Relance
Coyote Canyon Court, La Quinta
Une journée s’est écoulée depuis notre diner au Bar Cecil. Lucy est repartie à Los Angeles après une nuit torride. Non seulement j’ai dû dormir seul, mais elle me laisse sans voiture à La Quinta. Il me faut contourner le golf à pied pour trouver un endroit où me restaurer. C’est contraire à mes principes, mais ce soir, je me ferai livrer le diner. Heureusement qu’on a un peu garni le frigo et que le bar est bien approvisionné. Autant dire que j’ai passé l’essentiel de mon temps au piano. J’ai repris les suggestions de mes camarades et peaufiné notre dernière composition. Je dois reconnaître que ça commence à avoir une certaine tenue. En temps normal, on l’essaierait sur scène, mais là, il va falloir patienter encore un peu. Je décide d’appeler mes amis détectives pour prendre quelques nouvelles de celui qui est la cause de mon exil. C’est Saka qui me répond.
« Salut Mike, comment ça se passe dans le désert ? plaisante-t-elle.
— Ben, c’est un peu trop désert justement, à part jouer du piano, je n’ai pas grand-chose à faire, je n’ai même pas de voiture pour sortir me balader, sans compter qu’il commence à faire chaud ici.
— Tu n’as n’en a plus pour bien longtemps si j’ai bien compris.
— Non, heureusement, nous récupérons les clés de l’appartement dans deux jours. Lucy revient demain soir et nous mettons le cap sur Santa Monica le lendemain.
— Tu vas pendre la crémaillère ?
— Ce n’est que pour trois mois tout au plus, mais tu pourras venir voir le soleil se coucher dès samedi soir.
— Pense à m’envoyer l’adresse, dans ce cas.
— Il n’y aura pas mon nom sur la boîte aux lettres… je te donnerai le code.
— OK, je suppose que tu n’appelles pas que pour ça ?
— Non, même si ça me fait quand même plaisir de te parler. Je voulais savoir si vous aviez du nouveau avec ce Giordano. J’en suis resté à un camion volé par des bikers.
— C’est surtout Nash qui suit ça de près et il ne me dit pas tout. Il est justement sorti voir ses contacts sur le port. Si tu veux, je lui demande de t’appeler dès son retour.
— OK, merci. On se voit samedi alors, c’est à l’angle d’Ocean et d’Alta. »
Il s’est écoulé près de deux heures avant que l’Indien rappelle.
« Alors, quelles nouvelles ?
— Notre petite embuscade a eu de l’effet à ce qu’il semble. Il y a eu un peu d’agitation dans la fourmilière et quelques dommages collatéraux. Il semblerait que ton ami Jack ait un peu chargé le chauffeur qui s’est fait braquer. Le pauvre type est en soins intensifs après avoir avalé de force une boîte de pilules d’oxycodone. Pour lui faire prendre conscience de la valeur de ce qu’il transportait, à ce qui se dit sur le port.
— Comment tu sais ça ? demandé-je sans réellement espérer de réponse.
— Tu sais bien que je ne révèle jamais mes sources. Disons que les gars bavardent toujours un peu dans les bars, le soir après le boulot. Ce qui est plus intéressant, c’est que Papa Giordano a convoqué son fiston dare-dare. Sûrement pas pour le féliciter. Ce qui est curieux, c’est qu’il est venu bosser ce matin dans une Toyota Camry hybride. Curieuse conversion, non ? Il a dû se faire sérieusement engueuler et Angelo a décidé de remettre de l’ordre dans la boutique.
— Qu’est-ce que ça veut dire pour moi ?
— C’est exactement ce que nous espérions. Leonardo est sous tutelle pour un moment. Je vais le recontacter et voir s’il est dans un meilleur état d’esprit.
— Et sinon ?
— Je crois que je prendrai contact avec Giordano père. Il n’aura sûrement pas envie d’avoir à nouveau les Hells sur le dos.
— Ça va prendre encore combien de temps ?
— C’est une question à laquelle je ne peux pas répondre. Un jour, une semaine ? Sincèrement, je ne sais pas, mais de toute façon, tu rentres à LA. Mary m’a dit qu’on pouvait passer boire un verre dans ton nouvel appart ?
— Oui, j’aurai les clés samedi. Passe quand tu veux. »
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