Chapitre un

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  Un sursaut ébranla le corps de la jeune femme lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit à la volée. Elle se redressa, le cerveau encore embué par l'effrayant cauchemar qu'elle venait de faire. Ce dernier lui avait semblé si réel. Elle sentait encore la peur pulser le long de ses veines. Une voix qu'elle connaissait bien l'invectiva :

 - Ça va pas d'hurler comme ça !

  La jeune femme soupira. Elle jeta un coup d'œil sur le radio-réveil posé sur sa table de chevet. Le rétroéclairage indiquait 3:45. Eblouie, elle regarda du mieux qu'elle le pouvait l'homme qui venait d'allumer le plafonnier de la pièce.

 - Johan, c'est toi qui hurles, et éteins moi cette lumière ! grommela-t-elle d'une voix endormie.

 - J'ai cru que quelqu'un était en train de t'agresser !

 - J'ai dû faire un cauchemar, rien de grave. Retourne te coucher.

  Les iris bleues de Johan la fixèrent avec méfiance. Ses larges épaules se détendirent alors qu'il appuyait sur l'interrupteur. Il recula dans l'encadrement de la porte.

 - Arrête de me foutre les jetons comme ça en plein milieu de la nuit, Léane. C'est pas cool !

 - Promis frangin, bonne nuit, répondit-elle en se laissant choir sur son oreiller.

  Comme si le jeune homme n'était lui-même pas vraiment rassuré, il laissa la porte entre-ouverte avant de rejoindre sa propre chambre, juste à côté de celle de Léane. Elle ne put s'empêcher de se demander pourquoi son ainé, du haut de ses vingt et un ans et de son statut de star de l'équipe de rugby locale, s'était inquiété d'un simple cri dû à un cauchemar. Elle avait certainement hurlé très fort pour qu'il daigne se lever de son lit et venir jusqu'à elle. Telle une confirmation, sa gorge commença à lui faire mal. Le cœur de la jeune femme battait encore la chamade. Le t-shirt vert trop large qui lui servait de pyjama était trempé de sueur. Elle se décida à aller dans la salle de bain se servir un verre d'eau et se changer. En s'asseyant sur le bord du matelas, ses yeux se posèrent sur l'endroit où s'était tenu le spectre dans son rêve. Un frisson glacé lui remonta le long de la colonne vertébrale. Elle se leva rapidement et alluma sa lampe de chevet. Elle inspecta l'ensemble de la pièce, son vieux fauteuil marron, son bureau, sa penderie. Léane s'allongea même sur le sol pour vérifier sous son lit en bois. La jeune femme souffla de soulagement. La chambre était vide de toutes présences terrifiantes et maléfiques. Elle ricana, se moquant de sa propre réaction.

  Elle s'approcha de son armoire et attrapa un t-shirt propre sur l'étagère du milieu, avant de sortir dans le couloir pour se diriger vers la dernière porte de celui-ci. En passant devant celle de son frère, elle constata qu'il l'avait également laissé ouverte. Une pointe de culpabilité lui pressa le cœur en réalisant qu'elle lui avait vraiment fait peur.

  La jeune femme entra dans la salle de bain. Elle posa le t-shirt sur le bord du lavabo et actionna le robinet. Encore perturbée par son rêve, le clapotis de l'eau sur la céramique hypnotisa Léane quelques instants. Elle resta stoïque, le regard rivé sur le liquide qui s'écoulait dans les canalisations. Elle se ressaisit quand le t-shirt rouge glissa de là où il était posé jusqu'au sol. La jeune femme sursauta et se baissa pour le ramasser.

 - Merde, jura-t-elle entre ses dents.

  Dans la précipitation, elle venait de se cogner la tête contre le meuble qui entourait le lavabo. Elle porta sa main à son front et se dépêcha de se regarder dans le miroir. Avec soulagement, elle vit qu'elle n'avait aucune marque. Du moins pour le moment. Léane s'arrosa copieusement le visage et ferma le mitigeur. Elle s'observa de nouveau. Ses yeux lui donnèrent l'impression qu'elle venait de pleurer. Léane était pourtant certaine de ne pas avoir versé une seule larme. Le vert tendre de ses iris était particulièrement lumineux à cause de la couleur rougeâtre du contour de ses paupières. Ses sourcils se froncèrent, elle finit par se dire qu'une bonne nuit de sommeil arrangerait cette imperfection. Léane retira son pyjama humide et passa le propre avant de s'attacher ses cheveux blonds comme les blés en un chignon lâche.

