Reprise de rythme
East Elk Avenue, Glendale, Californie
Martin et Jeff sont passés hier soir. Nous avons beaucoup discuté et pas mal picolé. Je leur ai, bien entendu, raconté dans le détail les différentes étapes de mon petit séjour à San Diego et Palm Springs. Je ne me suis pas trop appesanti sur mes problèmes avec Leonardo, je n’ai de toute façon pas beaucoup de détails. Jeff nous a parlé de Hawaï, Martin a évoqué son travail à New York. Nous avons surtout parlé d’avenir. Lucy tient absolument à ce que nous reprenions la scène au plus vite. Moi, j’aimerais que nous prenions le temps de peaufiner nos dernières créations et d’enregistrer avec Stan. Mes partenaires ont aussi envie de retrouver le public. Je parviens tout de même à les convaincre de rencontrer notre nouveau producteur.
Nous nous retrouvons chez Marcus à Glendale. Le temps de bavarder un peu et nous passons dans la partie studio. Nous commençons à nous chauffer les doigts et à faire les balances. Au travers de la vitre, je vois Lucy qui entre dans la cabine. J’espère que Stan ne va pas nous faire faux bond. Nous commençons à tester un ou deux morceaux et je vois sa grande silhouette qui se glisse derrière les consoles. Je suggère une pause pour faire les présentations. J’ai l’impression que le courant passe bien. Nous reprenons nos instruments et enchainons les morceaux les plus récents. Nous ne les avons encore jamais joué ensemble. C’est un peu difficile au début, mais rapidement tout se met en place. J’essaie de percevoir l’opinion de Stan de l’autre côté, mais ce n’est pas facile. Au bout d’une heure, il est toujours là. Je prends ça pour un bon présage. Mon estomac commence à se manifester. Il est temps de déjeuner et de faire le point. Marcus propose de commander des pizzas. Nous revenons dans le petit espace qui sert à la fois de salle de détente, de lieu de réunion et de bureau à Marcus. J’attends le jugement du producteur, mais c’est Lucy qui s’exprime en premier.
« Pour des titres que vous n’aviez jamais joué en formation, c’est plutôt bon. Qu’en penses-tu Stan ?
— Lucy a raison, on sent qu’il y a encore un peu de rodage, mais je sens le potentiel. C’est franchement différent de ce que vous m’aviez présenté quand nous sommes vus chez moi. Je dois dire que si vous m’aviez proposé un autre album de reprises, je n’aurais probablement pas suivi. Là, ça me plait. »
Je remercie Stan et chacun y va de ses commentaires. On parle technique, chorus, rythmique, harmonisation. L’arrivée des pizzas met provisoirement un terme aux débats. Après quelques minutes, Stan reprend.
« Il va falloir trouver un studio un peu plus équipé, excuse-moi Marcus, ce n’est pas péjoratif, mais il faut un vrai piano et j’aimerais entendre ce que ça donne avec une contrebasse acoustique.
— Tu en connais, je suppose ? demande Lucy.
— Oui, ce n’est pas un problème. Il faudra aussi envisager de tourner dans quelques salles pour faire un peu de promo. Ça, ce sera le boulot de Lucy. Préparer un bon dossier de presse et contacter quelques radios, aussi.
— Pas de problème, j’ai les contacts, répond mon amie.
— Bon, si ça va pour vous, je vais m’éclipser. Je vous laisse travailler. Je vous recontacterai dans quelques jours pour vous reparler du studio et en parallèle, Lucy, il faut qu’on parle de contrat. Je suppose que c’est avec toi que je vois ça. »
Nous retournons au travail. Nous y passons l’essentiel de l’après-midi. Lucy nous a elle aussi quittés après le repas. À la fin, nous repartons avec des enregistrements imparfaits, certes, mais qui vont nous permettre d’améliorer nos parties, chacun de notre côté. Je propose à mes amis de venir prendre un verre à Santa Monica. J’ai encore cet appartement pour deux semaines, autant en profiter.
Heureusement que j’ai des réserves, Quand Martin décide de rentrer en taxi, deux bouteilles de Jack Daniel ont touché le fond. Je propose à Jeff de dormir sur le canapé dans le bureau. Il n’est pas en état de conduire. J’aurai sans doute un peu mal aux cheveux demain matin, mais c’est la vie que j’aime.
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