6.
Une fois par semaine, quelques personnes du quartier organisaient une soirée ''danse en plein air'' sous le grand kiosque du parc. Jules et moi étions assis sur un banc, à écouter le mini-orchestre et à regarder les gens danser.
— Tu sais jouer du saxophone ?
— Oui, j'ai appris pendant mes études supérieures. Je ne suis pas spécialement doué mais j'adore en jouer.
— J'aurais aimé savoir en jouer, dis-je en souriant. J'ai pris des leçons de piano étant petite mais je suis vraiment nulle. Donc, pour le saxophone, on repassera !
Jules se leva et vint se poster devant moi, en me tendant la main :
— Je veux bien t'apprendre, à une condition…
Perplexe et légèrement inquiète, je le fixais tandis qu'il continuait :
—… que tu danses avec moi.
— Quoi ? Non ! Je préfère rester içi. Tu sais, je n'aime pas vraiment danser, encore moins en public…Mais toi vas-y ! Je t'attends, bafoullai-je en mettant mes mains entre mes cuisses pour éviter qu'il ne les prenne.
Jules s'accroupit, son visage se retrouvant ainsi au niveau de ma poitrine. Malgré l'air frais, je me mis à avoir chaud en le sentant si près.
— Tu ne veux pas apprendre le saxophone ? demanda-t-il d'un ton taquin.
— C'est du chantage.
— Non, c'est un marché mademoiselle. Un marché tout à fait convenable, qui plus est.
Je secouais la tête devant son air presque enfantin.
— Monsieur CONFITI, laissez-moi vous dire que ce marché ne me convient guère. Je ne danserai pas au milieu de tous ces gens. Et, tant pis ! Pour le saxophone je pourrai toujours apprendre avec un autre professeur de musique.
Il secoua la tête et rigola doucement, me regardant d'un air amusé.
Les musiciens avaient enchaîné un autre morceau. Sous le kiosque, les couples s'étaient rapprochés. Je les regardais s'enlacer et bouger lentement au rythme de la mélodie.
— Même pas là-dessus ?, demanda-t-il avec une mine de chien battu.
— Surtout pas là-dessus ! Ça prendrait des allures de rendez-vous, plaisantais-je.
Il était toujours accroupi devant moi et me en souriait tendrement.
Il s'apprêtait à dire quelque chose quand mon téléphone vibra dans ma poche.
— Excuse-moi, c'est ma sœur.
Jules se leva et me fit signe qu'il s'éloignait prés du kiosque le temps de mon appel.
— Allô ? Euh non, je suis au parc avec un ami. -…- Non, je comprends. Mais ne rentre pas trop tard quand même ! -…- Je t'embrasse aussi.
En raccrochant, j'apercus Jules en train d'admirer les étoiles. Quand j'arrivai prés de lui, il se tourna vers moi pour me demander si tout allait bien.
— Oui, oui. Mais bon, on ne sera que tous les deux ce soir. Ma sœur a eu un contre-temps. Tu la rencontreras une autre fois.
— Alors, ça veut dire qu'il y aura une autre fois ? me taquina-t-il
Face à mon expression faussement blasée, il éclata de rire :
— Désolé. J'aime bien t'embêter.
— Oh ! Vraiment ? J'avais à peine remarquer, me moquai-je alors qu'on quittait le parc en direction du restaurant.
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