Nettoyage
Newmeadow, Irvine & Désert de Mojave
Bruno et Emily étaient partis très tôt pour éviter le pic de trafic sur la I-5. Ils avaient préféré le Ford Expedition de Bruno, plus commode pour acheminer leur chargement. Arrivés à Irvine, ils firent un passage à vitesse réduite dans le lotissement où habitait Russo. La Dodge Charger était stationnée devant l’adresse qui leur avait été fournie. Emily se glissa hors de la voiture une centaine de mètres plus loin, tandis que Bruno continuait seul, cherchant un endroit plus discret pour garer sa voiture. Après avoir vérifié l’absence de témoins, Emily fit le tour de la maison, jusqu’à la porte arrière, donnant sur le jardin. La plan résidait sur le fait que Jack serait sûrement rentré assez tard et qu’ils avaient de bonnes chances de le trouver encore au lit. Comme espéré, il n’y avait pas de verrou sur la porte et la simple serrure ne résista pas longtemps au savoir faire de la jeune femme. Une fois à l’intérieur, elle s’immobilisa, les sens en éveil, guettant toute forme d’activité. Elle n’en perçut aucune. Elle envoya un message à son partenaire, qui se manifesta en sonnant à la porte principale. Au deuxième coup de sonnette, Emily entendit du bruit à l’étage, des pas puis des jurons. À la troisième sonnerie, une silhouette apparut dans l’escalier, puis se dirigea vers l’entrée.
« Qu’est-ce que c’est ? On ne vient pas emmerder les gens à cette heure, cria Jack à travers la porte.
— C’est la compagnie du gaz, des voisins ont signalé une odeur dans le quartier. On doit vérifier toutes les adresses.
— Allez vous faire foutre, ça ne vient pas de chez moi.
— Je vous conseille d’ouvrir cette porte, dit une voix derrière Jack. »
Russo se retourna pour découvrir une grande blonde canon qui pointait un flingue sur lui.
« Allez, ne fais pas attendre mon ami, insista Emily. »
Jack déverrouilla la porte pour laisser le passage à Bruno.
« Voilà qui est raisonnable. Maintenant, on va aller faire un petit voyage, déclara la blonde, mais avant, quelques précautions. Bruno, peux-tu neutraliser notre ami ? »
L’interpellé entrava les poignets de Russo dans son dos, à l’aide de colliers Colson.
« C’est bon, on passe au bureau, suggéra Bruno.
— Marche devant ! lança Emily à Jack, en faisant un petit geste du canon de son arme. »
Une fois arrivés dans la pièce, Emily tendit son pistolet à Bruno et enfila des gants de vinyle. Elle s’installa devant l’ordinateur posé sur une petite table et lança la machine. L’écran d’accueil s’afficha, demandant l’entrée d’un code d’accès.
« Tu nous donnes le code ou tu préfères une balle dans le genou ? demanda Bruno.
— 11251979, répondit Jack.
— Sa date de naissance, je présume, soupira Emily. Quel manque d’imagination. OK, ça marche. Où est-ce que tu veux aller ? Seattle, ça te tente ? »
Sans attendre de réponse, Emily lança le navigateur et rechercha un site de réservation en ligne.
« On dit : départ en fin de journée, retour dans trois semaines, au départ de l’aéroport d’Orange County, c’est le plus commode. Voilà, Alaska Airlines, 5:23 PM. Un passager, au nom de Jack Russo. 350 dollars, j’espère que tu les as sur ton compte. Bruno, trouve-moi sa carte de crédit, s’il te plait. »
Bruno revint quelques instants plus tard avec le portefeuille de Russo.
« Tiens, dit-il en tendant une carte American Express.
— Merci, c’est parti, tu as son téléphone aussi, pour confirmer la transaction ?
— Je l’ai vu dans l’entrée. »
L’appareil émit un ping.
« 354785, énonça Bruno.
— Bingo, c’est confirmé. J’en profite pour faire l’enregistrement, tu as une préférence pour le siège ? demanda Emily.
— Couloir, c’est plus facile pour aller pisser, grommela Jack.
— 12C, ça te va, c’est une place sur une issue de secours. Tu auras plus de place pour tes jambes.
— Pas la peine d’en rajouter !
— Voila, c’est terminé, fit Emily, en verrouillant l’écran sur la page de la compagnie. Bruno, si tu allais préparer le bagage de notre ami ? »
Emily passa dans le coin cuisine, laissant Russo toujours entravé sur un fauteuil. Ayant repéré une machine à expresso, elle se prépara un café. Le temps que son partenaire revienne avec une petite valise, elle l’avait déjà bu.
« Bruno, ne boit pas de café précisa-t-elle à l’intention de son prisonnier. Je vais laver la tasse avant de partir, tu n’as pas l’air d’être un homme à quitter la maison en laissant de la vaisselle sale. »
Emily rinça soigneusement le récipient et le déposa à l’envers à côté de l’évier.
« J’ai tout ce qu’il faut, déclara Bruno, on peut y aller.
— Prêt pour le voyage ? demanda Emily à Jack. Allez, dans la salle de bain ! Bruno, aide-le s’il te plait. »
L’homme de main attrapa Jack par le haut des bras pour le contraindre à monter l’escalier et entrer dans la baignoire. Emily vissa un silencieux sur le pistolet et tira deux balles dans la poitrine de Russo.
« Trouve de quoi l’emballer, puis on fera le ménage, commanda la jeune femme.
— Je vais voir ce qu’il y a dans le garage.
— Profites-en pour approcher sa voiture.
— Je vais la rentrer. Ce sera plus discret. »
Dix minutes plus tard, le corps de Russo était emballé dans une bâche de plastique et Emily avait éliminé les traces de sang sur le carrelage de la baignoire.
« C’est bon, on va le charger dans la Dodge. »
Bruno referma la porte d’entrée à double tour avant de quitter le garage et de descendre la porte avec la télécommande trouvée dans le véhicule.
« On récupère la Ford et on trouve un coin tranquille pour transférer le colis. Ensuite, on va faire un tour dans le désert, déclara Bruno.
— Ça marche, donne-moi les clés de ta voiture. »
Trois heures plus tard, Bruno engagea l’Expedition sur un petit chemin menant à une colline, en dehors de toute zone habitée. Le corps de Russo, vêtu de son seul caleçon fut balancé au fond d’un creek.
« Les coyotes vont s’occuper de lui, assura Bruno.
— Ne trainons pas trop, on risque de manquer l’avion, plaisanta Emily. »
C’est Bruno qui se mit au volant de la Dodge avant de la parquer sur le parking long durée de l’aéroport John Wayne.
« Il s’écoulera quelques semaines avant que quelqu’un s’intéresse à cette voiture. »
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