30. Le satin et la soie
Une poule sauvage surgit de nulle part en courant et caquetant à tue-tête, alors que nous nous hâtons vers la voiture. Nous la regardons passer avant d’éclater de rire pour avoir sursauté aussi violement au cri d’une si petite bête.
Durant le trajet, Carly s’intéresse au genre de musique que j’affectionne, aux films et séries qui me tentent, à mes acteurs préférés. Il est, selon moi, inconcevable de ne pas aimer Star Wars, pourtant, je découvre qu’elle déteste. Par contre, elle regarderait bien Harry Potter pour la sixième ou septième fois.
Un titre à la radio attire son attention et elle me demande de scruter la tablette jusqu’à l’affichage de l’interprète, car elle veut le rajouter à sa playlist. Il faudra que je vérifie qu’elle n’en ait pas plusieurs. Lui poser directement la question sera plus correct, et j’espère qu’elle n’apprendra jamais mon intrusion sur ses comptes personnels. Peut-être que si nous parvenons à vivre heureux ensemble un jour, quand nous serons vieux et que je ne craindrais plus de perdre sa confiance, je lui avouerais.
Ma peau tire, elle est sèche, la sensation est fort désagréable et j’aimerais bien me doucher. Avec elle. Hélas, madame a décidé qu’il fallait décharger la voiture et étendre les serviettes sur le fil, à l’arrière de la maison. Si j’espère passer le savon dans son dos, je n’ai pas le choix, je dois l’aider.
Enroulée dans son paréo, elle joue à cache-cache entre les draps de bain, me pince quand j’essaie de l’attraper, jusqu’au moment où mes bras se referme autour de ses hanches, la rapprochent, la collent à moi. Le silence n’est troublé que par le chant des grenouilles et des criquets, ainsi que par les battements de mon cœur qui résonnent dans mes tympans. Elle ne rit plus, plongée dans l’intensité de mon regard que je sais intense, brûlant. Je la sonde. Elle est près de moi depuis quelques jours, pourtant, elle me manque. Que ressent-elle ? Éprouve-t-elle les mêmes douleurs que moi à l’idée de nous séparer ? Essaie-t-elle d’imaginer un avenir pour nous deux ? Moi, je veux y croire encore, et la pression qu’exercent ses doigts sur ma nuque me prouve que j’ai raison.
Sa bouche me réclame, et lorsque nos yeux se croisent, ses paupières s’abaissent, ses lèvres se séparent et son souffle se mêle au mien quand je réponds à son appel. Elle gémit, prouve son désir, son attente. Mon corps la réclame déjà et mes bras la serrent plus fort pour la rassurer, pour qu’elle sente mon ardeur. Je m’écarte légèrement pour prendre une profonde inspiration et remercier le ciel de nous offrir encore des moments de bonheur à partager. Peut-être Dieu existe-t-il finalement.
Des grains de sable s’incrustent sous mes caresses et les rendent râpeuses. Je m’entends alors murmurer la plus grosse connerie de toute ma vie :
— Il manque juste une piscine pour nous rincer, ma chérie.
Vas-y, mec ! Ne perds pas de temps et donne-lui tout de suite le nom de ton rival !
Heureusement que ma belle fait preuve de plus d’intelligence. Au lieu de relever mon ineptie, elle se dégage, entrelace nos doigts et me guide jusqu’à sa salle de bain. Après une courte halte au niveau de sa table de chevet, elle déclenche une grosse douche suspendue puis quitte le tissu fin qui la recouvre. Avec plus de lenteur, sans me quitter des yeux, elle dévoile ses deux jolies petites poires quand elle laisse tomber le haut de son maillot. Je n’esquisse pas le moindre geste et me contente d’admirer, la bouche ouverte, le spectacle qu’elle me réserve à nouveau. Elle se colle à moi, s’empare de mes mains et les dépose sur la culote brésilienne, avant de leur suggérer une flâneuse descente. Ses mains sur la ceinture de mon caleçon me servent de guide. Elles dessinent ma taille, longent les deux aines et en profitent pour libérer mon sexe enflammé, bifurquent et dessinent mes fesses, avant de glisser sur mes cuisses pour abandonner l’habit dans sa chute. Je m’en débarrasse d’un vif coup de pied, imité par ma princesse, dont les bras sur les miens nous entrainent sous le jet d’eau. Bouche contre bouche, nous nous pressons, nous caressons, nous palpons. Ma belle s’éloigne, dépose quelques gouttes de gel douche dans sa paume et entreprend de nettoyer mon sceptre qui atteint vite l’ébullition. Son regard brillant me cherche et ses lèvres se précipitent sur les miennes. Pourtant, je suis obligé de m’écarter pour reprendre mon souffle, de m’appuyer à la faïence pour tenter de me ressaisir.
