12 – Yeruldelgger, Ian Manook
Un livre par jour, la couverture pour satisfaire au voyeurisme inhérent au support que nous empruntons tous pour choyer nos egos, un texte rédigé sur le vif pour m'offrir un soupir. Indirectement nominé douze jours plus tôt par Fanny Priolet, je suivrai son exemple en désignant qui veut.
Epuisement oblige, je serai aujourd'hui très bref. Le bouquin du jour est une découverte récente, un polar écrit sous pseudo par un auteur français qui assure, dans sa préface, qu'il écrit depuis longtemps mais que certains membres de sa famille l'ont depuis peu sommé d'achever un manuscrit afin de le proposer à la publication.
Grâces leur en soient rendus, « Yeruldelgger » est une réussite. On y suit l'enquête d'un détective mongol – de Mongolie, commencez pas avec le mauvais esprit. Et là, que vous dire ? En amateur de polars, je recherche forcément deux types de plaisir paradoxalement opposés : en premier lieu, l'application systématique d'un schéma narratif familier répondant au cahier des charges du roman policier. En gros, une affaire à résoudre – un meurtre, un enlèvement, un vol spectaculaire – dont les tenants et aboutissants me semblent suffisamment mystérieux pour me tenir en haleine jusqu'à la fin de l'histoire. En second lieu, un dépaysement total, un changement radical par rapport à tout ce que j'ai pu lire avant – je parle de polars mais c'est un souhait qui dépasse le genre.
Bon, disons que je parle pour ma gueule. Après tout, chacun lit ce qu'il veut comme il veut. Disons que mes attentes se résument à ces deux pôles opposés : un cadre familier et un changement radical.
Autant vous dire qu'Agatha Chritie, Michael Connelly, Maxime Chattam ou Mary Higgins Clark, ça va bien cinq minutes. Ou, pour dire les choses autrement, t'en lis un, tu les a tous lus.
(Ca va, on se calme, je sais très bien que j'exagère, ne serait-ce que pour Agatha Christie dont on peut citer au moins trois chefs-d'oeuvres incontestés sans même s'attarder à réfléchir.)
Je sais que le livre de Ian Manook comporte ses scories et sa propre panoplie de clichés, mais l'enquête se déroule en Mongolie, une terre pour moi inconnue, propice au rêve et à la conjecture. La culture mongole, là aussi, je n'y connais rien. Alors voilà, si tu es comme moi et que tu aimes les surprises littéraires – mais les surprises bien emballées dans le même paquet cadeau que tu récupères à chaque fête pour le replier à la suivante – alors, vas-y, cours.
Je ne te parlerai pas de l'intrigue, c'est du roman policier pur jus. Plutôt bon, dans mon souvenir, mais j'en déjà oublié les grandes lignes. T'as qu'à wikipédié le machin et t'auras un résumé ad hoc. En revanche, ça sent le cheval et le grand air, et les Mongols m'ont tout l'air d'un peuple à l'esprit fort et au caractère bien trempé. Trempé dans quoi ? Tu verras bien.
Tout ça, je sais que ça sonne un peu cliché et compagnie mais je t'assure que Ian Manook écrit de toute sa plume. Sa passion transpire, malgré les figures imposées du genre, et si tu n'es pas totalement convaincu, je doute que tu m'en tiennes rigueur. On est loin du polar classique que tu as relu cent fois sous tant de plumes différentes et pourtant rigoureusement semblables.
J'espère, demain, puiser un semblant de courage pour te parler d'un choix plus personnel. Bonne soirée à toi.
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