2 – Fahrenheit 451, Ray Bradbury
Un livre par jour tant que ça m'amuse et que j'ai des trucs à dire. J'arrête quand je veux et je critique, commente ou raconte ma vie parce que j'ai envie d'écrire et que ce support en vaut bien un autre.
Je ne nomine personne en particulier mais j'encourage à peu près tout le monde à participer. Parler de livres est une activité saine, presque autant que de les lire mais n'en demandons pas trop.
Aujourd'hui, "Fahrenheit 451", de Ray Bradbury.
Selon l'auteur, il s'agit de la température à laquelle le papier d'un livre s'enflamme et brûle – à peu près 230 degrés celsius. Personnellement, je n'ai pas mesuré, je trouve juste que c'est un titre qui sonne et que l'on retient. Je n'ai aucune idée de comment j'étais tombé dessus à l'âge de dix ans mais c'est probablement mon géniteur qui me l'offrit lors de l'un de mes séjours d'été dans ses pénates barcelonaises.
La photo qui accompagne ce texte vous montre justement cet exemplaire ibérique, acheté dans un kiosque de la rue Consell de Cents, ai-je envie de croire, pas loin du marchand de churros et du terrain de jeux dont on a fini par retirer la cage à poules sur laquelle j'essayais vaguement de me casser les dents parce que t'as aucune raison de faire gaffe quand t'es rien de plus qu'une larve avec des pieds qui courent et des mains qui touchent.
Le livre de Bradbury, je l'ai pris comme une énorme grosse claque dans la gueule. C'était mon premier contact direct avec un totalitarisme de fiction. Un cauchemar à mes yeux inconcevable et foutrement insupportable : la lecture est interdite, les livres sont proscrits et dans cette étrange dystopie où l'auteur n'évoque jamais vraiment de motifs idéologiques, de constructions politiques, les pompiers allument des feux au lieu de les éteindre : ils brûlent des livres.
Ben oui, c'est logique, tout va bien.
Le roman de Bradbury se résume en fin de compte à une immense métaphore, une charge tranquille et poétique contre la disparition de l'art dans le monde moderne, l'anéantissement de l'individu, des émotions, de la pensée. Un monde dans lequel personne ne sort jamais marcher, où les rues ressemblent à des autoroutes, où les dissidents quittent les villes et s'installent à la campagne pour réciter les livres qu'ils ont appris par coeur.
Bradbury est un poète généreux mais apolitique. En d'autres termes, il n'est pas Orwell. Le livre possède toutefois une force d'évocation unique - quoique légèrement datée - et s'il plaît à votre ado, vous pouvez parier qu'il se jettera sur Margaret Atwood, Zamiatine, Huxley, et qui sait, "1984", livre parmi les livres.
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