  La seule idée de retourner dans sa chambre fit croître une boule d'angoisse au creux de sa gorge. L'image de ce spectre terrifiant refusait de quitter ses pensées. Une désagréable impression d'être suivis, épiée, s'insinua en elle. Alors qu'elle se trouvait de nouveau dans le couloir, la jeune femme ne put s'empêcher de regarder par-dessus son épaule. Rien, si ce n'était le bourdonnement des ronflements de son frère. Léane souffla doucement pour se redonner une contenance. Elle se persuada qu'elle était chez elle, dans sa maison, que rien ne pouvait lui arriver. Léane se hâta de rejoindre son lit et s'emmitoufla sous sa couverture chaude et réconfortante. Elle veilla de nombreuses minutes pour être certaine que personne ne s'approche d'elle. Puis, exténuée, elle laissa ses yeux se fermer.

  Le lendemain matin, une lumière blanche traversait les persiennes de la chambre de la jeune femme. Si aveuglante que quand Léane se réveilla enfin, elle eut la désagréable impression qu'elle luit brûlait la rétine. Ses paupières, encore lourde de sommeil, se refermèrent rapidement. Léane poussa un râle de mécontentement. Son esprit mit quelques instants à émerger complètement. Quand ce fût le cas, elle redressa son buste et s'assit au milieu de son lit. Son regard se fixa sur les particules de poussières qui dansaient dans les rayons de lumière. Son cœur se gonfla de joie quand elle réalisa qu'elle était toujours dans sa chambre et non aux confins de l'enfer. L'inquiétude de son cauchemar ne l'avait pas quitté de la nuit. Elle n'avait cessé de bouger sur son matelas, cherchant une position confortable. Si bien que la jeune femme avait l'impression d'avoir vu passer chaque heure de la nuit sur son réveil.

  Léane se leva en traînant les pieds et enfila un pull gris qui traînait sur son fauteuil. Elle ouvrit les volets. La paysage blanc et givré qui s'étendait devant ses yeux la réjouie. Il avait neigé pendant la nuit. Les pins et les cèdres qui bordaient sa maison étaient couverts d'une épaisse couche de poudreuse. Léane appuya ses coudes sur le garde-corps de sa fenêtre et cala sa tête dans sa main. La neige avait toujours eu un effet apaisant sur la jeune femme. Malheureusement pour elle, il était rare que cette dernière parvienne jusqu'à chez elle, surtout en de telle quantité. Elle comptait donc passer son dimanche à en profiter.

  Un cri retentit depuis le rez-de-chaussée :

 - Léane ?!

  Sa tête se redressa et les battements de son cœur s'accélérèrent. Elle reconnaîtrait cette voix entre mille. Elle s'élança, non sans trébucher sur une pile de livres qui traînait sur le parquet, et rejoignit le couloir. La jeune femme descendit les escaliers en bois quatre à quatre, pressée de passer les deux étages qui la séparait du premier niveau de la maison. Arrivée sur la dernière marche, elle prit quelques secondes pour regarder l'homme qui lui faisait face. Son ventre se serra, comme obstrué par une surdose de bonheur.

 - Kévin ! s'écria-t-elle.

  Il s'approcha de la jeune femme et elle se jeta dans ses bras. Elle compressa la taille du jeune homme si fort qu'il laissa échapper un petit rire étouffé.

 - Tu m'écrases ! râla-t-il.

 - M'en fou ! Tu ne bougeras plus jamais d'ici ! riposta-t-elle.

  Kévin était son second frère. L'enfant du milieu, plus vieux d'une année que Léane, mais également plus jeune d'un an que Johan. Leurs parents avaient toujours désiré des enfants d'âges rapprochés. Le moins qu'il puisse être dit était qu'ils avaient réalisé leur souhait. Léane se recula pour pouvoir l'observer. Ses cheveux châtains lui arrivaient désormais au niveau de la nuque alors qu'il les avait toujours portés court. Son corps s'était aminci et affûté. Cela faisait pratiquement une année que sa sœur ne l'avait pas vu. Pendant ce laps de temps, le jeune homme avait muri, les traits de son visage s'étaient durcis.

