Jam Session
Agua Caliente Casino, Palm Springs
Lucy s’est absentée pour la journée, elle a un business à faire tourner à LA. Elle m’a appelé dans la journée et promis une surprise à son retour. Je passe la journée à essayer de sortir quelque chose du matériel qu’on a acheté, un clavier Roland connecté à un MacBook. C’est pas mal pour composer, j’ai insisté pour avoir un vrai 88 touches, mais pour jouer, c’est un peu juste. Je m’en contente faute de mieux. C’est peu avant la tombée du jour que je reçois l’appel de Nash. Lucy n’est pas encore rentrée. Je vais jusqu’au bar et je me sers un verre tout en parlant.
« J’ai une nouvelle qui va te plaire, déclare l’Indien.
— Je prends, j’en ai pas trop en ce moment.
— La nuit dernière, un camion qui sortait de l’entrepôt de Chance s’est fait braquer. Un carjacking en fait.
— Intéressant ! dis-je, pas vraiment convaincu.
— Surtout si on sait que le véhicule contenait à peu près quarante-mille étuis d’oxycodone.
— Ah oui, ça représente combien ?
— Pas loin d’un demi-million de dollars au prix de détail.
— Comment t’es au courant ?
— Du prix ?
— Non, du braquage !
— Tu sais que j’ai quelques amis… C’est des bikers qui ont fait le coup selon les convoyeurs. Tu n’as pas besoin des détails.
— C’est toi qui les a mis sur le coup ? demandé-je.
— Comment j’aurais pu savoir ? Peut-être que Sam Feelgood a senti une bonne affaire.
— T’as de drôles d’amis. T’as raison, je ne veux pas en savoir trop.
— C’est pas le chapter de Sam qui a fait le coup, il n’a pas l’envergure, mais ses gars trainent sur les docks et ils ont des oreilles. Peut-être bien que Sam a refilé l’info aux Hells, ça leur ressemblerait bien, et eux ils ont le réseau pour écouler la came.
— Qu’est-ce que ça change pour moi ?
— Giordano est vulnérable. Ça peut servir dans une négo. Par ailleurs, je ne suis pas sûr que Papa Giordano apprécie de voir son fiston se faire avoir par une bande de bikers. Il va sûrement lui passer un savon.
— Un coyote blessé peut-être dangereux ! Je n’ai pas envie de me retrouver sur son chemin.
— Il te faut encore patienter un peu, mais je t’assure qu’on va arranger les choses.
— Je l’espère vraiment, ça fait à peine quelques jours et je n’en peux déjà plus de cette vie.
— T’aime pas Palm Springs ? répliqua Nash en riant.
— Pas vraiment pour moi, non. C’est pas mon monde, pas du tout.
— Je suis désolé, vieux, mais c’est l’affaire de quelques jours.
— J’espère ! Je vais devenir alcoolique. »
Je me suis remis au clavier quand Lucy arrive. Elle me félicite pour ma persévérance et va se servir un verre.
« Allez, habille-toi, on sort !
— Je suis habillé ! protesté-je.
— Je t’emmène au casino, alors va te changer.
— J’ai pas trop l’esprit au jeu ces derniers temps.
— C’est la surprise. Dépêche-toi ! »
Une demi-heure plus tard, Lucy laisse les clés de la Mustang au voiturier. Nous traversons les salles de jeu pour rejoindre le bar. Une groupe est sur l’estrade, la chanteuse est habillée dans le style des années soixante, super sexy.
« Ce soir, c’est Jam Session, m’annonce Lucy. Je t’ai inscrit. Tu peux jouer en solo ou te faire accompagner, il y a des noms que tu connais. »
Lucy fait un signe et un homme lui apporte une liste.
« Tiens, regarde, ça te va ?
— C’est toi qui a organisé ça ?
— Non, quand même pas, mais j’ai un bon réseau. C’est plus sympa que San Diego, non ?
— William, je le connais, on a joué ensemble à Ventura il y a quelques années et lui, Little Bob, je l’ai croisé à Hollywood. Murphy, aussi.
— Je savais que ça te plairait. Allez, on prend un verre, tu passes dans vingt minutes. »
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