Journal de Clara

2 minutes de lecture

06/08/2022

Qu’est-ce que je fais là ? C’est la question que je me pose tous les jours depuis le début de ce camp.

Papa. Voilà pourquoi je suis là. Pour le rassurer. Me faire voir plus de gens ne me fera pas aller mieux. Au contraire. Les gens m’épuisent, les filles avec leurs ragots et les mecs qui font constamment les cons et ne se rendent pas compte de leur lourdeur. Leur superficialité m’épuise. Hier soir, on a tous joué au Piccolo, je me suis laissée entraînée pour qu’on me foute la paix. Le Piccolo aurait pu être fun si ça m’intéressait de faire la con. A part poser des questions indiscrètes et faire des blagues de merde… Même les animateurs sont trop jeunes pour être sérieux.

Une colo à 18 ans… J’ai vraiment rien à foutre là. 90% de mon groupe a 16 ans. Je suis encore plus seule ici mais pas la solitude que j’aime. J’espère que ça suffira à Papa et que Mamy n’insistera pas. J’en ai marre qu’on se mêle de ce que je peux ressentir, de ce qu’ils imaginent que je ressens et de ce qu’ils pensent que je dois ressentir.

Encore une semaine à tenir… Une petite semaine et je retournerai chez Papy et Mamy.

Je n’ai toujours pas répondu à Théo… Devrais-je le faire ? Serait-ce pour lui ou pour moi ? Je ne veux pas qu’il s’attache et il est déjà attaché. Il n’est pas prêt à ce que je parte en septembre. Le suis-je ?

Papa n’est pas prêt non plus, pas prêt à être à nouveau seul. Même si nous étions simplement seuls à deux. Ça le prépare que je sois chez Papy et Mamy… Et ça m’évite de l’entendre rabâcher tous les jours que je vais gâcher ma vie en partant dans l’écologie. Je lui ai montré les belles affiches qu’ils ont fait avec le rapport du GIEC, tous les chiffres, etc. Rien à faire, le réchauffement climatique c’est de la merde, il paraît. Après il me lance dans la tête que je ne devrais pas prendre la voiture dans ce cas. C’est vrai.

On devrait se soutenir entre nous mais j’ai l’impression que plus on avance plus on creuse l’écart. Ça a commencé avec la maladie de Maman. Comme si c’était Maman qui tenait le trio, que sans elle il n’y avait plus rien.

Quand je vais partir, ça va être pire. Je n’ai pas prévu de rentrer, pas même pendant les vacances. J’espère que ça ira pour lui, je n’ai pas envie de devoir m’en inquiéter. Je n’ai plus envie d’aller à Bordeaux, les souvenirs y sont trop lourds. Quand je pense à Bordeaux, je revois l’hôpital, la maison qui sent la mort, les murs tristes, les pièces de théâtre qui prennent la poussière dans un tiroir…

Et je ne dors toujours pas.

07/08/2022

J’ai craqué. Je me sentais trop vide, trop transparente, trop inexistante, trop éteinte. Hier, il est venu toquer à ma tente et je l’ai laissé entrer. Ce n’était même pas agréable. Je regrette, je pense à Théo et je me déteste.

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