Chapitre 4

5 minutes de lecture

Aléna se réveilla en sursaut. La lumière aveuglante de la cuisine lui fit plisser les yeux. Que s'était-il donc passé ? A côté d’elle, Katya et Élise étaient toujours inconscientes mais aucun signe de Aude. S’était-elle faite enlevée ? Mais pour quelle raison ? Aléna secoua la tête, son esprit était embrumé et elle ne pouvait enlever le goût du poison dans la bouche. Du poison. Elle venait de se faire empoisonnée. Elle qui avait travaillé sur les plantes toxiques pendant des mois et des mois, elle venait de se faire empoisonner. Mais qui aurait bien pu faire une chose pareille ? Sa tête tournait, elle allait vomir. Un bruit sourd de se fit entendre dans les couloirs. Trois gardes-château déboulèrent dans la cuisine, leurs armes pointées droit vers elle. Derrière eux, se tenait un homme au visage pâle et aux longs cheveux bruns et ondulés qui tombait sur ses épaules. Il devait avoir une cinquantaine d'années mais de profondes marques de fatigue le vieillissaient de quelques années supplémentaires. Il portait une tenue rouge et or dont les fioritures indiquaient qu’il provenait d’une famille importante.

L’homme s’avança et vint se placer devant Aléna. Cette dernière se retint de paniquer et essaya de se redresser sur sa chaise. 

« Je crains que vous ne soyez la seule à qui je vais m’adresser au vu de l’état de vos camarades. » dit-il d’une voix douce. « Je suis Theobald Livraux, vous êtes nouvelle n’est ce pas ? » 

Aléna acquiesça lentement. Elle se trouvait en face du haut-conseiller et elle ne pouvait même pas se lever pour lui faire face. 

« Je crois que vous connaissez une certaine Aude qui travaillait ici. Que pouvez-vous nous dire d’elle ? » continua-t-il.

Aléna sursauta, qu’est ce que Aude pouvait bien avoir dans cette affaire ? 

« Je travaille avec elle depuis plusieurs semaines maintenant, nous n’étions pas très proche mais nous discutions de temps en temps… » murmura-t-elle sans vraiment savoir ce que le haut-conseiller attendait d’elle. 

« Vous n’êtes pas sans savoir qu'un ambassadeur de la Haute est venu me rendre visite aujourd’hui. Il s’avère que cet homme était en réalité un jeune homme appartenant au groupe criminel qui sillonne la Basse. »

Aléna retint un hoquet de surprise, elle qui pensait que la guerre allait s’arrêter avec l'arrivée de cet ambassadeur. 

« Je vais vous expliquer pour que vous y voyiez plus clair. » continua-t-il à son grand étonnement. Pourquoi lui racontait-il tout cela ? Allait-il l’emprisonner après lui avoir fourni tant d’informations ? 

« Aujourd’hui nous venons d’arrêter deux criminels: un certain Roland de Resort et Aude Lisère de la Haute. Tous les deux sont accusés d’avoir attenté à ma vie, à celle de mon fils, et à celle de mon peuple. Ils seront pendus demain aux aurores pour montrer aux Bassois que la région est forte et puissante. La Basse ne se laissera pas détruire par des espions de la Haute, par des nobliaux qui veulent à tout prix arrêter une guerre quitte à plonger un peuple entier dans le chaos. Je te reconnais Aléna Soretle, tu es une jeune fille de Buria et ce n’est pas une coiffure alambiquée et une robe bleue qui te cachera de qui tu es. » 

Aléna se redressa précipitamment de sa chaise. Elle n’avait pas entendu son nom depuis des années. Comment pouvait-il la reconnaître ? Comment savait-il qui elle était ? 

« Tu paraîs surprise. Tu as bien changé depuis des années mais ton visage reste le même. Ton père t’a cherché longtemps avant d’abandonner sa quête, princesse de Buria. »

C’est à ce moment-là qu'Aléna choisit de vomir sur les souliers de daim du haut-chancelier.