  Des seize ans de Kévin jusqu'à sa majorité, il avait enchaîné les travails saisonniers de la région pendant les vacances scolaires et avait économisé le moindre centime qui lui était donné pour se payer un tour du monde. Cela avait été le plus grand rêve de sa vie et il avait fini par le réaliser à la sueur de son front. Une consécration en quelques sortes. Cependant, l'expression de son regard ne transpirait pas l'accomplissement. D'ordinaire, Kévin était une personne espiègle et enthousiaste. A cet instant, il semblait anxieux, préoccupé. Léane le connaissait par cœur, elle eut la désagréable conviction qu'il s'était passé quelque chose. Elle le prit de nouveau entre ses bras.

 - Je croyais que tu devais revenir dans deux mois, s'étonna la jeune femme.

 - Ma petite sœur me manquait trop, chuchota-t-il.

  Léane plaça ses mains sur ses épaules.

 - Menteur ! persifla-t-elle.

 - Qu'est-ce qui aurait pu me faire revenir aussi vite que toi ? Quand même pas Johan ?

 - Bah ouais, c'est une bien meilleure raison ! intervint l'aîné alors qu'il descendait les escaliers à son tour.

  Un sourire en coin étira les lèvres de Kévin. Les deux frères s'étreignirent dans une accolade qui se voulait virile mais qui ne trompa personne. Ils s'étaient également beaucoup manqués.

 - Bienvenue à la maison, mon frère, clama Johan. Je suis content de te voir !

 - Moi aussi, frangin, moi aussi...

  Cette dernière phrase avait été dite avec un soupçon de soulagement presque inaudible. Léane, qui ne l'avait pas lâché du regard une seule seconde s'en rendit compte. Un début d'angoisse plomba ses épaules. Les deux jeunes hommes s'avancèrent dans la cuisine. Léane les suivit et s'approcha de la machine à café. Elle leur proposa une boisson chaude qu'ils acceptèrent avec entrain. Les yeux de la jeune femme se braquèrent sur la tenue vestimentaire de Johan. Elle fronça les sourcils. Il portait un simple caleçon ample où des oursons roses tiraient la langue sans vergogne. Léane se demanda comment il pouvait tenir en étant si peu couvert. La maison était si spacieuse et ancienne qu'il y faisait souvent frais l'hiver. Ce malgré le chauffage au gaz.

 - Dis-moi, Jo, tu pourrais aller t'habiller ? Vivianne doit arriver...

  Elle fixa la pendule grise de la cuisine.

 - D'ici une demi-heure, finit-elle sa phrase.

 - Oh ça va ! C'est que Vivianne, elle m'a déjà vu dans des états pires que celui-là. Et puis, pourquoi ne ferais-je pas profiter cette jeunesse en fleur de ce corps d'Apollon, s'enorgueillit-t-il.

  Il mit un coup de coude dans le bras de son frère qui s'était assis sur le siège de bar juste à côté de lui. Kévin ne réagit pas à l'allusion, le regard étrangement rivé sur sa sœur. Gênée, elle entreprit de commencer à préparer les cafés.

 - J'aimerais surtout éviter de la choquer, riposta Léane pour dissiper son malaise.

 - T'es vraiment pas sympa pas avec tes copines, Nana, ricana le jeune homme.

  Johan se tourna vers son frère. Son visage se figea en une expression inquiète. Il plaça sa main sur son épaule et lui demanda :

 - Eh, frangin ! Tout va bien ?

  Les yeux du jeune homme se détournèrent de Léane. Il desserra les poings dont les jointures des articulations avaient blanchi.

 - Oui, pardon. Je suis un peu fatigué.

  Léane posa devant eux les deux tasses qu'elle venait de remplir à la machine.

 - Tiens, ça va te faire du bien, dit-elle.

  Kévin lui adressa un sourire qui semblait sincère. Cependant, une ombre étrange embrumait toujours ses yeux. Léane en avait à présent la certitude, il n'était pas revenu plus tôt seulement pour le plaisir de revoir sa famille, il s'était passé quelque chose. Quelque chose d'assez important pour interrompre le rêve de sa vie.

  Les mains légèrement tremblantes, elle se servit également un café et s'installa en face d'eux, de l'autre côté du bar en bois. La cuisine avait toujours été l'endroit où elle se sentait le plus à l'aise. Les meubles couleur miel et la peinture des murs ivoire rendaient la pièce chaleureuse. La mère de la jeune femme était une passionnée de vieux objets et de décoration. Aussi, elle avait passé un temps considérable à écumer les brocantes de la région à la recherche de moulins à café d'époque, de vieilles boîtes en ferraille et autres bibelots. Pourtant, cette fois-ci, l'atmosphère était chargée. Presque irrespirable. Léane avala son expresso d'une traite et annonça à ses frères qu'elle devait aller prendre une douche. Johan ne put s'empêcher de proférer des remarques peu flatteuses à son encontre. Une petite lueur amusée et un sourire en coin éclairèrent le visage de Kévin. Cette réaction, même infime, réchauffa le cœur de Léane. Elle pensa tout à coup qu'elle se faisait certainement du souci pour pas grand-chose.

