ça sent le roussi !

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— C’est l’idée la plus originale que j’ai entendue depuis bien longtemps !

Le patron de la start-up est très enthousiaste ! Il a à peu près mon âge, ça doit aider. Et j’ai l’impression qu’il a bien compris l’appli que je souhaite qu’il me développe.

Enfin, un peu de lumière au bout du tunnel ! La négociation s’est bien passée et nous sommes d’accords sur les éléments majeurs du contrat. Il ne reste qu’à le relire et le signer pour que ce point soit réglé. Bien sûr, il y aura une clause suspensive pour que ce contrat avec mon partenaire ne soit valable que si je signe le contrat avec le client.

Avant que je ne reparte, il tient à me faire visiter l’incubateur dans lequel il est hébergé. C’est un ancien entrepôt à grains, témoignage de la forte activité agricole qui avait lieu au sud de la ville autrefois. Ils ont gardé les anciens murs en brique rouge si caractéristiques et les poutres de la toiture en acier. La moitié du toit est en verre ce qui provoque toujours l’admiration des visiteurs mais pas celle de ceux qui travaillent juste en dessous qui meurent de chaud en été et crèvent de froid en hiver !

L’entrepôt était tellement vaste qu’ils ont réussi à faire trois étages…

Je retourne chez moi revigoré avec la ferme intention de gagner ce deal et de reconquérir Jessica.

Mais mon euphorie est de courte durée quand je vois beaucoup de monde et notamment des pompiers amassés devant mon immeuble dont s’échappent de lourdes fumées. Je m’approche de l’un d’entre eux.

— Que s’est-il passé ?

— Désolé Monsieur, mais vous ne pouvez pas rester là, le bâtiment n’est pas encore sécurisé.

— Mais j’habite ici !

— Alors allez-voir le policier là-bas, il va prendre votre identité et vous expliquer la marche à suivre.

Ne comprenant pas ce qui se passe, je me fraye difficilement un chemin jusqu’au policier :

— Bonjour Monsieur (je fais toujours attention avec la police), je voulais rentrer chez moi et je découvre ce triste spectacle ?

— Oui, malheureusement, un incendie s’est déclaré dans les caves et est remonté par les colonnes dans les étages. Donnez-moi votre nom, étage et numéro d’appartement.

— Christophe Ritounel, 4ème étage, appartement 59.

— La bonne nouvelle c’est que votre appartement n’a pas dû subir de dégâts, pas majeurs en tout cas. La mauvaise c’est que vous ne pourrez pas accéder à votre appartement pendant quelques jours, le temps que les étages du bas soient sécurisés et que les experts soient passés.

Pas accéder à mon appartement pendant quelques jours ! Non mais il plaisante ! Et mon dossier, il va se signer tout seul ?

— Mais comment je vais faire ? Toutes mes affaires sont dans mon appartement !

— Si vous n’avez pas un proche qui peut vous héberger, contactez votre assurance pour qu’ils vous trouvent un logement d’urgence. Et si vous avez des éléments vitaux à récupérer dans votre appartement, les pompiers accompagneront les habitants, mais uniquement quand ce sera sécurisé. Donc tard ce soir ou peut-être même demain matin.

La tuile ! Je me prends la tête entre les mains et après avoir respiré un grand coup et pris quelques minutes pour me calmer, je me dis qu’en bon entrepreneur, je dois voir dans toute crise une opportunité. Premier point important, tout ce qui concerne mon dossier est dans mon ordinateur portable avec moi. Tout comme mon téléphone, mon chargeur et mon portefeuille. Donc rien de « vital » à récupérer dans mon logement. Si ce n’est des vêtements.

Et justement, j’y vois une bonne excuse pour dormir chez Jessica chez qui j’avais laissé quelques vêtements de rechange !

En allant chez elle, j’appelle quand même l’assureur puis le banquier avec qui je devais avoir rendez-vous le lendemain matin pour reporter en début de semaine prochaine comme je vois le nouvel investisseur à la place.

Je sonne désespérément chez Jessica, pas de réponse. Après 3 SMS d’urgence lui indiquant que mon appartement a cramé et que je suis à la rue (oui, j’ai un peu exagéré), elle finit par me répondre qu’elle est partie quelques jours en bord de mer pour faire un break et qu’elle ne peut rien pour moi !

Avec son nouveau mec en plus j’imagine ! Elle m’a vraiment largué quelques secondes avant de me tromper ! Je suis dégoûté ! Je ne me vois pas m’incruster chez un de mes potes, j’ai envie d’être seul ce soir. Reste donc la solution proposée par l’assurance : un petit hôtel pas loin de chez moi et des fringues de rechange à acheter avant que les magasins ne ferment.

J’arrive devant l’hôtel. Je ne l’avais remarqué alors qu’il se trouve à quelques centaines de mètres de chez moi et ça ne me surprend pas. Une façade qui a dû être blanche et qui est maintenant salie avec des morceaux de parement qui se détachent par endroit. Une enseigne qui clignote avec la mention « h*t*l », le « ô » et le « e » ne fonctionnant plus. Je prends une grande respiration en rentrant dans le hall. Et j’ai bien fait car il y règne un mélange d’odeur de la cuisine et de renfermé.

Le gérant d’un certain âge m’accueille en sifflotant avec un large sourire.

N’étant pas d’humeur pour engager la conversation, je me dépêche de récupérer les clés et de gagner ma chambre.

Après avoir ouvert la porte, je me note définitivement de renégocier mon contrat d’assurance dès que j’aurais gagné le dossier !

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