Chapitre 37 Où le seigneur du mal reprend ses droits
Quand Link entra dans la salle du trône, il trouva Hilda, occupée à contempler le portrait de Zelda.
— Ainsi, tu es de retour… Tu as obtenu la Triforce du Courage, n’est-ce pas ?
Elle posa sa main sur le cadre du tableau et regarda le triangle doré se détacher de la toile. Quand elle se retourna, l’artéfact en main, elle planta ses yeux de rubis dans ceux du Héros.
— Alors, si tu le veux bien, j’aimerais te raconter l’histoire de mon royaume bien-aimé. En des temps reculés, Lorule détenait un fabuleux triangle d’or qui exauçait les vœux de quiconque le touchait. On l’appelait la Triforce. Cette Triforce éveilla les convoitises, et le royaume de Lorule fut bientôt déchiré par la guerre.
Le tonnerre ponctua la fin de sa phrase, rajoutant encore une touche dramatique à cette scène.
— La famille royale d’alors, mes ancêtres, prit finalement la décision de détruire ce qui leur avait valu tant de malheur. Ce fut une terrible erreur. La Triforce était le pouvoir des Dieux, la fondation même de notre monde. Dès qu’elle fut détruite, Lorule sombra dans la décadence. Sans sa Triforce, notre monde était condamné. Ce n’est que bien plus tard que nous apprîmes l’existence d’une autre Triforce. Sagesse, force et courage réunis… C’est pour éveiller la Triforce du courage qui sommeillait en toi que je t’ai guidé. Je suis la souveraine de ce royaume, et je corrigerai l’erreur de mes ancêtres. Ainsi…
Elle ferma lentement ses yeux.
Quand elle les rouvrit, son regard était fou et torturé.
— Donne-moi la Triforce du courage !
Un flot d’énergie divine parcourut la pièce quand elle absorba enfin la Triforce de la sagesse.
La princesse, auréolée de magie bleu pâle, invoqua alors le porc monstrueux qui avait failli tuer Link.
— Yuga ! aboya-t-elle. Empare-toi de la Triforce du courage ! Rends à mon royaume sa grandeur passée !
Et une sombre lueur magique vint bloquer toutes les portes et fenêtres de la salle. Hilda disparut, laissant l’Hylien et le seigneur du mal.
Yuga voulut transpercer le gamin avec le trident doré de Ganon, mais il esquiva de peu. Le Lorulien voulait régler les choses rapidement. Héros ou pas, quelques sorts de feu auraient raison de lui. Mais la bête pensait autrement. Elle voulait du sang, de la violence, et c’était son corps.
Il se téléportait, portait attaque après attaque, toujours esquivées. Entre chaque esquive, le petit Hylien lui mettait un coup à faire pâlir un épéiste confirmé. De temps en temps, Yuga reprenait le contrôle sur son corps, et réussissait à bombarder le gamin de boules de flammes sombres.
Quand elle comprit que son conseiller ne vaincrait pas le Héros, Hilda réapparut.
— Yuga ! Donne-moi la Triforce de la force ! Sans elle, Lorule est… Qu’est-ce que… ?
Le monstre se mit alors à rire. Ce n’était pas le ricanement aigu de Yuga, mais un rire sombre, profond, inquiétant.
Ganon voulait détruire. Il voulait tout le pouvoir que ce monde avait à offrir. Le sorcier tenta de lui résister, mais il ne faisait pas le poids.
— Pour être parfaitement honnête, ma chère Hilda, je me moque bien de ce qui peut arriver à ce pays lugubre !
Menteur. Yuga avait envie de crier, de se libérer de cette créature horrible. Mais elle continuait à parler, à travers lui.
— Aussi, tu m’excuseras si je préfère poursuivre mon propre rêve…
— Je reconstituerai la Triforce et ferai de ce monde un véritable chef-d’œuvre ! coupa sèchement Yuga.
Hilda ne comprenait plus. Une phrase, la bête parlait, à la suivante, elle entendait la voix haut perchée de son ami.
Yuga livrait bataille contre Ganon. Le seigneur du mal voulait réduire ce monde à néant ? Qu’à cela ne tienne, il était sombre et laid. Peu lui importait le sort de Lavio, Julius, Link et tous ces idiots. Mais pas Hilda. Il allait la protéger, la protéger derrière une toile, le temps que Lorule renaisse de ses cendres.
— Ta place est d’ailleurs toute trouvée : tu seras le joyau de ma collection !
Lumière aveuglante, et Hilda disparut entre les quatre bords d’un cadre de bois sombre.
— Oh… Quelle beauté radieuse, et quel chef-d’œuvre ! Décidément, tu ne me déçois pas.
Et il absorba le portrait tout entier, Triforce comprise.
— Je possède enfin la plus belle chose que cet horrible monde ait à offrir… sans oublier le pouvoir des Dieux… Il ne me reste donc plus qu’une chose à faire… M’assurer de ne jamais revoir ton affreux visage !
Il lui lança une boule d’énergie sombre, qu’il renvoya, comme dans ces jeux de balle auxquels jouaient les enfants du village. Il la poussa dans sa direction, il la lui rendit, et la machine s’enraya.
Ganon ne supportait pas la magie de la Triforce.
La douleur le fit se plier en deux, mais l’adrénaline du combat la dissipa bien vite. En dernier recours, il se transforma en dessin sur le mur. Quelle ne fut pas sa surprise quand l’avorton l’y rejoignit et tira une flèche de lumière scintillante.
Le projectile se planta droit entre ses deux yeux, et il s’évanouit.
"""C'était dur, moi qui déteste écrire des batailles ! En vrai, c'était sympa. Alerte lapin dans le prochain chapitre."""
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