Chance International Overseas

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Saka & Nash Investigators, Main Street, Los Angeles

Avec la confirmation de Nash, Saka reprit des investigations plus poussées autour de l’entreprise Chance International Overseas, qu’elle décida de dénommer simplement Chance dans ses notes. Le site de Bloomberg lui permit de valider le commentaire de Sam et les premières constatations de son associé. La vocation de Chance était d’importer des produits manufacturés en provenance d’Asie, Chine, Corée, mais surtout Laos, Thaïlande et Birmanie. Les principaux produits étaient des biens à faible valeur ajoutée, revendus avec de fortes marges sur le marché nord-américain. Mary s’intéressa ensuite aux dirigeants statutaires cités. Etrangement, elle ne trouva aucune activité sur les réseaux sociaux professionnels ni adhésion à des associations patronales. Cela ne pouvait avoir qu’une signification. Ces hommes et femmes n’étaient que des prête-noms, et la conclusion directe que Chance n’était qu’une façade destinée à masquer la vocation primaire de l’organisation. Cette découverte n’était pas vraiment une bonne nouvelle. Qu’il soit le patron de Chance ou simplement un associé actif, l’adversaire de Mike n’était pas à prendre à la légère. Ce n’était peut-être qu’un fils à papa flambeur, mais il ne fallait jamais négliger les solidarités familiales dans un tel contexte.

Elle laissa de côté la question et se plongea dans ses affaires en cours, en attendant de pouvoir en discuter avec Nash. Elle entreprit la rédaction du rapport final d’une enquête menée pour le compte d’une entreprise de technologie. Le directeur général s’étonnait de se voir devancer assez régulièrement par un concurrent annonçant de nouvelles avancées, juste avant lui. Sur les conseils de Saka, il avait distillé quelques informations plausibles, mais erronées, aux quelques cadres qu’il pouvait soupçonner. La reprise de l’une de ces infos dans un communiqué de presse lui avait permis de cibler la source de la fuite. Les filatures de Nash avaient confirmé que l’ingénieure incriminée avait une relation avec un membre du board du concurrent. La mission de Saka et Nash s’arrêtait là. La rémunération leur permettrait de vivre quelques semaines et de consacrer du temps à leur ami Mike, pro bono[1].

Nash revint au bureau en fin d’après-midi. Saka venait juste de prendre connaissance de l’invitation du musicien.

« Tu arrives pile à temps, commença Mary, je viens de recevoir un message de Mike qui nous propose de passer prendre un verre chez lui.

— Euh, oui, pourquoi pas, répondit Nash.

— Ça à l’air de te poser un problème, je peux y aller seule, tu sais.

— Non, non, je vais venir aussi. C’est juste que je n’ai pas beaucoup dormi ces dernières nuits.

— C’est une blonde ou une brune ?

— Mais non, ça n’a rien à voir ! Je suis sérieux. Je vais venir, mais je ne trainerai pas, c'est tout. Il ne joue pas ce soir ?

— Je suppose que non ! Tu as du nouveau concernant ses agresseurs ?

— Je t’ai déjà transmis l’essentiel. Ce Jack Russo à l’air d’un drôle de gus. Il vit seul, dans un quartier résidentiel, il n’a pas l’air apprécié de ses voisins, qui ne le voient pratiquement jamais. »

Un bip retentit sur le portable de Nash.

« C’est un texto de Sam Feelgood. Un de ses gars a pu obtenir l’identité de notre homme à la Lamborghini. Il s’agirait de Leonardo Giordano, ce qui justifie le LEO sur sa plaque.

— Plutôt mégalo le gars ! Il te donne le lien avec Chance ?

— Non, c’est des bikers, pas des détectives. Il ne faut pas trop demander.

— On va tout de suite regarder si on a quelque chose sur lui, proposa Saka en relançant son ordinateur. Ah, merde ! il a un homonyme, un politique brésilien. Il va falloir affiner les requêtes. »

Cela lui prit quelques minutes, mais finalement, Saka finit par avoir une certaine idée du personnage. Leonardo Giordano avait la quarantaine, une vie mondaine particulièrement active, fréquentant les soirées de Beverly Hills comme celles de Malibu. Il semblait avoir un goût prononcé pour les jolies femmes, jeunes voire très jeunes, et les grosses cylindrées. Certaines de ses photos n’auraient pas été déplacées dans un clip de Gucci Mane ou de B.o.B.

Plusieurs clichés le montraient dans un ranch. Les commentaires laissaient entendre qu’il s’agissait de sa résidence principale. En croisant plusieurs outils, Saka parvint à localiser la propriété dans les Santa Monica Mountains, à proximité de Mulholland Highway. Le cadastre lui apprit que le domaine appartenait à une société financière, elle-même détenue par un certain Angelo Giordano et deux associés.

« Il ne faut pas juger les gens sur leurs origines, déclara Saka en commentant ses recherches pour son partenaire, mais j’espère que nous n’avons pas mis le doigt sur une ramification de la Pieuvre. »

[1] Pro bono : le fait de donner des conseils (généralement juridiques) sans demander de rémunération

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