Alors qu’elle manipule mon membre avec toujours autant de douceur, elle s’agenouille. Je ferme les yeux un court instant puis la repousse dans un sursaut, mes doigts sur ses épaules :
— Non, non, non, non. C’est toi que je veux, Carly. Je veux qu’on fasse l’amour, ensemble, supplié-je, haletant.
Elle fait couler quelques gouttes de savon sur une fleur de douche et entame un nettoyage savoureux de mon anatomie, sans résister à l’envie de me goûter lorsque l’éponge frôle mon érection. Je ne peux retenir un râle de plaisir. Elle sourit, j’en suis sûr. Moi aussi.
Je respire un grand coup avant de l’arrêter une nouvelle fois. Je la débarrasse de son bouquet, le rince et récupère quelques larmes de liquide parfumé. Mes yeux s’arrêtent sur son triangle où ma langue dessine un cœur avant de découvrir l’aine gauche, puis la droite, sous les gémissements de ma belle qui se tient au mur, comme moi auparavant. Tandis que je joue en haut de ses lèvres, mes doigts esquissent la ligne de ses fesses, remontent et frôlent l’entrée de son nid d’amour. Ma poupée halète, les doigts écartés sur la faïence, ses cuisses tremblent. Elle sent monter le plaisir, voudrait le retenir. Moi, je suis prêt, comme à chaque fois qu’elle pose les yeux sur moi avec tendresse, et même plus encore. Son bas ventre avance, réclame plus, puis recule, par crainte de ne plus pouvoir contenir l’explosion.
Le carré d’alu est là, sur le robinet. Je m’en empare, le déchire et le déroule rapidement, sous le regard affamé de ma belle. À peine ai-je terminé qu’elle entoure mon visage de ses paumes, m’embrasse avec ferveur en se frottant à moi. Mes mains sous son fessier, elle se laisse porter et enroule ses jambes autour de ma taille pendant que je coince son dos contre le carrelage. Je la pénètre enfin, au bord, comme si j’hésitais à découvrir son intimité. Des picotements envahissent mon bas ventre, mon rythme cardiaque s’accélère, comme la respiration de ma reine qui se saccade. Immobile, je cherche à freiner les pulsations de mon désir et souffle mon excitation avec une profonde lenteur. Ma Carly en veut plus, elle me cherche. Pas si vite. Je m’écarte et quitte à contrecœur son nid douillet avant de la laisser retrouver le sol.
Sous son regard intrigué, je coupe l’eau avant de prendre ma belle dans mes bras et de l’emmener à tâtons dans la chambre faiblement éclairée par la lumière de la salle de bain. Je grimace devant la moustiquaire et amuse ma poupée qui rit doucement.
— Toute la literie va être trempée, glousse-t-elle quand elle se penche tant bien que mal pour ouvrir le rempart.
Je la dépose sur le lit et balaie les arguments de quelques mots tandis que je referme le zip :
—Je te rachèterai tout ça, mon cœur.
— Ça fait cher la passe, pouffe-t-elle en se collant à moi dès que je me tourne vers elle.
— Rien n’est trop cher pour ma reine.
Pressé de sentir encore sa peau chaude et parfumée sous la mienne, je m’allonge au-dessus d’elle pour la couvrir de baisers gourmands. Ma bouche s’attarde sur le triangle blanc, habituellement recouvert du bas de maillot de bain. Ma femme frémit, gémit. Elle se cambre, soupire plus fort, alors que ma langue effleure ses lèvres sirupeuses. Ses doigts martyrisent la couette à laquelle ils sont agrippés tandis que ma caresse s’accentue légèrement, puis ses inspirations se font suffocantes lorsque je m’insinue plus profond entre ses parois moelleuses. Enfin, elle crie quand j’embrasse et aspire son amande à pleine bouche :
— Putain, Lukas ! Viens !
