Chapitre 7

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— Marcus ? Mon amour ?

Marcus ouvre les yeux et découvre Erin allongé dans un lit d’hôpital. Elle tient dans ses bras un nourrisson tout en arborant un sourire angélique. La pièce est baignée d’une lumière chaude et rassurante.

— Oui, mon amour ?

— Tu veux la prendre dans tes bras ?

— Bien sûr.

En se levant du fauteuil dans lequel il s’est assoupi, il remarque que la petite fille n'a que quelques heures.

— Elle est si belle, s'émeut-il en la regardant avec tendresse.

— C’est ton portrait tout craché, répond Erin d’un air attendri.

L’enfant se met subitement à pleurer.

— Oh non, mon ange, c’est papa, tout va bien, dit-il pour tenter de la rassurer.

L’enfant hurle de plus belle.

— Arrête, Marcus, tu lui fais mal ! l’invective Erin.

Tandis qu'il la serre contre son torse, Marcus sent un liquide couler sur sa chemise. Lorsqu’il baisse les yeux, il constate avec horreur qu’il s’agit de sang.

— Mon Dieu, Erin ! Qu’est-ce qu’elle a ? gémit-il en la posant sur le lit.

— Arrête ! Je t’en supplie ! Tu vas la tuer !

Une mare de sang se répand dans les draps et dégouline sur le sol. Marcus se recule, tant et si bien qu’il tombe dans le fauteuil.

— Arrête ! Par pitié ! hurle Erin, le visage déformé par une grimace irréelle.

Soudain, du sang se met à jaillir de sa bouche et de ses yeux. Marcus est pétrifié d’horreur.

La pièce se remplit rapidement. En quelques secondes, il se retrouve la tête collée au plafond en quête d’air. Lorsque la chambre est submergée, il plonge à la recherche d’une issue salutaire. Malheureusement, il ne parvient plus à retenir son souffle et inspire. Ses poumons se remplissent du liquide carmin, lorsqu’une complainte fend brutalement le silence.

— Pourquoi tu nous as fait ça ?

Marcus se réveille en sursaut dans son lit au Lodge. La sueur lui brule le front et il peine à reprendre son souffle tant son cœur semble vouloir lui déchirer la poitrine. Il sort ses jambes des couvertures et s’appuie sur le bord du lit. Une main sur le torse et l’autre sur la nuque, il inspire et expire en cadence dans une tentative d’apaisement.

— Ce n’était pas réel, répète-t-il entre chaque respiration.

Son rythme cardiaque revient petit à petit à la normale. En tournant la tête, il remarque une bouteille d’eau minérale posée sur la table de chevet et s’empresse d’en aspirer le liquide salvateur.

— Ce n’était pas réel, dit-il en se laissant tomber à la renverse sur le matelas.

Marcus reprend ses esprits au fur et à mesure que le souvenir de cet affreux cauchemar s'efface de sa mémoire.

Soudain, quelqu'un frappe à la porte de sa chambre.

— Ça va, Marcus ? Tu es réveillé ? demande Ellies à travers la cloison.

Incertain de vouloir lui répondre et donner des détails sur sa réaction psychotique, Marcus prend une grande inspiration et se relève. "Ellies est mon ami. En plus, il est médecin, il comprendra", murmure-t-il.

— Oui, ça va. Tu peux entrer.

Ellies pousse doucement la porte et passe sa tête par l'embrasure.

— T'es sûr qu'il n'y a plus de fantômes ? ironise-t-il.

— C'est pas drôle, soupire Marcus.

— Parle pour toi ! lance Ellies.

Il pénètre dans la pièce et attrape la chaise posée devant le petit bureau puis s'assoie face à Marcus.

— Alors comme ça on voit des morts dans la forêt ?

Marcus s'apprête à se justifier, mais Ellies le coupe.

— Tu sais, c'est très dangereux de manger les baies qui poussent dans la forêt. Certaines peuvent s'avérer mortelles, explique-t-il. Par chance, celles que tu as ingérées ne le sont pas, mais tu vas être vaseux encore plusieurs heures.

Surpris, Marcus se contente d'acquiescer. Ce qui s'est passé dans la forêt n'était en rien la faute de baies sauvages, mais le soulagement de ne pas avoir à se justifier prend l'avantage sur l'honnêteté.

— Oui. Je suis désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris.

— Dorénavant, jette un œil à ton manuel avant de gober n'importe quel fruit à l'aveugle, ok ?

— Promis.

— Cool. Le doc a dit de te reposer. N'oublie pas qu'on décolle demain matin, j'ai programmé ton réveil.

— Merci.

— De rien. Par contre, tu feras gaffe à ce que tu dis devant Jimmy au p'tit déj. Carl s'en est pas sorti...

— Mince... je suis désolé.

— Il est mort y a quelques heures et Jimmy a du mal à le gérer, surtout que c'est nous qui allons devoir nous occuper de son "enterrement" une fois sur place.

— Hein ?

— Carl avait pas de famille, on est tout ce qu'il lui reste. Comme il voulait rester dans la forêt, Irwin a obtenu l'autorisation qu'on l'enterre près de la chute d'eau.

— Je comprends.

— Bref, repose-toi bien.

Ellies referme la porte derrière lui et le bruit feutré de ses pas sur la moquette du couloir s'éloigne tandis que Marcus remet de l'ordre aux informations qu'il vient de recevoir. Las, il s'allonge à nouveau dans le lit et se couvre de l'épaisse couverture en polyester.

— Des baies psychotropes hein ? Bonne diversion, dit-il à voix basse.

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