1 – Les gars de la rue Paul, François Molnar
Fanny Priolet a participé à ce petit jeu sans gagnant ni perdant - pour moi les meilleurs jeux - qui consiste à publier toute une série de couvertures de livres marquants. Je ne sais plus si c'est dix ou vingt ou trente, mais c'est un par jour et sans commentaire. La maligne a nominé tout le monde parce que dit-elle, "les livres, c'est essentiel" alors forcément je me sens concerné.
Bon. Sauf que ce sera un par jour sans limitation de durée et j'arrête quand je veux.
Et si j'ai envie de commenter, je commente. Je trouve ça cool, moi, de commenter.
Alors, voilà, aussi loin que je me souvienne, le premier roman à m'avoir marqué, c'est "Les gars de la rue Paul", de François Molnar. J'avais dix ans. L'instit me l'avait prêté, je sais plus pourquoi ni comment la transaction s'était déroulée. Je pense qu'il m'avait repéré parmi les rares lecteurs assidus de l'école - j'étais fan de Pagnol, dont "La gloire de mon père", notamment, m'avait rempli la tête de cette Provence fantasmée qui me semblait si exotique, à moi l'Espagnol importé sur le dos de l'histoire d'amour de ma mère et de son beau Français.
"Les gars de la rue Paul", je vais pas te le résumer, mais y a des mômes, des bandes, une sorte de guerre des boutons qui rappelle William Golding sauf que je l'avais pas lu, le père Golding à cet âge-là, tu penses. Y a un mort aussi, je m'y attendais pas – surtout moi, qui pleurais devant "Antartica" et qui, sept ans plus tôt, obligeais ma mère à me sortir de la projection de Bambi au bout de cinq minutes de pellicule. Alors ouais, je lisais et relisais le bouquin de Molnar, j'ai même racheté un exemplaire neuf parce que j'avais fini par abîmer celui du maître, et à chaque nouvelle lecture, j'avais cette chanson de Renaud en tête, "Morts les enfants", et je trouvais la coïncidence à la fois belle et tragique sans me douter un instant que l'un ne va pas sans l'autre.
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