  Une fois nettoyée et habillée, Léane descendit de nouveau au rez-de-chaussée où elle trouva Vivianne affalée sur le canapé en compagnie de Kévin. Elle semblait être complètement hypnotisée par sa contemplation de Johan. Ce dernier était au milieu de l'espace vide entre le salon et la salle à manger. Il était en train d'effectuer sa séance de sport quotidienne, les écouteurs vissés dans ses oreilles. Son amie tortillait une mèche noire de ses longs cheveux bouclés entre ses doigts. Léane ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Elle ne comprenait absolument pas l'engouement de toutes ses copines pour l'énergumène qui lui servait de frère. Certes, il était beau garçon et possédait un corps athlétique, même sa sœur ne pouvait pas le nier. Pour autant, il avait la sensibilité et les réactions d'un adolescent. Pour Léane, cela contrebalançait largement ses abdominaux.

  La jeune femme s'avança vers son amie discrètement, elle tira sur la manche de son pull-over beige.

 - Vivianne ? Allô, ici la Terre ! s'écria-t-elle en ricanant.

  La jolie brunette sursauta. Elle se redressa et lissa son jean du plat de ses mains.

 - Oui, salut ! Pardon... bredouilla-t-elle.

  Léane soupira et s'installa entre Kévin et elle.

 - Tu sais Vivianne... Johan c'est un peu comme un mauvais film à gros budget : une fois la bande annonce passée, il n'y a plus grand-chose à voir, expliqua Léane.

  Le plus jeune de ses frères pouffa de rire. Vivianne lui tira la langue et reporta son attention sur Johan.

 - Tu fais quoi aujourd'hui, Kévin ? demanda Léane.

 - Je ne vais pas tarder à me coucher. Les correspondances ont été longues depuis Rome, dit-il.

 - T'as pas trouvé d'avion direct ? s'étonna la jeune femme.

 - Non, j'ai du passé par Paris puis prendre le train jusqu'à Brive. Ensuite j'ai attendu un pote pour qu'il me ramène jusqu'ici.

 - Tu aurais dû nous appeler, on serait venu te chercher, râla Léane.

 - Je voulais vous faire la surprise.

  Une fois de plus, Léane eut la désagréable impression qu'il ne lui disait pas toute la vérité. Elle décida de lui poser quelques questions supplémentaires.

 - Tu dois absolument me raconter ce que tu as vu à Rome ! Tu sais que j'ai toujours eu envie d'y aller !

 - Je te raconterais tout, mais là... je dois monter. A tout à l'heure.

  Il se leva précipitamment du canapé d'angle rouge et se dirigea vers l'entrée pour emprunter les escaliers. Vivianne le regarda quitter la pièce et tourna son regard surpris vers son amie :

 - Bah, qu'est-ce qui lui prend ?

 - Je n'en sais rien du tout...

  Elle se mit debout à son tour et tendit la main à Vivianne. Elles montèrent les escaliers jusqu'à la chambre de Léane. Cette dernière ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil vers la chambre de son frère qui se situait sur le premier palier. La porte était close, il n'avait visiblement pas envie qu'on le dérange. Une fois arrivées au second étage, elles entrèrent dans la pièce et Vivianne s'allongea de tout son mètre soixante-dix sur le lit. Léane s'assit sur son fauteuil et ramena ses genoux contre sa poitrine.

 - J'adore toujours autant venir chez toi ! soupira Vivianne d'aise.

 - Ouais, pour ma maison ou pour mon frère ? ricana son amie.

  Léane laissa son regard se perdre autour d'elle. Sa chambre était le second et dernier endroit de cette maison où Léane ne se sentait pas oppressée. Partout ailleurs, une sensation de lourdeur lui collait à la peau. La demeure de sa famille se situait dans une petite bourgade à côté de la ville de Brive la Gaillarde, en Corrèze. Un petit chemin caillouteux, serpentant entre les arbres centenaires, permettait d'y accéder. Il s'agissait d'une maison en pierre et en bois qui devait approximativement un siècle. Ses planchers grinçaient à chaque modification de la pression atmosphérique, et certaines menuiseries en bois peint étaient si anciennes qu'un simple coup de vent suffisait à les ouvrir.

