Chapitre 33, où je découvre la version Hyrulienne de Sa Grâce
La première chose que Yuga pouvait dire, c’est que la princesse Zelda était belle. Très belle. De cette même beauté solaire et criarde qui caractérisait son monde, et qu’il ne parvenait pas à apprécier.
— Mais qui êtes-vous, à la fin ?! haleta Zelda.
— Voilà, les sept Sages sont au complet. Cette Impa était la dernière. Elle fait un tableau tout à fait fascinant.
— Impa… ?! Que lui avez-vous fait ?
Il se contenta de sourire.
— Bien, il ne me reste plus qu’un tableau à acquérir.
La petite princesse eut un mouvement de recul en comprenant qu’il parlait d’elle. La peur n’allait pas à son joli visage.
— Ooh… ce visage, ce regard… Votre beauté rivalise avec celle de Sa Grâce.
— Est-ce pour tenter de ressusciter Ganon que vous avez rassemblé les sept Sages ?!
Il l’ignora royalement et continua de divaguer.
— Cependant… Ces cheveux clairs, ce halo de lumière… De l’or pur où s’accrochent les rayons du soleil.
Loin, très loin des standards de beauté Loruliens.
— Je dois dire que tout cela n’est guère à mon goût, déclara-t-il finalement.
Zelda marqua un long silence, secouant la tête pour appuyer sa désapprobation.
— Très bien. Je vois que vous n’avez aucunement l’intention d’écouter ce que j’ai à vous dire.
Yuga sourit.
— Vos paroles m’ennuient profondément.
Il écarta les bras en une pose ridiculement théâtrale.
— Zelda, princesse d’Hyrule ! Laissez-moi préserver à jamais l’éclat de votre beauté ! Soyez la bienvenue dans ma collection d’œuvres d’art !
Elle hurla quand la décharge de magie la transforma en un superbe portrait au cadre de bois clair.
— Quelle merveille ! ricana Yuga. Une réussite incontestable. Une œuvre qui mérite amplement son titre de joyau de ma collection !
Il sursauta en apercevant une petite silhouette habillée de vert au pied des escaliers.
— Toi… ? N’étais-tu pas devenu un vulgaire graffiti sur un coin de mur ? Comment es-tu parvenu à sortir ?
Il évita tant bien que mal de regarder le visage de l’Hylien.
— Tu as l’impudence de briser mon sortilège et de venir exposer à nouveau ta laideur sous mes yeux… C’est impardonnable !
Alors il aperçut le bracelet au poignet du gamin. Le bracelet du héros Lorulien. Lavio.
Ce rongeur lâche avait dû lui raconter des histoires, des mensonges sur leur plan.
— Amuse-toi donc avec tes congénères, misérable graffiti ! dit-il, en invoquant quatre chevaliers en armure.
Et il se sauva en courant, son tableau sous le bras.
Il s’était arrêté un instant dans une pièce vide du château pour observer le tableau de la princesse. Le trait était précis, les couleurs vibrantes. C’était un chef-d’œuvre, en termes d’art comme de magie.
— Cette toile est parfaitement sublime, plaisanta-t-il. Parfois, mon infini talent me surprend moi-même.
Et le dénommé Link entra. Bien entendu. Il n’était là que pour gâcher chaque bon moment de cette aventure.
— Toi, en revanche, tu es tout ce qu’il y a de plus commun. Pour ne pas dire absolument LAID. Comment un avorton comme toi a-t-il pu échapper à mon sortilège, voilà qui me dépasse !
Il avait pourtant mis toute ses forces dans ce sort, lié chaque particule d’énergie du garnement à la pierre froide du Palais de l’Est, bien plus que pour les Sages, histoire de le savoir derrière lui.
— Il y a deux minutes, je t’aurais posé la question, mais pour tout te dire, tu ne m’intéresses déjà plus. Je t’ai assez vu, misérable ! Je vais en finir avec toi ici même !
Un an plus tôt, l’idée d’affronter et tuer un enfant l’aurait dégoûté. S’il avait eu à le faire il y a quelques jours, il s’en serait acquitté comme d’une basse besogne.
Yuga frissonna en réalisant qu’à présent, passer sa rage sur le gamin en vert l’amusait.
Il invoqua deux clones en guise de distraction, et l’enfant à l’épée tomba droit dans le piège. Il cria au premier choc électrique, le deuxième le fit tomber.
Yuga s’approcha, lentement. Il voulait se souvenir longtemps de ce moment.
Mais l’Hylien souriait. Il passa sa lame derrière les genoux du Lorulien et le précipita au sol, avant de porter plusieurs coups d’épée. L’acier trancha droit à travers le tissu, la peau et la chair, encore et encore.
Qu’est-ce que c’était que ce monde de fous où l’on donnait des épées aux enfants ?
Mais il réussit à saisir le bras du petit et à le jeter au loin. Yuga tapa du pied comme un enfant en colère. Les murs de la salle laissèrent échapper des torrents de flammes, et soudain…
Boum !
Une bombe. Ce petit d’une douzaine d’années venait de poser une bombe. À défaut de le blesser, cette explosion l’arrangeait. Elle avait réduit en cendres la porte du fond, qui l’empêchait de s’enfuir.
— Misérable ! soupira-t-il, essuyant sur son pantalon le sang qui tachait ses mains. Dès que je posséderai les pouvoirs de Ganon, le seigneur du mal, tu seras le premier à périr sous mes coups !
Et, pour la seconde fois, il prit la fuite.
"""Hilda et Ganon dans le prochain chapitre ! ; P Allez, je suis prête. Bientôt la fin, du coup. Mince."""
Annotations
Versions