9. Rêve éveillé

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J’ai besoin de faire une pause. Ce ne sont pas tout à fait les informations que je cherchais. Il est logique qu’elle ait posté des souvenirs de son défunt mari, du père de ses enfants. Elle l'aimait, lui. Des brûlures d'estomac me font soudain grimacer.

J’avale mon café d’une traite, range le portable dans ma poche une nouvelle fois et signe la feuille de gratuité au comptoir. Ceci-dit, je n'ai rien trouvé qui puisse me porter à croire qu'un autre homme partage sa vie.

Ma Rolex Daytona m’apprend qu’il est bientôt l’heure du dîner. Je parcours le trajet en sens inverse, indifférent aux touristes qui croisent mon chemin, épuisé par la myriade d’émotions ressenties au fil de la journée. Les ascenseurs privés me conduisent dans mes appartements où je me prépare à rejoindre Angie et John au restaurant gastronomique.

Plusieurs clients fortunés viennent nous saluer et s’enquérir de ma santé. Je ne rectifie pas leur erreur, me contentant de réponses toujours aussi brèves. Mes mensonges ne convainquent pas ma sœur :

— Qu’avais-tu à faire de si important dans tes appartements pour t’y enfermer si longtemps ? demande-t-elle, suspicieuse sans me quitter des yeux, sa flûte de Champagne rosé au bord des lèvres.

— Le surcroît de travail à notre retour m’a causé de fortes migraines. Mais le repos de ces dernières semaines m’a remis sur pied, j’explique avec une désinvolture que j’espère persuasive.

Ce don je doute vu ses lèvres pincées et son visage assombri. Elle repose lentement son verre tandis que sa poitrine gonfle quand elle prend une profonde inspiration.

— La vérité, Lukas. Si tu es malade, j’ai le droit de savoir et j’apprécierais que ça vienne de toi. J’ai respecté ton intimité quand tu ne répondais ni à ta porte, ni à nos appels. À ton tour de me respecter.

Un duel de regards s’engage alors.

Elle ne comprendra pas mon intérêt pour Carly. Elle ne l’acceptera pas, précisément, et elle verra là une excellente raison de convier toutes ses connaissances féminines à notre table ou à chaque divertissement que nous partagerons.

Un bref coup d’œil à John me conforte dans l’idée que je n’ai pas d’aide à espérer de sa part. Je concentre à nouveau mon attention sur ma sœur qui n’a pas bougé, et reprends là où je l’avais quittée.

— Je n’ai pas d’autre explication, Angie. Tu devras te satisfaire de celle-ci, j’affirme avec rudesse.

— Admettons. Dans ce cas, à la première heure demain matin, je convoquerai le docteur Rembart pour qu’il t’examine. Des examens sont nécessaires, on ne souffre pas durant trois semaines sans consulter !

L’expression de son visage a changé, elle exprime maintenant une angoisse certaine. Ma sœur, derrière son allure hautaine, dissimule la profonde blessure dont nous avons souffert enfants. Elle craint d’avoir à la subir encore.

— Ça ne sera pas utile, je n’ai plus rien, je tente encore, avec plus de douceur.

Finalement, mon ami serre affectueusement sa main posée sur la nappe blanche, et lui adresse un regard rassurant qui semble l’apaiser. Elle se détend vite et devient même fort enjouée, quand je propose une virée en discothèque.

Là encore, quelques visages connus, principalement féminins, viennent se rappeler à mon bon souvenir.

Ma sœur, mon frère et moi passons un agréable moment à rire et flirter. Je persuade John de me laisser consommer une ou deux coupes de Champagne. J’ai retenu la leçon, et je suis conscient de ruiner le peu de chances qu’il me reste auprès de Carly si je persiste dans l’ivresse de l’alcool. Pourtant, ce soir, la boisson ne me permettra pas d’oublier, seulement de me détendre quelque peu.

Stratégie qui fonctionne puisque je me retrouve à la porte de mes appartements, une fille, Pamela je crois, accrochée à mon bras. Elle est jolie et sexy, et sa bouche pulpeuse promet de mémorables sensations, autant que le rire profond qui s’en dégage.

À la porte de ma chambre, elle commence par goûter mes attributs d’une manière savante, et salivante. J’ouvre la porte de la pièce et la dirige vers le lit avant qu’elle ne m’entraîne peu à peu vers un feu d’artifice qui me laisse dans un état de quiétude. Son propre désir inassouvi, elle n’en a pas terminé avec moi. Elle profite des courtes minutes pendant lesquelles je récupère pour se caresser, sans me quitter des yeux, sa langue frôlant ses lèvres entrouvertes. Je m’empare de sa main et la dépose sur ma poitrine avant de jouer de mes doigts dans son nectar. De son côté, elle s’amuse avec mon sexe déjà tendu sur lequel elle a déroulé un préservatif, en poussant de petits gémissements en rythme avec sa poitrine qui se soulève. Je me redresse et m’installe entre ses jambes écartés avant de la pénétrer avec lenteur. J’aime ça. Pourtant, ça ne me suffit pas. J’accélère le mouvement, provoquant au passage les gémissements de ma partenaire qui appuie sur mes hanches pour me pousser à explorer plus encore ses profondeurs. Sa langue frotte sa bouche avec plus de vigueur quand nos yeux se croisent, puis elle redresse légèrement les épaules pour mater ce qu’il se passe plus bas. Agacé, je saisis ses poignets et les maintiens de chaque côté de sa tête avant de baisser les paupières et de poursuivre le balancement de mon bassin avec plus d’ardeur encore. Un objet tombe avec un bruit étouffé sur l’épaisse carpette au pied du lit.

Un parfum de violette mêlé à une voix, celle de Carly. Elle murmure. Lukas. Mon cœur manque un battement tandis qu’une suave gêne envahit le bas de mon ventre.

— Vas-y, implore Pamela, excitée.

Je grogne, perturbé par cette agaçante intonation. La voix douce et suppliante : arrête de te retenir. Le bouchon saute, j’explose et laisse libre court à une multitude de sensations.

Épuisé, je me laisse tomber sur le matelas, à côté de la fille qui m’adresse un sourire digne d’une pub pour dentifrice. Elle se love contre moi, à la recherche de tendresse, sûrement. Je n’ai plus rien à lui offrir, pas plus qu’à toutes celles d’avant. Je me lève et enfile mon boxer, dos au lit.

— La salle de bain est à l’entrée. Tu peux t’y arrêter avant de partir, si tu veux.

Mon orteil cogne l’objet plat et solide qui a rejoint le tapis persan un peu plus tôt. Le vieux téléphone ! Je le ramasse et gagne le salon, à l’étage. Après m’être servi un soda glacé et l’avoir déposé sur la table basse, je m’installe confortablement sur le sofa et cherche le site Scribay sur le portable. Il s’agit d’une communauté d’auteurs qui propose un traitement de texte. Voyons voir si Carly y a publié son roman.

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