Carjacking

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Terminal Island Freeway, Long Beach

Il était presque deux heures du matin quand Big Joe referma les portes arrières du van commercial. Moose s’installa sur la place du passager. Le véhicule, un Ford Transit aux couleurs d’une société de nettoyage, sortit de l’entrepôt de Chance International Overseas et s’engagea entre les allées de containers en attente. Le conducteur s’engagea sur Seaside Freeway avant de rapidement bifurquer vers Commodore Schuyler F.Heim Bridge. Ni le chauffeur ni son passager ne prêtèrent attention au phare qui les suivait à quelque distance. À cette heure avancée de la nuit, la zone portuaire était presque déserte. Le van prit à droite sur Terminal Island Freeway. Comme ils arrivaient au niveau de la raffinerie Valtero, comme par défi, le convoyeur alluma une cigarette. C’est à ce moment que les motos dépassèrent le fourgon, quatre engins qui vinrent se placer juste devant le véhicule avant de progressivement ralentir. Big Joe jeta un coup d’œil dans le rétro, deux autres machines s’étaient portées à son niveau. Sur l’une d’elle, le passager braqua une arme en passant à sa hauteur.

« Fuck ! grommela-t-il en commençant à freiner. Qu’est-ce qu’ils veulent ceux-là ?

— Pourquoi tu t’arrêtes ? demanda son partenaire. Accélère !

— T’es fou, je ne tiens pas à me faire buter par ces malades. »

La suite se déroula très vite. Le passager de la moto ouvrit la portière et tira Big Joe sur le sol. Il s’installa sur le siège en braquant Moose.

« Décarre vite fait si tu tiens à ta vie ! »

Big Joe et Moose regardèrent le fourgon s’éloigner en direction de West Side avant de disparaître. L’incident n’avait pas duré deux minutes. Plusieurs véhicules étaient passés sur les voies de gauche sans que personne ne ralentisse. Peut-être que quelqu’un avait appelé le 911[1], mais avant que la police n’arrive il s’écoulerait un moment. Aucun des deux hommes n’avait envie de donner des explications aux flics et ils préférèrent s’éloigner à pied pour rejoindre Pier B Street.

Le motard de tête prit à droite sur Pacific Coast Highway jusqu’à ce que le convoi atteigne une zone de petites entreprises. Là, il s’arrêta sur un parking presque vide et mal éclairé. Le conducteur du van descendit tandis que les bikers immobilisaient leurs engins. Il jeta un coup d’œil à l’arrière du véhicule et remarqua une serrure de sécurité. Il se dirigea vers un véhicule garé à proximité et en tira un long pied de biche avec lequel il força les portes. Deux des motards montèrent à l’intérieur tandis que la porte latérale était ouverte à son tour.

« L’info était bonne, déclara l’un des hommes en redescendant. Il y a bien une palette de médocs. J’ai pris un échantillon. »

L’homme tendit une petite boîte au capitaine de route.

« De l’oxycodin[2], constata le motard. Il y a combien de cartons ?

— J’ai pas compté, je dirais une trentaine, à vue de nez.

— On les transfère vite fait dans la caisse et on fout le camp.

— Et le reste ?

— Rien à foutre, de la camelote. »

Les bikers firent une chaine pour transférer les cartons. En quelques minutes ce fut terminé. L’homme qui avait conduit le van se mit au volant et s’engagea sur la chaussée accompagné des motards, à l’exception de deux d’entre eux restés sur place. Les deux dernières motos quittèrent les lieux, laissant derrière elles un fourgon en flammes.



[1] 911 : Numéro d’urgence général aux USA

[2] Nom commercial de l’oxycodone, médicament considéré comme stupéfiant, responsable de nombreuses overdoses.

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