Chapitre 6

6 minutes de lecture

Aléna n'aurait jamais imaginé un jour sortir par la porte principale de la demeure du haut-conseiller Livraux. Elle descendit les nombreuses marches qui menaient jusqu'à la place en se remémorant les évènements de ces derniers jours. De cuisinière, à suspecte, à invitée, elle en avait vu de toutes les couleurs. Elle n’arrivait pas à se rendre compte de tout ce qui lui était arrivé. Durant ces derniers jours, elle avait beaucoup discuté avec le haut-conseiller. De son passé à Buria, de la guerre, de la Basse et il l’avait épaulé et soutenu comme elle aurait aimé que son père le fasse. Princesse de Buria ? Elle se sentait fille de la Plaine jusqu’à l’os. Avant de la quitter, Sir Livraux lui avait confié des vivres et des conseils pour retrouver son fils. 

« Comment saurais-je où il se cache ? La Plaine est si grande ? »

« Je suis désolé de te confier cette tâche. Mais je n’ai plus confiance au gens de la cité. »

« Pensez vous qu’il puisse se cacher en Terre-Rouge ? Ou à Montaux ? »

« C’est une possibilité… Je me rends compte à quel point la mission que je te confie est impossible. peut-être vaut-il mieux que j’attende qu’il rentre par lui-même… »

« Non, non ne vous en faites pas je vais essayer. C’est le moins que je puisse faire… Mais d’abord, il y a quelqu’un que je dois retrouver en ville. Il pourra m’aider à retrouver votre fils. »

« Faites faites jeune enfant. Si vous lui avez donné votre confiance, alors je la lui donne aussi. »

Maintenant qu'Aléna se retrouvait seule dans la capitale, elle se rendait compte de la tâche qui lui avait été confiée. Il lui fallait l’aide d’Amaury et pour cela, elle devait retourner à l’auberge de Pierre Rose. 

Il ne fut pas difficile pour la jeune fille de retrouver son chemin à travers la ville, c’était comme si les habitants se décidaient à son approche. Les citadins devaient être terrifiés des récents événements qui se sont produits dans la capitale. Étaient-ils au courant de la tentative d’assassinat du haut-conseiller ? Seraient-ils prêts à l’aider à retrouver Neven ou devait-elle tous les considérer comme des espions à la solde des brigands hautois ? 

L’auberge était exactement comme dans son souvenir, la grande pièce éclairée par une multitude de bougies, les clients qui buvaient leur soupe ou l’Alcuve, un alcool fort en provenance de Terre-Rouge et puis Edgar, qui se tenait d’adossé à l’escalier, comme s’il l’attendait.

« Ah, tu es venue récupérer ton cheval ! » s’écria le jeune garçon.

« Amaury est-il dans la chambre ? » demanda-t-elle un peu confuse.

« Tu ne sais pas ? Ton frère est parti depuis des jours. Il a prit sa monture et pouf, disparu ! » 

Aléna ne comprenait plus rien: Amaury, parti ? Mais parti ou ? Et pourquoi ne l’avait -il pas prévenue ? 

« A-t-il laissé un message pour moi ? » demanda-t-elle d’une toute petite voix. 

« Rien du tout. Il a laissé quelques écus, bien plus que ce qu’il nous devait et il est parti. C’est grâce à ces écus que nous n’avons pas vendu ton cheval. Désolé mais nous ne savions pas quand tu reviendrais. »

Aléna réfléchissait à toute allure, si Amaury était parti si précipitamment c’est qu’il devait lui être arrivé quelque chose. peut-être avait-on découvert qu’il était hautois ? peut-être l’avait-on pris pour un des brigands ? Elle remercia Edgar, la tête dans ses pensées et alla retrouver Figuier aux écuries de l’auberge.

Son jeune hongre hennit lorsqu’elle entra dans le bâtiment et se mit à pleurer. Elle se retrouvait seule. Une fois de plus, elle se retrouvait seule. Madame Figue, Rudrick Hessle, Amaury, tous étaient partis. Elle ne pouvait compter que sur elle-même pour retrouver le fils du haut-conseiller. Elle ne pouvait même pas chercher Amaury car sa mission était plus importante. Elle espérait que le jeune hautois s’en était sorti. 

