Chapitre 1, où je manque de me faire dévorer par des poules furieuses
- Da'ya, Yuga ! lança une grosse femme vêtue d'une robe de toile pleine de poches.
Le petit garçon ne répondit pas, se contentant de tracer des lignes sur le sol avec la pointe d’un bâton.
Il ne fit pas plus attention à la fillette qui lui proposa de jouer à la poupée, ni au long sermon que lui adressèrent les jumelles Kotake et Koume, et traversa bientôt tout le village du marais.
C’était un village sommaire, fait de bric et de broc, où les sorcières de Lorule logeaient entre deux conquêtes et élevaient leurs enfants. Construit au cœur du marais des démons, l’endroit n’avait rien d’idyllique. Le sol était spongieux et des nuées de moustiques voraces agressaient les habitants.
Ici et là se dressaient une cabane de planches et de métal, une maisonnette en briques décrépie, une tente ou un foyer enfumé. Partout, il y avait des sorcières en train de cuisiner ou de préparer des potions. Des enfants jouaient autour des maisons, des femmes discutaient en ricanant et des odeurs de nourriture émanaient d’une cantine au toit de tôle.
Yuga passa devant un ancien temple que les sorcières avaient transformé en école. Du bâtiment s'échappait l’une des célèbres et interminables tirades de Koume et les soupirs des quelques jeunes sorcières qui y étudiaient.
En bordure du village se trouvait une petite maison branlante. La bâtisse, haute de deux étages, un peu décrépite et bancale, avait des fenêtres dépareillées et un toit de tuiles multicolores. L’endroit avait sans doute eu fière allure autrefois. Pour compléter le tableau, cinq cocottes blanches picoraient dans un enclos de bois vermoulu.
Pris d’une soudaine inspiration, Yuga bondit par-dessus la barrière et se mit à piquer les poules de la pointe de son bâton, riant du cri enroué des volatiles.
Assise au coin du feu, Faronya remuait sans relâche son chaudron de potion. Dehors, elle entendait les caquètements des cocottes et les cris de joie de son fils. Puis un « Cocorico ! » sonore, et plus rien.
Faronya se précipita hors de la maison et vit une masse grouillante de poules agressives. Elle crut d’abord que les oiseaux s’acharnaient sur un voleur ou un tas de déchets organiques, puis discerna la silhouette menue de Yuga sous le tas de poules.
Elle jeta une boule de feu vers les oiseaux de malheur, pensant les disperser, mais cela ne fit qu’énerver les volatiles déjà déchaînés.
Les oiseaux fondirent sur la sorcière telle une tornade blanche de plumes vengeresses, picorant de leurs becs et lacérant de leurs pattes les bras et le dos de la pauvre femme. L’odeur de sang et de plumes brûlées était insoutenable. Grièvement blessée, Faronya ne sentait plus ses mains.
Elle réussit finalement à attraper son fils et le tira à l’intérieur de la maison blanche et bancale, repoussant les cocottes à grands coups de pieds.
Bien que sévèrement blessé, il avait été plus chanceux qu’elle. Il avait eu la bonne idée de protéger ses bras et ses épaules avec sa cape, mais les poules avaient becqueté sans pitié ses mains, son visage et son ventre. Elle ne pouvait rien y faire, si ce n'est lui donner une potion et veiller à ce qu'il se repose.
« Qui frappe les cocottes en payera le prix », disait-on. Faronya n’était pas sans le savoir.
"""Oui, ce gamin adorable est le méchant de ALBW. Vous avec disjoncté ? Moi aussi !"""
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