Chapitre 38, où revient celui qu’on croyait disparu
Quelque chose avait brisé le sort, libérant les deux princesses.
— Que veux-tu que je… marmonna Hilda.
Devant l’étrange spectacle de cette Lorulienne haletante et ensanglantée, Zelda ne sut plus où se mettre.
— Ainsi, dit-elle finalement, c’est également à vous que je dois mon emprisonnement sur cette toile… Princesse Hilda. En tant que souveraine d’Hyrule, je comprends que vous ayez voulu tout tenter pour sauver votre royaume.
— Comment pourrais-tu comprendre ?! souffla Hilda. Protégé par sa Triforce, ton royaume n’a rien à craindre…
— Pourtant, je…
Elles ne voyaient même plus Link, pourtant debout entre elles.
— Tout n’est pas encore perdu… Je ne l’accepterai pas !
Soudain, un marchand habillé en lapin vint s’échouer au milieu de la discussion. Du sac qu’il portait jaillirent quelques rubis, qu’il s’empressa de ramasser.
— Attendez !
Lavio rejeta sa capuche en arrière. Il ressemblait à Link en tous points, mais ses cheveux étaient noirs, et ses yeux arboraient un magnifique vert rubis.
— Link… Je… Je suis en fait un habitant de ce monde. J’étais au service de dame Hilda, il y a bien longtemps. Princesse Zelda, si cela ne vous fait rien, j’aimerais essayer de lui parler.
Quand il se tourna vers Hilda, ses yeux étaient pleins de larmes.
— Je vous demande pardon, princesse Hilda. Je ne suis qu’un lâche, comme vous le savez… J’étais incapable de vous arrêter, Yuga et vous. Je suis donc parti demander l’aide du héros d’Hyrule.
— Ainsi, tu m’as trahie pour te ranger aux côtés du héros ?
Lavio était agenouillé devant elle, le visage mouillé. En face de lui, Hilda écumait de rage. Ses deux seuls amis l’avaient trahie.
— Ce n’est qu’une façon de voir les choses… dit le garçon en violet. Ce que je voulais surtout c’est voir Lorule retrouver sa lumière d’antan ! Mais la poursuite de ce but nous donne-t-elle le droit de condamner Hyrule ?
En un sens, il avait raison. Amener leur Triforce à Lorule, rien qu’un instant, avait largement empiré l’état des deux mondes.
— Si tu ne prends pas ce droit, c’est Lorule que tu condamnes !
Il secoua la tête.
— Croyez-moi, je sais à quel point le destin de Lorule vous tient à cœur. Mais croyez-vous sincèrement que votre méthode soit défendable ?
Elle ne sut quoi répondre.
— Après tout, dit Lavio, vos ancêtres avaient une bonne raison de détruire la Triforce. Ils voulaient mettre fin aux conflits nés de la convoitise qu’elle éveillait.
— Je ne…
— Mais en menant à bien votre plan, Votre Altesse…
— Votre Altesse… répéta doucement Hilda.
— Vous laissez votre convoitise pour la Triforce répandre une nouvelle fois la destruction. Princesse Hilda… Je voulais vous sauver de vous-même, vous qui n’avez jamais voulu que le bien de Lorule !
Il leva vers elle un regard plein de compassion.
— Princesse Hilda… Il est encore temps de tout arrêter. Sans la Triforce, Lorule a perdu son lustre et sa grandeur… mais c’est toujours notre royaume !
Hilda eut une moue solennelle.
— Princesse Zelda… Je crains de m’être égarée en chemin. Le pouvoir de la Triforce m’a aveuglée. Je ne suis pas digne de régner sur Lorule…
— Princesse Hilda…
— Link, héros du royaume d’Hyrule. Tu possèdes le véritable courage et ton cœur est pur. La place de la Triforce est dans ton monde. C’est là qu’elle doit reposer. Je vais vous renvoyer tous les deux en Hyrule, et la Triforce vous y suivra.
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