Chapitre 9, où je rencontre de vieux souvenirs et un oreiller de plumes

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Le soleil était à peine levé, et déjà tous les serviteurs du château de Lorule s’activaient. Yuga ne faisait pas exception à la règle. Embla l’avait chargé d’une tâche très simple : ouvrir tous les volets du château.

Mais le château de Lorule comptait plus de trois cents fenêtres.

La pièce dans laquelle il venait d’entrer avait une forme de demi-cercle. C’était apparemment une chambre, avec un grand lit aux draps violets et aux coussins moelleux. La lumière pâle du soleil Lorulien filtrait à travers les rideaux. Une armoire de bois clair se trouvait au fond de la salle, à côté du lit. Sur la coiffeuse s’alignaient des pots, des flacons et des palettes remplis de maquillage, de crèmes et autres cosmétiques.

Cela donna à Yuga une idée étrange, un peu stupide, mais plaisante. Il grimpa sur le pouf de soie mauve et s’assit sur la coiffeuse. Il ne voyait pas les pinceaux à maquillage, qui se trouvaient sans doute dans le petit coffret verrouillé posé sur le coin du meuble. Mais peu lui importait.

Il se regarda dans le miroir tandis qu’il trempait ses doigts dans les poudres colorées, tentant de rappeler un vieux souvenir. Comment sa mère aimait-elle se maquiller, déjà ? Puis il se souvint.

Il passa une couche de bleu pâle sur ses paupières, puis ajouta un fin trait rouge. Yuga observa à nouveau son reflet, non sans fierté, mais un cri perçant rompit le silence.

Il se retourna, cligna des yeux, mais la vision d’horreur ne disparut pas. Face à lui se trouvait une femme en chemise de nuit couleur aubergine, une harpie vociférante au visage déformé par la colère. Avec ses cheveux désordonnés et sa bouche tordue, elle avait l’air d’une démone toute droit sortie d’une des abîmes. Seules les prunelles écarlates de cette femme épouvantable permirent à Yuga de reconnaître Sa Majesté, la reine Magda de Lorule.

Un premier oreiller vola, le garçon l’évita de peu alors qu’il fuyait dans le couloir. Il reçut le deuxième et pleine tête et trébucha sur le carrelage froid, tandis que la reine criait. il entendit des pas pressés, puis Embla déboula dans le couloir, un plumeau à la main.

— Que se passe-t-il, Votre Altesse ? demanda la servante sans lâcher son arme.

— C’est lui, c’est ce démon, il est rentré dans ma chambre par effraction !

— Mais enfin, Votre Altesse, je lui ai donné l’ordre d’ouvrir les fenêtres, comme un serviteur ou l'autre le fait tous les matins !

— Ce n’est pas ça le problème !

Pour la première fois depuis son arrivée, la vieille servante posa son regard sur Yuga, qui s’était relevé. Son visage était maculé de rouge, de rose et de bleu, tout comme l’oreiller qu’il tenait.

— Yuga, qu’est-ce que…bafouilla-t-elle, son plumeau pointé vers lui comme une arme.

— Embla, je, enfin… tu…vous…bégaya Yuga, sans parvenir à trouver les mots.

Mais la reine l’interrompit, hurlant de plus belle.

— Jetez-le dehors, balancez-le dans la plaine de Lorule, égorgez-le ! N’importe quoi, mais débarrassez-vous de lui, avant que les sorcières nous assiègent ! Je ne veux plus le voir !

Le regard doux et froid d’Embla passa sur la reine, puis sur le garçonnet. Elle cligna lentement des yeux, et fit face à la femme en robe de chambre.

— Non, Votre Altesse.

— Pardon, Embla ? Vous désobéissez à votre reine ?

— Le personnel du château part en masse et le culte des monstres gagne du terrain. Et vous, votre Altesse, vous voulez renvoyer mon apprenti, un gamin innocent ?

— Ce n’est pas un gamin innocent, c’est un…

Elle s’arrêta là et lança un troisième oreiller, que la vieille servante rattrapa sans difficulté.

— Il a volé mon maquillage, il s’est introduit dans ma chambre, il faut le punir !

— Vous avez raison, votre Altesse, il sera puni. Je le punirai. C’est mon apprenti, c’est ma responsabilité.

La reine Magda poussa la porte et retourna dans la chambre en grommelant. Embla se tourna vers son apprenti, le regard dur.

— Je… enfin…

— Te fatigue pas, gamin.

Puis, d’un ton plus amical, elle ajouta :

— Ne le répète pas, mais j’ai fait la même chose quand j’avais ton âge.

Elle lui fit un clin d’œil, et s’éloigna en souriant.

— Bon, et bien je m’occuperai des fenêtres moi-même, la prochaine fois.

"""Inspiré de TLoH. J'ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce chapitre, donc j'espère qu'il vous a plu."""

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