– C’est bon, il est sorti ? demanda Yuga en entrouvrant la porte.

Il ne reçut en réponse qu’un vague chuchotement. Alors il quitta la chambre et descendit à la cuisine.

– Il est sorti ? répéta-t-il.

Amanda, qui préparait le souper, sursauta et s’entailla le doigt de son couteau à légumes. Yuga eut un mouvement de recul.

– ­Julius a raison, c’est toi la fillette, ici ! plaisanta Amanda en désinfectant la coupure. Alors, tu as fait quoi ?

Il étala sur la table plusieurs dessins et peintures colorés.

– C’est… commença Amanda, mais Yuga lui coupa la parole.

– Ouais, raté. Imparfait. Pas net.

– Non ! C’est pas ça. J’allais dire que c’est… c’est incroyable. Tu as vraiment dessiné ça ?

– Bah oui, sinon comment…

– Non, non, je veux juste dire que…

Son regard devint soudain étrangement distant.

– Julius t’a encore raconté des méchancetés, c’est ça ? demanda Yuga.

– Non, répondit Amanda en secouant la tête. C’est Evan. Un des idiots de l’école.

– Evan ? Un grand avec les cheveux bruns et un visage ingrat ?

Elle acquiesça.

– Oh non ! pesta Yuga. Et qu’est-ce qu’il a dit ?

– Je sais plus exactement, mais à l’heure actuelle, toute l’école prétend que tu es un adepte de la magie noire et que tu as failli le tuer. Je sais pas ce que tu as fait au juste, mais Julius ne va pas te rater…

Yuga soupira.

– Heu… demanda-t-il. Je vais y aller du coup. Tu pourrais me rendre un service ?

– Oui, bien sûr !

Amanda jeta les légumes qu’elle avait coupés dans une casserole.

– Alors tu diras à Julius que j’ai renversé une de mes boîtes de peinture sur son plastron de chevalier.

Un instant plus tard, il traversait le village à grandes enjambées pour se cacher le plus loin possible.