Je m’étends à nouveau sur elle, m’amuse à diluer son nectar autour de mon sceptre. Elle se tord, essaie de l’engloutir, mais je m’écarte, puis reviens, m’éloigne encore…
Je la taquine entre deux baisers ardents dans son cou, sur sa bouche :
— Qu’est-ce que tu veux, ma chérie ?
Elle râle, griffe mes fesses, se colle à moi et m’entoure de ses jambes.
— Dis moi ce que tu veux, Carly, dis-le moi.
— Toi ! Je te veux, toi ! Je veux te sentir en moi.
Je n’insiste pas, le corps en feu, le bas surtout. Je franchis le seuil, hésitant. Puis je m’enfuis. J’opère une seconde tentative, mais l’obscurité veut m’envelopper. Je recule encore.
— Lukas ! Arrête de faire ça, m’implore ma poupée. Viens plus loin, poursuit-elle alors que je m’engage une autre fois dans son écrin satiné.
Elle force, enfonce ses ongles dans ma chair, mais je poursuis ma lente progression, sans la quitter des yeux. Cependant, ma résistance a ses limites et la pression devient beaucoup trop forte. Si elle ne cesse pas vite de me pincer et de gigoter, je ne serais bientôt plus en mesure de faire durer le plaisir.
— Calme-toi, ma belle, respire, murmuré-je en capturant ses mains pour les bloquer au-dessus de sa tête.
— Lukas, je n’en peux plus, gémit-elle.
— Oh si, tu peux.
Je poursuis mon petit jeu encore quelques instants, mais l’envie de la posséder est trop forte. Je me retire, sans toutefois quitter entièrement mon abri, puis replonge dans cet onctueux nuage en prenant mon temps, le souffle coupé. J’expire dans le cou de ma belle, tente d’apaiser les battements de mon cœur, mais c’est sans compter sur ma trépidante maîtresse. Ses hanches remuent sous moi, se collent reculent, ondoient, tandis que sa douceur m’entoure, se frotte tel un voile. Je la laisse faire et me retiens, jusqu’au moment où mon besoin d’abandonner devient trop fort.
— Va doucement, ma chérie.
— Non, gémit-elle en accélérant ses mouvements du bassin.
Je me retire, me soulève et l’invite à se retourner. Je murmure, hésitant :
— Reste à genoux, s’il-te-plait.
Elle ne répond pas, accède à ma requête, et me présente ses fesses alors qu’elle couche sa poitrine sur le drap. Son assentiment me va droit au cœur, en plus d’être au-delà de mes espérances. Ma main sous sa nuque, je me réfugie dans cette rivière soyeuse pour un ultime voyage. Alors que nous entamons une danse plus frénétique, elle tend le bras et récupère un objet sous l’un des oreillers. Un léger bourdonnement me parvient, et se dirige droit vers la dragée de mon amante. Je souris quand de fines vibrations se mêlent aux merveilleuses sensations qui nous secouent.
Quelques secondes suffisent pour que ma belle se mette à ahaner, en pleine perte de contrôle. Ces petits cris ont raison de ma résistance et je lâche prise à mon tour, violement remué par de sensationnels soubresauts.
Je me laisse tomber près de cette femme qui occupe toutes mes pensées, cette femme sur laquelle je veux encore ouvrir les yeux au petit matin.
Elle se tourne sur le côté et me fait face. Elle me sourit timidement. Pourquoi ? J’admire son visage rayonnant.
— Ça t’a gêné ? demande-t-elle en cessant de tortiller les poils de mon torse sur son doigt pour me dévisager d’un air coquin.
Je me régale de ses hésitations pudiques, alors qu’elle possède un tel pouvoir de séduction et pour cette raison, je décide de la taquiner :
— Quoi donc ?
Elle baisse la tête, bégaie un peu avant de trouver le terme qui lui convient :
— Mon jouet, avoue-t-elle sans oser lever la tête, concentrée sur les cercles qu’elle dessine autour de mon téton.
Si elle continue, elle pourrait bien raviver mon désir.
— J’ai adoré, avoué-je en riant alors que je me jette sur sa bouche pour l’embrasser. Tu m’as surpris, mais tu sais, tu peux me surprendre autant que tu veux.
Une mèche de cheveux barre son front. Je la dégage avec délicatesse, prends une profonde inspiration et me lance :
— À ce propos, ma proposition de voyage, chez moi, tient toujours. Plus que jamais, d’ailleurs. Je veux qu’on se revoie. À moins que tu préfères qu’on en reste là.
Annotations
Versions