Chapitre 51

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J'ai changé d'école depuis la rentrée. Nouveau cycle oblige. Je n'ai néanmoins pas souvent eu besoin d'y mettre les pieds. La plupart de mes cours sont retranscrits sur le réseau et mon père a justifié ma présence plus qu'erratique en invoquant des « séquelles » de mon accident d'il y a six mois. Autant dire que je n'ai pas encore eu l'occasion de nouer des amitiés. Cela n'a pas empêché la rumeur de se répandre au sujet du fait que ma « maladie » serait en réalité le terrible Rugen-Hoën que tout le monde craint autant qu'une possession démoniaque. Heureusement, la rumeur s'est vite transformée en légende. Après tout, il serait inconcevable de laisser un monstre pareil en vie, quand bien même il serait le fils du gouverneur.

Parfois, je songe qu'il suffirait que le contrôle m'échappe une seconde, que le plus petit incident se produise, pour que la carrière de mon père soit ruinée. Je n'en reviens pas qu'il prenne tous ces risques pour un fils qu'il a détesté tant d'années. La culpabilité est un moteur formidable. Pourquoi faut-il que je repense à Zilla en disant cela ?

Je secoue la tête et m'efforce de revenir à la réalité. Aujourd'hui est l'un des rares jours où je dois affronter le contact de mes camarades de classe, car nous avons des travaux pratiques d'électronique. Déjà, cela jase dans les rangs. Aucun de ces gamins de riches n'envisage un jour de s'abaisser à des besognes techniques aussi basses que configurer eux-mêmes une interface AI ou réparer un robot domestique. Mais les programmes scolaires sont communs au sein de la Fédération.

J'aime ce genre d'activité. Concentrer mes pensées sur une tâche manuelle me permet d'oublier le reste. Je ne vais pas me leurrer : je vais de plus en plus mal. Ces souvenirs du TUNEL aussi maudits que précieux ne me lâchent pas, tandis que d'autres souvenirs ne dévoilent qu'un trou béant lorsque j'essaye de me rappeler de ces six derniers mois, de ce moment où le Rugen-Hoën a commencé à se manifester, qui se noie dans un brouillard incompréhensible. Mon crâne se retrouve inondé de migraines si j'essaye de le chasser pour voir au travers.

J'ai l'impression d'être complètement déphasé. Comme si la Terre détruite et morte du TUNEL était la réalité et que ma vie protégée dans ce cocon martien, une projection factice. Je n'ai aucun repère et aucune présence humaine à laquelle me raccrocher. Je n'ai jamais réussi à me faire des amitiés sincères à l'école à cause de mon caractère effacé. Ceux qui essayaient le faisaient uniquement à cause de mon ascendance. Et dans cette nouvelle école où j'ai à peine mis les pieds, personne ne s'est encore risqué à venir vers moi.

Quant à mon père, je ne l'ai pas revu depuis la soirée du Sélène et ce n'est certainement pas à lui que je confierais mes problèmes. Je n'en parle pas non plus à mon psychiatre. Les médicaments sont de moins en moins efficaces pour m'assommer, mais je prétends le contraire. Il serait capable de ramener cette histoire de psychochirurgie sur le tapis, d'en toucher un mot à mon père et mon tuteur pourrait bien se passer de mon consentement pour signer l'accord. Je suis encore mineur, après tout.

Pouvoir relâcher mon crâne en ébullition en connectant deux fils sur un module enregistreur est donc une sinécure. Un calme relatif malheureusement interrompu par l'irruption de deux hommes dans un uniforme que je reconnais comme celui des Renseignements.

Je n'ai même pas besoin de me fatiguer à lire leurs esprits pour deviner qu'ils en ont après moi.

— On aurait besoin de vous emprunter Della Verde.