Aléna se réveilla dans un grand lit recouvert de coussins et de couvertures en laine. Sa tête tournait encore et des souvenirs de la veille surgirent dans sa mémoire. Elle avait rencontré le haut-chancelier Theobald Livraux. Et puis elle avait vomi sur ses bottes. Elle enfonça sa tête dans ses oreillers et retint un cri. Elle avait vomi sur les souliers du haut-chancelier ! Elle se redressa dans son lit et regarda la chambre dans laquelle elle se trouvait. La pièce ronde était grande et lumineuse et de nombreux tapis de fine laine tissée recouvraient le sol en pierre. Elle sortit du lit pour observer par la fenêtre, la vue était époustouflante. La pièce où elle se trouvait était dans une des tours de la demeure du haut-conseiller.

Quelques coups sur la porte la firent sursauter. Elle attrapa une tunique rose pâle qui était posée sur un fauteuil et alla ouvrir la porte. Dans l’embrasure se tenait Theobald Livraux avec un plateau rempli de nourriture. Aléna ne savait plus où se mettre. Elle qui avait vécu une grande partie de sa vie comme une simple jeune fille, voilà que le haut-conseiller de la Basse la traitait comme une princesse.

 « Je peux entrer ? » demanda -t-il.

La jeune fille acquiesça précipitamment et se déplaça pour le laisser entrer. Il déposa le plateau sur la petite table en bois et prit une chaise pour s'asseoir. D’un geste de la main, il l’invita à se poser sur son lit. La discussion s’annonçait longue. 

« Aléna, tu dois sûrement te demander ce qu’il se passe. Aude devait être ton amie. Elle et son complice ont été pendus ce matin. »

Les yeux d'Aléna s’écarquillèrent, comment allait-elle annoncer la mort de son frère à Amaury ? Si elle le revoit un jour…

Le haut-conseiller continua: 

« Ils faisaient partie d’un groupe de brigands venus de la Haute pour semer la pagaille. Leur but était louable, arrêter la guerre, mais leurs actions ne l'étaient pas. Et ces tentatives d’assassinat dirigées vers mon fils, puis vers ma personne. Ça, je ne le pardonnerais pas. »

« Je crois avoir croisé celui qui s’est fait passé pour l’ambassadeur à Stagj, savez vous pourquoi il est passé par cette ville ? » demanda Aléna d’une toute petite voix. 

Elle devait savoir pourquoi Roland avait assassiné Madame Figue.

« Ah Stagj, j’y suis passé quelques fois lors de mes nombreux voyages. La ville est réputée pour ses fameux brigands, rien de tel pour apprendre l’art des poisons par exemple. » 

Aléna eut l’impression que cette phrase lui était adressée personnellement et elle se fit toute petite dans son lit. Mais Theobald Livraux ne savait rien de son passé et en réalité, il évoquait surtout celui de Madame Figue, qui avait autrefois travaillé pour son père.

« Mais pourquoi tenter de vous assassiner ? » demanda t-elle 

« Ma mort, et surtout celle de mon fils, mettrait la Basse dans un chaos total. Vous connaissez sûrement l’histoire des haut-seigneurs ? Ils dirigeaient la Plaine d’une main de fer et seule la famine et les pleurs subsistent dans les régions. Nous ne voulons pas d’une nouvelle ère identique. C’est pour cela que dame Blanche de Terre-Rouge a décidé de s’allier à moi contre la Haute. »

« Mais les hautois sont des gens eux aussi, ils ne veulent pas de cette guerre ! » s’écria Aléna qui voulait défendre la terre de son ami. 

« Je sais cela mon enfant. Mais parfois il faut la guerre pour trouver la paix. » Il se redressa, prêt à partir. Avant d’ouvrir la porte, il se retourna vers elle:

« J’ai une requête à vous faire, si vous l'acceptez. Pourriez-vous retrouver mon fils ? »

« Votre fils ? Neven Livraux ? Vous ne savez donc pas où il se trouve ? » s’exclama Aléna.

« Je lui ai demandé de se cacher. Ce bougre à réussi sa mission. Maintenant, il s’agit pour lui de rentrer à la maison. » murmura t-il  en soupirant.

Aléna se redressa de son lit et vint se placer devant le haut-conseiller. 

« Je retrouverais votre fils, ne vous inquiétez pas. »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Cly ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0