  La mère de Léane avait décidé de quitter le soleil perpignanais pour commencer une thèse sur les mystères du centre de la France. Elle était professeur d'histoire dans un lycée et s'était toujours passionnée pour le passé et les secrets qu'il renfermait. Cette décision avait beaucoup surprise Léane. Du haut de ses neuf ans, elle n'avait pas compris ce besoin urgent de déménager. Pratiquement du jour au lendemain. La fillette avait dû quitter ses copines d'école, le temps radieux de la côte méditerranéenne et les plages pour venir s'enterrer dans les terres. La pluie avait remplacé le soleil et les arbres le sable fin du littoral. Elle avait voulu convaincre ses parents de ne pas partir, cependant les arguments de la petite fille n'avait évidemment pas peser bien lourd dans la balance. Elle se souvenait avec précision du moment où son père lui avait dit qu'il se fiait aux intuitions et aux décisions de sa femme, et qu'ils allaient tous être très heureux dans leur nouvelle maison. Il était ingénieur et chercheur dans l'aérospatiale et travaillait essentiellement au rythme de ses missions entre la base de Toulouse et les Etats-Unis d'Amérique. N'étant pas souvent à la maison, son lieu de résidence était donc le cadet de ses soucis.

  Avec l'âge, Léane avait pris son parti de ce revirement de situation. C'était à Brive qu'elle avait rencontré sa meilleure amie et où elle avait vécu son adolescence aussi calmement que possible.

 - Tu m'épateras toujours, Léane Gott, soupira son amie, exaspérée.

 - Pourquoi ?

 - Je viens de te raconter l'ensemble de la super soirée que j'ai passé avec les deuxièmes années de la fac, et tu n'as pas écouté un traitre mot de ce j'ai dit ! Qu'est-ce qu'il y a, c'est Kévin qui t'inquiète ?

  Vivianne s'était assise sur le bord du lit en demandant cela.

 - Ouais... il est étrange depuis qu'il est arrivé ce matin, admit Léane.

 - J'avoue que... oui. D'ordinaire il sort une vanne à la minute et là... c'est à peine s'il m'a décroché un mot. D'ailleurs, il ne devait pas revenir en février ou en mars ?

 - Début mars, normalement. Du moins c'est ce qu'il m'avait écrit dans son dernière mail la semaine dernière. Je ne sais pas ce qui a changé depuis. En plus, je croyais qu'il était en Grèce et là... il vient de me dire qu'il venait de Rome.

  Un silence de quelques secondes s'installa entre les deux jeunes femmes. Vivianne se laissa tomber en travers du lit.

 - Si ça se trouve il a peut-être mis une nana enceinte. Ou pire, il est recherché par la mafia russe parce qu'il a été témoin d'un meurtre ! s'exclama Vivianne.

  Léane éclata de rire et secoua la tête.

 - Tu regardes beaucoup trop Netflix, Vivi. Non, je pense qu'il y a une raison beaucoup moins... rocambolesque à son retour. Quoique, le coup de la copine enceinte reste une possibilité envisageable, ri-t-elle, mi-figue mi-raisin.

  Vivianne croisa les bras sur sa poitrine en fixant le plafond.

 - Ne me prends pas au sérieux si tu veux. Toujours est-il que je sens qu'il y a un problème. Et on a toujours pu faire confiance à mon instinct ! bougonna la jeune femme.

  La jeune femme perdit son sourire. Il était vrai que les intuitions de son amie s'étaient toujours avérées exactes. Elle se souvint d'une fois où leur bande d'amis avait décider de se rendre dans une maison abandonnée dans un village voisin. Le but étant de se faire peur et de passer une soirée à boire de l'alcool dans un endroit calme. Vivianne s'était vivement opposé à cette idée. Personne n'avait voulu l'écouter. Un orage avait éclaté le soir même, si violent que les jeunes gens avaient décidé d'abandonner leur projet. Le lendemain matin, dans le journal, ils avaient appris avec stupeur que ladite maison s'était embrasée sous la foudre. Depuis ce jour, Léane n'avait plus jamais remis en question l'avis de sa meilleure amie.

  Les deux amies changèrent de sujet et discutèrent un long moment des derniers bruits de couloirs de leur faculté de droit. La discussion parfaite pour se vider la tête.

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