Je sais que le professeur n'aura pas le loisir de protester, alors je remballe déjà mes affaires et suis ces messieurs. Je m'attendais à voir le glisseur prendre la direction de la Tour Olympe, je suis surpris de le voir décrire un arc de cercle vers Berrick, un quartier relativement modeste et peu dense, car en majorité rempli par les imprimeries 3D du Dôme. Je tente vaguement de saisir ce qu'on va faire là-bas en regardant les esprits de mes accompagnants, mais ils ne sont pas assez gradés pour détenir plus d'informations sur la situation en cours.

C'est quand ils me font pénétrer dans une bâtisse sans signe distinctif, qu'on aurait pu confondre avec un énième hangar de stockage, que je comprends qu'il ne s'agit plus d'une tâche tranquille d'observation. Du renseignement, ils sont passés à l'action et mon cœur se serre à l'idée de ce que cela peut impliquer.

— Ethan ! C'est toujours un plaisir de vous voir !

L'enthousiasme intrépide de Vauclair me donne encore plus la nausée que d'habitude. Il me dévisage quelques secondes, essayant de déceler une réaction sur mon visage. Il n'y arrivera pas. Ce n'est pas pour autant que je ne bouillonne pas à l'intérieur.

— J'espérais que nous pourrions commencer au plus vite, mais bien sûr, si voulez prendre le temps de poser vos affaires, de boire un café avant...

Je n'ai pas signé pour ça. Je n'ai d'ailleurs signé pour rien du tout. Mon père n'approuverait certainement pas ce que Vauclair essaye de faire, alors je me risque à lui dire :

— Je suis désolé Monsieur Vauclair, mais nous ne sommes jamais mis d'accord au sujet de ce genre de besognes. J'aurais apprécié qu'on en discute avant que vous me mettiez devant le fait accompli.

Mon refus agite sa bouche d'un tic. Il n'est décidément pas quelqu'un d'habitué à ce qu'on lui dise qu'il va trop loin.

— Mazumbi, Huthisia, pourriez-vous nous laisser seuls, s'il vous plaît ?

Les deux agents, flanqués dans un coin de la pièce et concentrés dans leur entoptique pour revisionner des détails de vidéosurveillance de drones, se redressent brusquement et obtempèrent. Je me retrouve seul avec Vauclair qui s'installe derrière la table, bien décidé à me servir son café goût jus de chaussette. Je l'accepte néanmoins.

— Je comprends votre réaction, Ethan. Après tout, nous exerçons un métier difficile, et j'avais cru qu'il vous plaisait après nos dernières entrevues, que vous en compreniez la nécessité...

— C'est le cas. Je soulève seulement le fait que le travail que vous exigez de moi présentement dépasse les termes de mon statut de simple observateur. Je n'ai pas fini l'école et n'ai jamais reçu de formation pour...

— Et nous ferons en sorte que vous terminiez vos études, bien entendu. J'entends bien la crainte que vous avez de vous sentir exploité. Sachez qu'en ce moment même, nos services du personnel sont en train d'aménager un contrat à temps variable pour que notre collaboration n'ait pas à empiéter sur vos cours... sauf en cas d'urgence comme aujourd'hui. Donc si c'est votre seule crainte, je peux appeler la responsable pour...

— Mon père veut que je travaille pour Space Infinity.

Cette phrase achève ce dialogue absurde où nous mettons un point d'honneur à nous couper mutuellement. La figure de Vauclair se tord en une expression à mi-chemin entre le sourire et le rictus.

— Je vais parler crument, mais je sais qu'il ne sert à rien de jouer les hypocrites avec quelqu'un comme vous. Je peux concevoir le souhait du gouverneur de ne pas voir l'œuvre de sa famille s'évaporer et se diluer hors de sa précieuse lignée, mais entre nous... Vous n'êtes pas taillé pour ça. Vous n'avez aucune envie de jouer les requins avec la concurrence, de louvoyer entre les fluctuations du MAZO, de faire les yeux doux à de potentiels investisseurs et encore moins de diriger. J'ai bien compris que les relations humaines, ce n'est pas votre tasse de thé. Mais vous avez un immense talent dans un autre domaine.

