel des bijoux en estain, un métal que l’on récupérait dans les mines proches de Douxsac. Alors que le soleil venait de se lever, les rues étaient déjà en effervescence et les deux voyageurs durent jouer des coudes pour se rapprocher de la Colline, au centre de la capitale. Sur ce promontoire de terre, se trouvait un grand bâtiment en pierre blanche, surplombé par des dizaines de tours de différentes tailles. C’était la demeure des hauts-conseillers depuis la chute des seigneurs et elle avait vu passer plusieurs générations de conseillers. 

La grande place devant la Colline s’étendait entre le Marché et l’Hôpital. Des centaines de personnes étaient rassemblées autour de la fontaine de pierre blanche laissant entrevoir un festival de couleurs. Soudain, un cri se fit entendre et la foule se fendit en deux. Amaury et Aléna qui se trouvaient sur la gauche furent écrasés entre le reste des passants. Il se redressèrent vite pour tenter d’apercevoir ce qui avait causé tant de chaos sur la place. Une calèche tirée par deux grands étalons pommelés venait d’arriver devant la Colline, les roues martelant le sol pavé.

« Faites place ! » cria quelqu’un.

Les citadins se rassemblèrent pour tenter d’apercevoir la personne qui sortait de la calèche. 

Amaury qui était bien plus grand essaya de décrire la scène à la jeune fille avant de la prendre sur ses larges épaules comme une petite fille. De là où elle était placée, Aléna voyait parfaitement la scène: une jeune femme d’une trentaine d’années venait de sortir entourée par trois gardes-château reconnaisable à leur uniformes rouges. La femme avait les cheveux châtains, presque blonds se qui dénotait fortement avec les cheveux sombres des femmes de la Basse. Elle ressemblait en fait aux habitants de la Haute.

« Blanche de Dauvert »murmura Amaury.

A la mention de ce nom, Aléna reconnut la femme qu’elle avait devant les yeux: la haute-conseillère de Terre Rouge, cette petite région de la Plaine qui avait tant été laissé à part dans les négociations. 

« Que vient-elle faire en Basse-Plaine ? » demanda Aléna en se penchant vers Amaury. 

« Je crois que Theobald Livraux a besoin de créer des alliances, la guerre s'enlise et Terre-Rouge ne restera pas neutre bien longtemps. 

C’était la première fois qu'Aléna voyait de ses yeux une haute-conseillère et lorsque Blanche de Dauvert s’avança vers la Colline où une délégation de conseillers l’attendaient, elles sentit la confiance émaner de sa personne. 

« Pourquoi Theobald Livraux n’est-il pas venu l’accueillir en personne ? » demanda Aléna 

« Il a sûrement peur des attaques, normalement il aurait envoyé son fils mais la situation doit être grave. » répondit le jeune hautois.

« Il a peut pour sa personne mais pas pour Dame Blanche ? » s'étonnait Aléna.

« Dame Blanche de Dauvert est aimée de tous en Basse -Plaine et puis sa région est neutre dans la guerre, ce serait un chaos diplomatique que de s’attaquer à sa personne, surtout en pleine rue. »

« Je ne trouve pas ça très logique » répliqua la jeune fille. « Si dame de Dauvert est venue négocier avec Livraux alors sa vie est mise en danger… »

« Je ne connais pas les réponses à toutes tes questions. Les conseillers sont venus l’accueillir c’est déjà très important. Éloignons-nous de la foule. »

Il l’attrapa par les hanches et la fit descendre de ses épaules pour la reposer délicatement sur le sol, ses petites bottines  claquant sur le sol pavé. 

Bientôt, la haute-conseillère de Terre-Rouge, accompagnée des conseillers de la Basse, commencèrent l’ascension des marches qui menaient à l’entrée de la demeure de Theobald Livraux. La foule se dispersa et chacun reprit ses activités. 

Aléna et Amaury s’éloignèrent en direction du Marché. Loin d’être un grand bâtiment, le Marché était une autre place où se regroupaient des dizaines d’étals de toutes sortes. Les sons, les couleurs et les senteurs submergèrent Aléna telle une vague. Amaury se dirigea vers une petite boutique qui vendait des pâtisseries fourrées au légumes d’été que l’on cultivait dans les fermes autour de Château-Bas. L’odeur de la nourriture leur donna l’eau à la bouche et Amaury n’hésita pas une seule seconde avant d’acheter deux de ses pâtisseries traditionnelles de la capitale. 

La bouche pleine de cette délicieuse nourriture, Aléna demanda à Amaury:

« Pourquoi le haut-conseiller de Montaux n’est-il pas venu aux négociations ? »

« Guilhem Presars est le chef d’une des plus grandes régions de la Plaine, il n’a pas besoin d’alliance et encore moins avec deux régions déjà en guerre. Terre-Rouge au contraire à besoin de la puissance de la Basse et de ses champs cultivables. 

La journée passa à toute allure, Aléna et Amaury se promenèrent dans les dédales de la ville. Aléna découvrit qu’aux heures les plus chaudes de la journée, les citadins se réfugiaient à l’intérieur pour se protéger des éclats trop forts du soleil sur les murs de la ville. Les deux voyageurs en profitèrent pour se promener seuls dans la ville, le visage protégé par leur lourde cape grise. Le soir venu, ils étaient épuisés et morts de faim mais, tels des enfants, ils ne voulaient pas quitter les ruelles de la cité pour retourner à l’auberge. 

« Que pense ta famille de ton départ ? » demanda Aléna lorsqu’ils furent sur le chemin du retour.

« Ils pensent que je suis à Montaux, à étudier la diplomatie avec un cousin éloigné. Mon frère leur a menti lui aussi, je suis le seul à avoir compris qu’il allait à Stagj et non pas à Montaux. Rentrons, il commence à faire sombre. »

Aléna comprit qu’elle ne devait pas insister sur ce sujet et marchant côte à côte, ils retrouvaient le chemin de l’auberge de Pierre-Rose. 

Edgar les attendait avec deux bols de bouillons chauds et des nouvelles importantes.

« Apparemment on a retrouvé un des coupables des attaques des marchandises. » murmura le jeune garçon lorsque les deux voyageurs furent assis face à la table.

Amaury se redressa précipitamment. Aléna sentait bien que le jeune hautois était inquiet pour son frère.

« Sait-on de qui il s’agit ? » demanda Amaury. 

« Aucune idée, il sera interrogé ce soir à Château et probablement pendu demain matin. »

Un silence s’installa quelques instants face à la nouvelle. Silence que Edgar brisa très vite, ne comprenant pas pourquoi un brigant pendu suscitait autant d’inquiétude:

« Apparemment Dame Blanche de Terre-Rouge est arrivée aujourd’hui à la capitale. Si nous arrivons à la rallier à notre cause, la Haute sera presque encerclée. »

Le visage d’Amaury se rembrunit encore plus. Les nouvelles ne s'annonçait pas bonnes pour la Haute. 

« Je crois que j’ai besoin de me reposer. » annonça-t-il en se levant. Nous verrons demain Edgar. Bonne nuit. Ne tarde pas trop Aléna. »

Puis il se leva et, la tête pleine de questions, il alla se coucher dans la chambre.

Le garçon de l’auberge haussa les épaules et s’éloigna servir les autres clients de l’auberge. Aléna resta seule avec son bouillon à réfléchir à tout ce que cela pouvait bien signifier.

Elle fut interrompue dans ses pensées par l'arrivée de Mélisande qui s’installa devant elle. 

« Bonne nouvelle, nous t’avons trouvé un travail sur la Colline. »

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