35. Alors, on dance

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L’armistice n’est pas encore signé entre nous.

Je me lève, augmente le volume de l’enceinte déposée sur le comptoir et invite ma belle à danser sur Centuries du groupe Fall Out Boy. Sybille nous rejoint, puis John. Le dernier couple s’est rapproché pour nous regarder. Chacun vit la chanson à sa manière, sous le regard hébété des jeunes. Carly vibre avec la musique, elle est habitée, déchainée. Elle se tord, se baisse comme si elle tombait, chante à tue-tête, agrippe ma chemise et m’embrasse avec ferveur. Elle s’éloigne pour sautiller avec frénésie, puis revient se jeter sur moi avant de sauter pour m’entourer de ses jambes. Ses lèvres dévorent ma bouche, puis elle s’échappe à nouveau. Je me sers un nouveau bourbon et admire ma belle qui se défoule maintenant sur The Killers, Somebody told me, avec le fauve et mon bro. Paulo vient s'accouder au passe plat, à côté de moi tandis que sa femme se lance et se trémousse gentiment à côté des autres.

En sueur, essoufflée, ma poupée se laisse choire sur une chaise et nous réclame à boire. <<Une bière>>, précise-t-elle. Je trouve une bouteille dans la glacière et la lui apporte, mais elle se dodeline entre les deux couples qui dansent sur Sign of the Times, de Harry Styles. Ma princesse se laisse doucement bercer par la musique, la tête penchée en arrière, les yeux clos. Je glisse la bouteille entre ses doigts, l’entoure de mes bras et me laisse guider. Aux premières notes de Valentine, de Maneskin, le balancement de ses hanches se fait plus sensuel. Quand le chanteur marque une pause au profit des instruments, les paumes de ma femme viennent se poser sur ma joue tandis que son crâne repose sur mes pectoraux. Damiano David invite ma poupée à se retourner lorsqu’il reprend ses murmures à son micro. Sa jambe se faufile, entre les miennes, son bassin me cogne avec délicatesse, me frotte avec insistance quand elle se penche en arrière, maintenue par mes mains dans son dos. Elle se redresse d’un coup, souriante, les yeux fermés, pour m'embrasser avec fougue. Comme c’est bon ! Un incendie me consume, d’une manière identique aux autres fois, dès que nous nous pressons l’un contre l’autre, que son regard m’embrase ou que notre baiser se fait si puissant que je ne résiste pas à l’envie de serrer ses fesses, comme si ce geste pouvait nous rapprocher encore. Les jeunes, penchés sur leurs portables, ne prêtent aucune attention. Mes doigts reviennent se poser sur les hanches de ma belle tandis que ses ongles s’infiltrent sous ma chemise ouverte, s’amusent avec mes tétons. Elle m’observe et affiche un sourire aguicheur.

— Carly, tes enfants sont là.

Je préfère le lui rappeler avant de me prendre une douche froide. Elle serait bien capable de me reprocher d’avoir profité de son état quand elle reprendra ses esprits.

— Tu n’aimes pas ce que je fais ? demande-t-elle en s’arrêtant.

Elle ne me laisse pas le temps de répondre et passe déjà à autre chose :

— Je vais chercher le champagne.

— Tu as assez bu, tu devrais t’arrêter là et éviter les mélanges, conseillé-je alors que je la retiens par le bras.

— Lukas, tu me fais quoi, là ? Il y a très longtemps que je ne m’étais pas laissée aller à ce point. Je suis bien, et j’ai envie de champagne. Je ne suis pas saoule, Lukas, je vis.

— Le champagne va t’achever, insisté-je. Et tu m’accuseras de ne pas t’en avoir empêchée, Carlyanne.

Sa réponse est cinglante, telle une gifle sur la joue, elle me déchire le cœur d’un coup sec :

— Tu n’es ni mon père, ni mon mari, Lukas.

Puis elle se radoucit :

— Fais-moi confiance.

Sa paume ouverte glisse autour de mon visage avant qu’elle parte vers la cuisine.

Elle revient à peine deux minutes plus tard, l’objet de sa convoitise à la main, en se tortillant sur les notes de Warriors, d’Imagine Dragons. Des images de League of legends et des nuits passées à me battre contre mon bro me reviennent. Il me regarde justement, et m’adresse un clin d’œil. Je lui en destine un en retour, ravi que nous soyons toujours sur la même longueur d’ondes.

Ma belle entoure mon cou de ses bras, la bouteille encore entre les doigts. Elle se frotte langoureusement à moi, enivrée, non pas à cause de l’alcool, mais par la musique de Radiohead et son interprète qui chante Creep.

Sybille et John, assoiffés, se séparent, examinent leurs verres vides et s’échangent des grimaces, jusqu’à ce que l’ourse repère le trésor que ma poupée tient encore.

Elle s’en empare et brandit le trophée en criant :

— Qui en veut ?

Ok, pas la peine d’insister. Je soupire ma résignation alors que ma belle les rejoint en imitant gauchement une danseuse étoile. Je me moque gentiment, mon départ est trop proche pour que nous nous querellions. D’un autre côté, nous ne profiterons pas des quelques heures qu’il nous reste si elle boit au point de s’en rendre malade.

— Lukas, une coupe ? gronde l’ourse, près de ma belle au regard défiant.

J’acquiesce et arrache un large sourire à ma belle. Elle attend que nous soyons tous servis pour me tendre un verre et trinquer.

— Joyeux anniversaire, Carly, murmurè-je avec tendresse en l’enlaçant.

Elle hésite et me jauge avant de me détromper :

— Qu'est-ce qui te fait croire que c'est mon anniversaire ?

— Souvent, les gens ne consomment du champagne que lors d’occasions comme les mariages ou les anniversaires, expliqué-je, embarrassé de m'être mépris.

— Je voulais te faire plaisir en ouvrant cette bouteille ce soir, avoue-t-elle d’un air déçu.

Mon cœur se gonfle de joie à l'idée qu'elle cherche juste à me combler davantage ! Et moi qui lui prenais la tête ! Mes ongles s’immiscent entre ses cheveux emmêlés tandis que je me penche pour l’embrasser avec toute l’affection dont je suis capable.

— Carly, tu n’imagines pas à quel point je suis touché par ton geste. Je ne crois pas qu’une femme ait déjà pensé à moi sans penser d’abord à elle, à ses désirs. Encore une chose qui te rend unique.

Elle sourit d’un air espiègle en jouant avec le col de ma chemise :

— Quelles sont les autres choses ? s’enquiert-elle, vivement intéressée.

J’éclate de rire, m’écarte et maintiens fermement son poignet avant de l’inviter à tourner sur elle-même, puis de la ramener à moi. Emmitouflée dans mes bras, ses paumes sur ma poitrine, nous oublions à nouveau notre entourage quand nos lèvres se retrouvent.

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