« Je ne vous impose pas de nous venir aide, là, tout de suite, et je m'en rends compte que j'ai été un peu cavalier en vous faisant chercher sans demander votre avis en amont. Donc, rentrez chez vous, prenez le temps de réfléchir à ce que vous voulez vraiment faire de votre vie. D'ici quelques mois, ce ne sera plus le choix de votre père, mais le vôtre.

Le silence qui suit son discours est éloquent. Je ne peux qu'admirer sa stratégie de persuasion. Plutôt que de me brosser dans le sens du poil avec un mensonge que je discernerais, Vauclair me rabaisse en jouant sur mes angoisses et mon manque de confiance pour ne me laisser qu'une seule voie de repli. Je suis surpris qu'il m'ait si bien cerné sans avoir recours à la télépathie. Je comprends comment il a fini chef des Renseignements sans mutation alter-neurale.

Je soupire.

— Je vais faire ce que vous attendez de moi pour aujourd'hui, puis je réfléchirai à votre proposition pour la suite. J'ai seulement une exigence. Je veux votre promesse sur ce point, ainsi qu'une mention claire et sans ambiguïté sur le contrat.

— Je vous écoute.

Je lève un regard dur et froid sur lui. La seule expression que je suis capable d'afficher sans forcer.

— Ne me demandez jamais d'utiliser le Rugen-Hoën pour torturer ou tuer quelqu'un. Jamais.

Cela dit, l'idée de tuer quelqu'un ne m'effraie pas tant. Elle me laisse même plutôt indifférent. Et j'ai appris dans le TUNEL à quel point il peut être agréable de se délester parfois des surcharges inhérentes à ma pathologie en fauchant une vie. Je refuse simplement de le faire au service d'un gros bonnet et d'une cause que j'embrasse par nécessité plus que par conviction.

Vauclair fait mine de s'offusquer au simple fait que j'ai pu penser qu'il ait pensé à une telle éventualité. Il y a pourtant bel et bien pensé. Il se lance dans un discours sur les clichés de barbarie et de pratiques d'un autre temps qui collent encore aux services de renseignements même après plus de deux siècles, avant de conclure par sa promesse de ne rien me demander en ce sens.

Bien sûr, cela ne lui ôte pas l'espoir qu'il parviendra à me faire changer d'avis.

Pour l'heure, il juge avoir assez perdu de temps avec mes états d'âme – même s'il ne pense pas avec ces mots, l'idée est là – et me pousse donc dans une autre pièce où six hommes stationnent devant un écran qui retransmet en immersion totale la scène en direct de l'interrogatoire qui se déroule dans une cellule en contrebas.

Même si ce n'est pas une surprise, je frémis en découvrant l'état de l'homme menotté sur une chaise autour de laquelle tourne un agent comme un requin jaugeant sa proie. Probablement issu des anciennes vagues d'immigration indiennes, son teint caramel est maculé d'hématomes et de traces de sang essuyé à la va-vite. Je me rappelle du discours outré de Vauclair sur « ces pratiques barbares d'un autre temps ». Visiblement, il n'incluait pas le passage à tabac dans la liste des tortures proscrites en cas d'interrogatoire.

Une voix tonne à travers le micro.

— Pourquoi s'obstiner ainsi à protéger Hellander ? Il vous a laissé tomber. Vous étiez ses fusibles ! Ne plongez pas inutilement pour lui. Pour la dernière fois, Khan, dites-nous où il se cache et je vous assure que vous et vos camarades bénéficieront de larges remises de peine. C'est peut-être sans importance pour vous, mais pensez à ceux qui ont encore une famille et qui...

Une autre voix se superpose à l'argumentaire de l'interrogateur. Une voix qui émane de la pièce d'observation où je me trouve.

— Il perd son temps. Il est complètement immunisé à la manipulation douce, ainsi qu'à la menace de catégorie trois et au chantage pécuniaire.

