Prologue
— Noooon ! Non! Non! Ce n'est pas du tout ce que je vous avais demandé enfiiiiiin !!!
— Oui, je sais bien que ça ne répond pas à tous les critères. Mais la vérité c'est que…
La vérité c'est que j'ai super mal à la tête et que votre voix m'agace au plus haut point
— Pas de ''mais'' ! Écrivez-moi ce que je vous ai demandé.
Sur ce, l'impitoyable Edith Chaomskanovitch (ou Tchahoskanovirtz ? Pff aucune idée…) me raccrocha au nez. Mon éditrice bien-aimée était connue pour son fort caractère et sa très grande exigence, qualités qui m'avaient d'ailleurs convaincue de signer avec sa maison d'édition. Il y a deux ans, je m' étais trompée d'amphithéâtre. Au lieu de la conférence sur '' Le traitement du double et de l'autre chez Borges'', je me retrouvai donc à assister à un stage d'écriture pour jeunes auteurs . J'avais mis plus de quarante minutes à comprendre que je m'étais gourée de bâtiment...
Je sais ce que vous allez me dire: j'aurais pu m'en rendre compte plus tôt !
Mais pour ma défense:
- je m'étais levée avec vingt minutes de retard
- je ne retrouvais plus ma dissert' sur les nouvelles de Cortazar
- j'ai dû y aller à pied parce que ma soeur ne m'avait pas attendue
Alors, autant vous dire que tout ça + ma nature tête en l'air = journée de mer-credi ;)
Pourtant, croyez-moi quand je vous dis que le hasard fait parfois bien les choses. À la fin du stage, une dame aux cheveux blancs attachés en chignon m'accosta, me fixant derrière de grosses lunettes mauves. Edith avait failli me briser les tympans avec sa voix aigue mais je me souvenais mot pour mot de ce qu'elle m'avait dit.
— Mon Dieuuuu ! Le moins qu'on puisse diiire c'est que vous avez énormément d'imagination, Mademoiselle Pygmalion. Prometteur, tout cela ! Que diriez-vous de travailler avec moi ?
Sept mois plus tard, toute son équipe m'aidait à publier mon premier recueil de nouvelles.
Mais là, alors que le bip incessant du téléphone fixe résonnait dans ma tête, je me demandais si le hasard ne s'était pas un peu fichu de moi.
Mon éditrice savait très bien que ce que j'écrivais, c'était du fantastique. Là où la fiction et la réalité s'éntremêlent. Et malgré tout, elle avait exigé que j'écrive… attendez-vous bien… une ROMANCE ! Je vous passe les détails de ma réaction.
Moi ? Écrire une romance ? Mais je n'y connais strictement rien. Nada de nada ! Edith, vous êtes sûre que vous allez bien, là ?
Selon elle, pour une ''écrivaine en heeerbe'', il s'agissait d'une experience plus qu'enrichissante. Et s'attaquer à ce genre était le moyen d'accroître encore davantage ma notoriété. Son chiffre d'affaire plutôt...
C'est un défi comme un autre me direz-vous. Certes. Mais je ne pouvais penser qu'à une seule chose:
POURQUOI MOI ?!!!
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