Après avoir sellé Figuier, elle retourna dans l’auberge et mit quelques écus dans la main d’Edgar. Ces écus que lui avait donné Theobald Livraux pour le voyage. Devant son air complément étonné, elle éclata de rire:

 « Merci de t’être occupé de Figuier. » 

Le jeune garçon rougit jusqu'aux oreilles et s’enfuit dans l'escalier, ce qui fit rire Aléna de plus belle. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas ri. Elle se remémora les discussions joyeuses entre Katya, Élise et Aude et se rembrunit. Qui aurait pu imaginer qu’Aude était en réalité une espionne et criminelle hautoise.  

Il lui fut plus difficile de sortir de la ville que la fois où elle y était entrée. Les mesures de sécurité s’étaient compliquées depuis la tentative d’empoisonnement de Théobald Livraux. Les gardes s'arrêtèrent et, sans prononcer une parole, elle leur tendit le laisser passer que lui avait donné le haut-conseillée avant de partir. La tête cachée sous une cape malgré la chaleur étouffante, elle se devait de garder son identité secrète. Les gardes-muraille la laissèrent passer d’un signe de tête et en quelques minutes, elle était dehors. 

Comment allait-elle trouver Neven ? Elle n’avait aucune piste, aucun indice. Il pourrait être n’importe où dans la Plaine, caché dans une vieille bergerie. Face à l’étendue de la vallée qui s’étendait face à elle, elle se sentait complètement perdue. Il lui fallait un plan, et vite. 

Elle fit avancer Figuier sans réel but pendant des heures qui lui parurent interminable. Elle se rendit compte bien plus tard qu’elle se dirigeait vers Stagj, vers le centre de la Basse. Elle voulait revoir Monsieur Saucevinarde, la maison de madame Figue, tout son passé. Cela l’aurait bien arrangé si Neven s’était caché dans cette ville qu’elle voulait tant revoir. 

C’est alors qu’elle croisa le chemin d’une troupe de voyageurs qui arrivaient en face d’elle sur le petit chemin de terre.

« Et bien vous êtes toute seule ? » demanda l’une des voyageuses en s’adressant à Aléna. Devant elle se trouvaient cinq cavaliers vêtus de capes grises et noires dénotant avec ses vêtements colorés provenant de Château-Bas. Sans avoir prononcé une parole, tous devaient savoir qu’elle arrivait de la capitale.

La jeune fille ne savait pas si elle devait se confier à ces étrangers ou continuer sa route seule. Mais en réalité, elle n’avait pas le choix. Elle avait besoin d’aide pour accomplir sa mission car seule elle n’y arriverait pas. 

« Je me nomme Aléna, puis-je me joindre à vous pour votre voyage. » demanda -t’elle de but en blanc.

La femme en face d’elle, qui semblait être la meneuse du petit groupe s’esclaffa. 

« Mais tu ne sais pas où nous allons jeune Aléna ! »

« Et où allez vous ? » demanda la jeune fille.

« Caprise au nord de Montaux. » répondit la femme avec un sourire.

« C’est parfait, je voulais y aller aussi ! » s’exclama Aléna. 

Cette fois ci ce fut le groupe en entier qui éclata de rire. Bien que le rire ne sembla pas moqueur, Aléna se surprit se sentir honteuse. Peut-être avait-elle dit quelque chose de travers.

« Et bien nous accueillons une nouvelle dans notre petit groupe, Aléna des routes ! »

Et aussi rapidement que cela, Aléna avait trouvé des compagnons de route et un but. Elle ira à Montaux et là-bas, elle cherchera Neven. Si ses recherches ne réussissaient pas, elle retournerait en Basse-Plaine. 

Elle fit donc demi-tour et suivit le groupe vers le nord-ouest.

Le petit groupe qu’elle avait rejoint se composait de cinq personnes. Agnès, la femme qui lui avait adressé la parole et qui venait de Dous-sac, son mari dont Aléna n’avait pas pu entendre le nom tant il murmurait dans sa barbe qu’il avait d’ailleurs très longue. Clothilde et Adélaïde, deux sœurs de Terre-Rouge qui voulaient voyager et enfin, une jeune homme de son âge du nom de Louis qui venait de Montaux et rentrait chez lui.

Aléna fut surprise de la vitesse à laquelle ils s’acceptèrent tous dans leur petit groupe. Peut-être était-ce parce qu’ils étaient tous des voyageurs ? Peut-être parce qu’elle était jeune ? Elle n’avait pas la réponse à toutes ces questions mais elle se sentait beaucoup plus en sécurité que seule dans la Basse. Elle ressentait cette même chaleur que lorsqu’elle avait rencontré Amaury, Élise ou même Theobald Livraux. 

C’est ainsi que le petit groupe de voyageurs se dirigèrent à pas lent vers Montaux.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Cly ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0