— L'entraînement qu'il a subi est tout de même admirable. S'il résiste de la sorte à une hypnose de niveau neuf, je ne vois vraiment pas ce qui pourrait le faire plier, répond un de ses collègues.

C'est à ce moment-là que Vauclair s'éclaircit la gorge, avertissant les six personnes de notre présence.

— J'ai peut-être une solution, lâche Vauclair en n'ayant même pas besoin de me désigner.

Le visage de celui qui parlait en premier se tord dans une moue désapprobatrice.

— Tu sais que je n'aime pas ça, Éric... S'il le flingue avec son Rugen-Hoën, on perd de précieuses...

— J'en prends la responsabilité, coupe Vauclair. J'ai toute confiance en lui.

Je ne serais pas aussi optimiste si j'étais lui. D'un autre côté, après avoir retrouvé la trace d'une réunion au sein de l'immensité du Dôme avec une signature tronquée pour seul indice, plonger dans l'esprit de cet Alter renégat ne devrait être d'aucune difficulté, et pourtant...

L'agent sceptique finit par soupirer et par se ranger aux ordres en actionnant un bouton pour m'ouvrir l'accès à la salle d'interrogatoire en contrebas. Il me résume ce que je sais déjà.

— On a pu arrêter de nombreux membres du LISS avant qu'ils puissent attaquer Sidartha, dont Soan Khan, le numéro deux. Malheureusement, il est un Alter qui, non content d'être passé sous les radars du recensement, s'est rudement entraîné à dissimuler ses pensées et à résister aux tentatives d'intrusion. Nos agents n'ont rien pu en obtenir, alors que le temps presse. À chaque seconde que nous perdons ici, Hellander efface ses traces et réorganise ses forces avec les rescapés du LISS.

— Vous voulez vraiment exterminer le LISS.

Ce n'est pas une question de ma part. Plutôt une constatation.

— Bien sûr ! s'exclame l'agent. Cela fait bien longtemps qu'ils ne sont plus rien d'autre que des terroristes. Ils menacent la sécurité de la Fédération !

Je n'ai pas besoin d'entendre ses justifications. Je pourrais m'outrer du traitement sans concession qu'ils réservent à des opposants politiques, mais je juge qu'il n'est pas de mon ressort de trancher. De plus, si je devais avoir une opinion politique, il vaudrait mieux qu'elle suive la ligne de mon père et de son gouvernement.

Je pousse le battant et descends les quelques marches jusqu'à la pièce trop éclairée et pourtant trop sinistre à mon goût, où git le « terroriste » épuisé par des heures de lutte mentale.

L'interrogateur des Renseignements est toujours penché sur lui comme une vipère prête à planter ses crocs.

— Tu choisis la mauvaise option, Khan. Tu sais ce qu'il va se passer si tu ne lâches rien ? Tu passeras par la case psychochirurgie. Ton esprit sera disséqué sans la moindre délicatesse et tu te réveilleras avec la vitalité d'un légume...

L'agent interrompt ses menaces en me voyant surgir. Il me jette un regard noir en comprenant qu'il a épuisé sa chance et que je suis la relève. Il ne quitte pas la pièce pour autant et reste à côté du suspect, les bras croisés, comme s'il me mettait au défi de faire mieux que lui.

Je le relève malgré moi et m'immisce dans la forteresse mentale du pauvre homme menotté. Effectivement, je ne peux que m'ébahir de la structure défensive qu'il est parvenu à agencer à base de ruses et de parasites. Il s'est notamment infligé des heures d'écoutes de réclames publicitaires jusqu'à ce que celles-ci imprègnent suffisamment bien sa tête pour pouvoir y noyer des informations. Il fallait bien qu'il voue une foi sans failles à ses convictions politiques pour en venir à s'infliger de telles tortures.

Je me détourne de ces écueils, une fois constaté qu'il ne s'agissait que de leurres, puis mène mon assaut contre les remparts de sa psyché. Ses derniers ont déjà été sauvagement effrités par les attaques de mes homologues.

