Chapitre 14, où s’éteint la dernière lumière de Lorule

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Un soleil d’un doux rose se profilait sur l’horizon. Ce n’était pas le salut des déesses. Ce n’était pas un matin normal à Lorule.

Ce n’était qu’un tableau.

Juste une toile un peu hasardeuse. Et Yuga n’aimait pas le résultat. Les couleurs étaient criardes, tachées. Il préférait même le paysage brisé de la vraie Lorule.

C’est à ce moment-là qu’un serviteur entra dans la vieille salle d’arts.

— Dame Embla demande à voir son apprenti ! brailla-t-il. Dame Embla demande à voir son apprenti !

Yuga se retourna et tira de sa bouche le crayon qu’il mordillait.

— E… Embla ? Mais…

— Urgence ! Urgence ! Dame Embla demande à voir son apprenti ! Dame Embla demande à voir la princesse !

Alors, Yuga partit vers la chambre de la princesse.

Ils étaient quatre serviteurs, debout à côté du lit. Quand Yuga et Hilda entrèrent, la petite assemblée se tourna vers la porte.

Embla ne brillait plus. Alitée, en chemise de nuit, elle semblait plus frêle et âgée que jamais.

— Yuga… souffla-t-elle. Tu es venu.

Hilda lui adressa un signe de la main.

— Embla !

— Votre Altesse…

Ce titre fit grimacer la petite princesse.

— Non, Embla, pas « Votre Altesse ». Votre Grâce !

Elle sourit, et la gouvernante sourit à son tour.

— Alors au revoir, Votre Grâce.

Embla se tourna vers son apprenti.

— Prends soin de la princesse. Tu parles Ehenihv ?

Il fit signe que oui.

Da, pi’as, dit Embla avec malice. Bien.

Elle fit un signe vers le bureau de bois sombre.

Salit va kehsto cambi, va gumab ko.

Les iris de la gouvernante avaient perdu leur éclat. De bleu glacier, ils étaient passés à un gris un peu translucide et terne.

Et puis Embla s’éteignit, doucement, comme une petite flamme sous une coupole. Et cette image plaisait à Yuga. Embla était dévouée, travailleuse, optimiste. Sans doute une des dernières lumières de ce royaume en ruines.

Ses yeux se fermèrent, ses bras se raidirent, et un dernier souffle doux sortit de sa bouche.

— Embla s’est endormie, dit calmement Hilda.

— Oui.

— Quand c’est qu’elle va se réveiller ? Est-ce qu’elle est malade ? Elle devait m’accompagner au bal demain.

— Je viendrai au bal à sa place, Votre Grâce. Maintenant, c’est moi qui m’occupe de vous.

Mais Yuga ne pouvait pas jouer avec Hilda. À la première occasion, il prétexta un mal de ventre et fila vers la chambre de la gouvernante.

Et sur le bureau, comme Embla l’avait dit, se trouvait une lettre.

« À celui qui trouvera cette lettre, je veux transmettre un héritage.

Au fond de la penderie, derrière une latte branlante, il y a un pochon de toile remplie de poussière violette. Ce n’est pas le genre de poussière que l’on peut jeter aux quatre vents, non. Ce sont les derniers restes de la Lentille du Mensonge, une ancienne relique Maïkah permettant de détecter les courants d’énergie magique et d’apercevoir ce qui se cache derrière les illusions, rien qu’en regardant à travers. Elle a été détruite peu avant la Triforce, et ne sert plus à grand-chose dans cet état, mais peut-être sauras tu ce qu’il faut en faire.

Embla du village des Voleurs,

Sage de la Lumière et dernière Maïkah »

Yuga ouvrit l’armoire. Effectivement, l’une des lattes était arrachée, et derrière se trouvait un petit sac de toile brodé de rouge. Quand il l’ouvrit, il s’en échappa un peu de fine poussière d’un violet sombre.

Un artéfact Maïkah. Un objet d’avant la destruction de la Triforce. Une relique ayant appartenu à l’un des sept Sages !

Son cœur manqua un battement. Embla était une Sage ? Elle lui avait légué un objet magique, du moins ce qu’il en restait. Pourquoi ? Les Maïkahs, serviteurs de la famille royale, se mélangeaient rarement aux autres Loruliens. Si la gouvernante l’avait choisi, il devait y avoir une raison.

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