Chapitre 10, où meurt un innocent

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— Lève le nez de ton livre, il va commencer !

Le serviteur qui avait dit ça flanqua son coude dans les côtes de Yuga. Le gamin aux cheveux roux gémit, tenta de lui rendre le coup, mais réussit juste à s’étaler dans l'herbe humide. Il plaqua une main sur le sol pour s’aider à se relever, l’autre sur sa bouche pour s'empêcher de répondre.

Sur la grande estrade se tenait Sa Majesté, le roi de Lorule, sa reine à ses côtés. Derrière lui, le personnel du château. Et au pied de l’estrade, la foule. Des visages avenants et sympathiques étaient perdus au milieu de moues haineuses.

— Bien, dit finalement le roi. Je tenais à disperser tout malentendu. Nul ne doit payer pour les crimes de ses ancêtres. C’est pourquoi Lorule doit être une terre de-

Un éclair passa au-dessus de la foule. Gris. Argent. Puis écarlate.

La voix du roi se brisa tandis que la flèche s’enfonçait dans sa poitrine. Il tomba à genoux en gémissant, et la reine le rejoignit. Embla courut sur l’estrade, et fit face à la foule avec un visage de pure haine.

— Celui qui a fait ça brûlera dans les brasiers de Din !

Le capitaine de la garde, un jeune homme corpulent aux cheveux magenta, écarta la servante. Il tenta de parler à son tour, mais le bruit de la foule couvrit ses mots.

Dans un brouhaha de cris, de rires et de discussions paniquées, les Loruliens quittèrent la cour, rassemblés devant les grandes portes, à essayer de sortir tous en même temps.

C’était la première fois que la reine Magda avait l’air sympathique. Ses traits restaient durs, ses yeux étaient toujours froids comme des rubis, mais la méchanceté et la rage avaient quitté son visage. Les larmes ruisselaient sur ses joues. Elle maudissait le destin, priait toutes les déesses qu’elle connaissait.

Et ses larmes diluaient le sang qui maculait le sol.

Alors que la vie du château reprenait, teintée de deuil, Son Altesse resta là, prostrée à même le sol, penchée sur le corps de celui qu’elle avait aimé.

Ce n’est qu’à la nuit tombée qu’elle fut reconduite dans ses appartements. Hurlante et à nouveau hargneuse, il fallut l’aide de trois serviteurs pour la maîtriser.

— Lorule est cruelle, chuchota Embla, quand la porte des appartements royaux se ferma enfin. Les déesses nous protègent.

Yuga inclina doucement la tête, puis il gravit les escaliers de pierre sombre pour monter se coucher.

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