Plutôt que de m'atteler à les détruire, je les escalade avec une certaine douceur et établis enfin le contact avec ses pensées. Je m'attendais à le voir fuir devant mon intrusion. Il me fait face. A-t-il déjà épuisé toutes ses ressources ?

Sans me soucier de lui, je commence à siphonner les informations : l'emplacement de leur QG de secours, leurs partisans, leurs prochaines actions... Je ne peux pas m'empêcher de trouver que leur étiquette de « terroristes » ne s'accorde pas du tout avec ce que je vois dans sa tête : des gens qui essayent simplement de se sortir de la misère à laquelle les condamne la société martienne.

Et Khan me regarde le vider de tout ce qui lui est cher, tout ce pourquoi il s'est toujours sacrifié, sans réagir. Une tristesse dérangeante s'empare de moi.

Alors tu es avec eux maintenant ? pense-t-il.

Je sursaute. Devant moi, le Khan physique n'a pas bougé d'un cil, toujours menotté sur sa chaise, n'a exprimé aucun changement de faciès laissant supposer qu'il est en train de communiquer avec moi, mais ce qui m'étonne le plus, c'est cette idée effroyable que ses paroles insinuent : il me connait. Et pas uniquement parce qu'il aura aperçu ma tête identifiée comme celle du fils du gouverneur sur l'un des flux du réseau. Non, il me connait parce que nous nous sommes déjà rencontrés.

Et je suis incapable de m'en souvenir. Le gouffre commence à s'entrouvrir sous mes pieds. Dans la masse des informations que je suis en train de lui subtiliser, je tombe à un moment sur une sorte d'écran parcouru de brouillard électronique. Je ne vois rien au travers. Il m'inspire une terreur irrationnelle. Je lui réponds pour m'en détourner.

Comment ça ? De quoi parles-tu ?

— Tu ne te souviens pas ? Tu n'arrives même pas à accéder à mes souvenirs alors que je suis littéralement en train de les tendre ? Mais qu'est-ce qu'ils t'ont fait ? Quand je pense aux risques que Larry a pris pour toi... ça n'en valait pas la peine.

Le gouffre imaginaire s'élargit et je tombe bel et bien dedans. Mon corps vacille et s'affaisse sur le sol. Comme si ce nom venait de me faire l'effet d'un coup de poing dans l'estomac. Pourquoi n'arrivé-je pas à le remettre ? Pourtant, je sens qu'il y a une connexion à faire... quelque part... avec un autre nom...

« ... Zigman et ses petits copains du LISS... » Ces paroles lâchées par le gouverneur ventru et à moitié ivre frappent mon esprit comme un coup d'éclair. Zigman... Larry... Larry Zigman ! C'est son nom ! Mais qui est cette personne ?

— Tout va bien ? Tu as vu quelque chose ?

Vauclair est descendu de lui-même pour m'aider à me relever (sans doute parce qu'il s'impatiente des résultats plutôt que parce qu'il s'inquiète pour moi). Sa poigne ferme me tire l'épaule pour me remettre sur pied. Je vacille encore un peu, mais commence à retrouver une contenance. En face, Khan est resté admirablement impassible.

Je pourrais balancer à Vauclair tout ce qu'il attend. Il serait fier de moi, me décernerait peut-être même une prime si je le demandais. Je gravirais ensuite rapidement les échelons des Renseignements, peut-être pourrais-je un jour me retrouver à sa place...

Mais si je fais ça, je condamne des centaines de personnes dont le crime principal est d'être né en bas de l'échelle de la société. Si je fais ça, j'aurais l'impression de trahir ce Larry Zigman, bien que je ne sache pas pourquoi je lui devrais quoi que ce soit.

Alors, je mens.

— Non, désolé. Je n'ai rien vu.

Le sourire affable de Vauclair dégringole de dix étages, puis il me congédie sans plus de cérémonie.

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