Le revers du réseau
Le Club – West Hollywood & Eucalyptus Avenue - Inglewood
Lino Marconi se demanda par quel bout commencer sa recherche. Il n’avait que peu d’éléments pour retrouver le musicien. Il connaissait le cercle où il avait joué au poker contre Leonardo et le club de jazz où ils étaient allés le dérouiller. Il décida de tenter sa chance directement à Hollywood.
La salle était encore presque vide quand il se pointa au Club. Une petite formation était en train d’installer ses instruments sur l’estrade, une petite sono diffusait de la musique enregistrée. Lino s’installa au bar et commanda une bière. C’est Jerry qui lui servit. Après avoir bu la moitié de son verre, l’homme de main interpella le barman.
« Dites-moi, je suis venu il y a quelques jours. Il y avait un groupe sympa, piano, batterie, contrebasse. Le pianiste était un beau black.
— Le trio Bentwood peut-être ? suggéra Jerry.
— C’est bien possible, est-ce que vous savez s’ils doivent se produire prochainement ?
— On ne les a pas vus depuis un moment, je crois que Mike est parti en voyage. En tout cas, ils ne sont pas programmés ici.
— Bon, tant pis, j’espère qu’ils reviendront, j’ai très envie de les revoir.
— Vous pouvez toujours regarder sur Internet, ils ont peut-être un site ou une page Facebook qui annonce leurs concerts.
— C’est une idée, j’aurais du y penser plus tôt. Merci du conseil. »
Lino traina encore un peu pour donner le change puis quitta l’établissement. En vérité, il détestait le jazz qu’il résumait d’une expression raciste : musique de nègres. De retour dans sa voiture, il hésita un moment. Il n’avait pas assez d’éléments pour Leonardo. Il lui fallait faire ce que ce barman avait suggéré. Rechercher sur internet s’il y avait des éléments sur ce Mike Bentwood. Il regarda l’heure. Huit heures et demi, ce n’était pas trop tard. Il se décida à tenter sa chance auprès de Wendy. Wendy était la secrétaire à tout faire de Chance. Elle savait se débrouiller avec un ordinateur et elle l’avait toujours eu à la bonne. Ils n’étaient jamais sortis ensemble, mais Lino avait toujours pensé qu’elle n’aurait pas dit non.
Wendy n’était pas chez elle, elle était dans un bar avec des copines, mais s’apprêtait à rentrer.
« Je suis à Hollywood, lui dit Lino, si tu veux, je passe te chercher.
— OK, à Culver City, le Corner Door, sur Washington Boulevard. »
Vingt minutes plus tard, Lino se garait à proximité de l’établissement. Wendy ne tarda pas à venir le rejoindre.
« J’ai compris que ce Marco t’a mis sur la touche. Qu’est-ce qui se passe. Leonardo n’est plus le même et on n’a pas de nouvelles de Jack.
— Jack est parti en voyage. Il est Seattle, je crois. Et oui, ce Marco est en train de reprendre le contrôle des affaires au nom de Giordano père. C’est pour ça que Leonardo est à cran.
— Et toi ?
— Moi, ça va, je suis toujours payé et je bosse en sous-main pour Leonardo, mais ne le répète pas s’il te plait.
— Fais-moi confiance. Qu’est-ce que je peux faire pour toi.
— Et bien, je recherche quelqu’un. On m’a dit que je pourrais peut-être le retrouver sur internet, mais tu sais que je n’y connais rien et…
— Et tu t’es dit que ta copine Wendy pourrait peut-être te filer un coup de main !
— Oui, c’est à peu près ça.
— Allez ! Roule, on va chez moi. Tu connais l’adresse ?
— Ben non, tu ne m’as jamais invité.
— Tiens, c’est vrai ça. Eucalyptus Avenue, c’est à Inglewood. »
Wendy habitait un petit appartement qu’elle partageait avec une amie. Le quartier ne payait pas de mine, mais était plutôt bien tenu. Lino gara son pick-up a proximité de l’immeuble.
« Ma copine dort chez son mec ce soir, déclara Wendy en ouvrant la porte. On sera tranquilles.
— Tu aurais quelque chose à boire ?
— Il y a des bières dans le frigo je crois. Sers-toi, je reviens dans une minute. »
Lino sortit une bouteille de Bud Light, pas sa préférée, mais il n’y avait que ça. Il avait presque fini de la boire quand Wendy revint dans le petit salon. Lino comprit que la soirée risquait d’être chaude.
« Si ça ne te dérange pas, je préfèrerais qu’on fasse cette recherche tout de suite ! suggéra Lino.
— Non, pas du tout, on va s’installer sur le canapé, j’arrive avec mon ordi. »
Lino alla chercher deux autres bières et les posa sur la table basse. Wendy posa la machine à côté et s’installa à côté de l’homme, tout contre lui.
« Alors, on cherche qui ?
— Mike Bentwood, ou un nom comme ça, c’est un musicien. Un pianiste black.
— Tu t’intéresses à la musique maintenant ?
— Moi, non, c’est pour Leonardo.
— Voyons ce que nous avons. Je trouve un Michael Bentwood, mais c’est un anglais, coureur automobile.
— Non, c’est pas ça.
— Il y a une page Instagram : Mike Bentwood Trio. C’est ce gars là ? demanda Wendy en tournant l’écran vers Lino.
— Oui, c’est lui, le pianiste. Qu’est-ce qu’on a sur lui ?
— Pas grand-chose, des photos, des vidéos de concerts, quelques morceaux de musique. Il est juste mentionné Los Angeles Area, il n’y a pas d’adresse.
— Merde !
— Attends, il y a le nom de leur manager dans l’onglet Contact : Lucy Iron, avec une adresse mail et un numéro de téléphone. C’est déjà un début. Tu pourrais l’appeler et lui dire que tu cherches à joindre ce Mike ?
— On lui a cassé la gueule il y a deux semaines et il est parti se planquer, elle va sentir l’embrouille !
— On pourrait lui dire qu’on veut les faire travailler, les engager pour une soirée ou un truc comme ça. Je l’ai déjà fait pour des fêtes chez Leonardo. Si tu veux, je m’en occupe demain.
— Pourquoi pas, ça pourrait marcher. Je vais en parler à Leonardo avant.
— Comme tu veux ! Tu peux rester cette nuit si tu veux, déclara Wendy. »
Pour renforcer le message, elle se débarrassa de son ample T-shirt, dévoilant deux plantureux seins nus. Dans ses yeux était écrit : Baise-moi.
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