20 décembre

J'ai "fait les magasins". Jamais dans ma vie je n'en avais parcouru autant : cinq ? six ?

Que lui offrir ?

J'aurais voulu un cadeau somptueux, de ceux qui allument des étoiles dans ses prunelles et la précipitent dans mes bras.

Se jeter dans mes bras le soir de Noël, c'est ce que je la voyais faire dans mes rêves. Dans mes rêves je respirais à pleins poumons la douceur de ses joues, comme lorsqu'elle n'était encore qu'un très petit bébé. Dans mes rêves mon cadeau la ravissait, mais ce cadeau, je ne le voyais pas. Je n'en voyais que le papier doré et le gros noeud rouge.

J'ai parcouru les rayons en me demandant ce qui, à son âge, m'aurait plu (mais elle n'était pas moi), en me demandant quels étaient les jouets qu'elle possédait déjà (mais j'étais incapable de m'en souvenir). Les trains électriques ? C'était pour les garçons. Les maquettes ? Elle était trop jeune. Les peluches ? Trop grande.

Je songeais au seul cadeau que je lui avais acheté seul : un puzzle avec lequel elle avait joué des heures durant... et que pourtant j'avais pris sans réfléchir. Les autres cadeaux lui avaient tous été offerts par sa mère.

J'ai fini par entrer dans un café pour téléphoner à Marie-Jo et lui demander conseil. Ma collègue a été contente de me parler, m'a dit qu'elle s'était inquiétée pour moi et m'a conseillé un poupon.

- Ca plaît à toutes les filles, un poupon : on peut jouer à la maman, à la maîtresse, ou tout simplement le câliner.

Anne aura donc un poupon. J'ai pris le plus cher : il sait rire quand on le chatouille, pleurer, dire maman. Il a un corps souple (pour les câlins), de petits coeurs roses sur la main gauche, un visage piqueté de taches de rousseur et surtout, surtout, ce qui m'a finalement décidé, il sent la vanille.

J'ai fait faire un joli paquet, avec un gros noeud rouge comme dans mes rêves, mais ce soir en rentrant, je l'ai défait pour revoir le bébé : la vendeuse m'a confirmé qu'il était très joli. A moi aussi, il me plaît.