Bientôt l’aube, Roland s’éveille, une langueur tendre imprègne son corps, il s’étire, se lève, le lit est vide. Roland n’est pas surpris, Ryana ne dort sous sa forme humaine que si elle ne peut vraiment pas faire autrement, quelque part dans une vallée isolée ou dans une grotte un dragon doré a dormi.

Roland fait une vraie toilette.

Depuis quand n’avais-je pas mis les pieds dans une chambre ?

Il se sèche, fait jouer ses muscles, s’habille, sort de la chambre, descend l’escalier, traverse la taverne déserte, à l’exception du tavernier qu’il salue, sort, se dirige vers la sortie de la ville, franchis le pont-levis, aperçois à cinquante toises Ryana appuyé contre une charrette, abandonnée vide sur le bord de la route.

Ils s’embrassent, s’enquièrent chacun de la forme de l’autre et prennent la route (il n’y a entre eux qu’une profonde amitié, avoir ensemble apaisé leurs tensions ne fait que renforcé cette amitié). Dès qu’ils sont hors de vue, Ryana abandonne son apparence humaine, Roland chevauche son cou juste devant les ailes. Ryana s’envole avec son cavalier.

Ils survolent le monde perdu à basse altitude, Ryana grille un ptérodactyle un peu trop menaçant, Roland mémorise la faune et la flore.

Décidément non, il n’y a pas d’écureuils.

Puis, ils se dirigent vers la clairière où se trouve la ferme contenant Le Grimoire. La clairière est trop petite pour que Ryana s’y pose, elle se redresse le corps presque vertical en position de combat, elle bat des ailes sur place, Roland passe ses jambes sur les ailes, se laisse glisser sur le dos de Ryana dont la queue forme un toboggan, il tombe de moins d’une toise sur le toit de la chaumière qu’il traverse, il roule en touchant le sol du grenier se relève sans difficultés, s’approche du trou crie :

« Tout va bien ! »

Ryana s’élance à la recherche du Ka-tet pour leur transmettre le message de Roland.

« Cornichon!... Mérinos!... Moule à gaufres!... Crétin des Alpes!... Boit-sans-soif!... Gros plein de soupe!... Mon toit ! Vous avez cassé mon toit.

— Calme-toi !

— Me calmer ? Me calmer ! Saltimbanque!... Cercopithèque!... Parasite!... Mamelouk!... Anthropopithèque!... Bandit!... Et, s'il pleut hein ! S’il pleut !

— Laisse-moi parler !

— Parler c’est pas ça qui va me protéger de la pluie, je vais être tout mouillé, moi !

— Arrête ou je repars sans toi !

— Écoute ce silence mon Maître !

— Bon, je ne veux plus t’entendre avant que je ne te donne la parole.

— Oui, oui, tout ce…

— STOP ! Je ne suis pas, je ne serai jamais ton propriétaire !

— Mais…

— SILENCE ! Je vais t’emmener avec moi et te trouver un propriétaire, pour cela, tu dois faire tout ce que je te demande, d’accord ?

— Oui, mais ça ne marchera pas, personne ne veut de moi !

— Si, tu auras un propriétaire, mais pour cela doit entrer dans cette boite. »

Roland sort Gemme de sa poche, elle prend sa taille normale.

« Vandale !... Wisigoth!... Pyromane!... Scélérat!... Bachi-bouzouk!... Tu te moques de moi, ta boite, c'est un dragon ! Tu veux me faire dévorer par un dragon, assassin !… Traitre !

— Je suis une dragonne et pour rien au monde, je ne te mangerais, tu es fait de vieux cuir bouilli, de métaux rouillés, et de papier moisi.

— Gemme, Le Grimoire, s’il vous plait ! Laissez-moi vous exposer mon plan.

— Dacodac !

— D’accord, Roland !

— Le Grimoire pour te trouver un propriétaire, il est préférable qu’il ignore que tu es télépathe avant de t’accepter. Pour ce faire, je te transporterai dans Gemme qui fera barrage à tes pensées. Et ne dis non, je sais que tu es incapable de te maitriser ! Gemme, lorsque tu devras changer de taille, ou t’ouvrir, je manipulerai tes pièces mobiles au hasard, tu exécuteras l’action après dix à quinze mouvements, par ailleurs tant que tu seras en contact avec “Le Grimoire”, quand tu t’adresseras à lui, fais-le télépathiquement. Merci à tous les deux. Enfin Le Grimoire tu lis dans mes pensées ?

……………

— Le Grimoire si tu n’en es pas capable.

— Scélérat!... Porc-épic!... Marin d'eau douce!... Athlète complet!... Ornithorynque!... Zapotèque!... Chrysanthème!... Bien sûr que j’en suis capable !

— Bien alors lit ce que je veux que tu fasses pour moi en échange de te trouver un propriétaire.

— Humm… humm… humm, OUI, oh oui, avec le plus grand plaisir, avec joie même !

— Roland et toi alors ?

— Ne t’inquiète pas pour moi Gemme, le marcheur solitaire apprend à résoudre ce genre de problème. »

Roland met Le Grimoire dans Gemme, referme Gemme, réduction, met Gemme dans une poche.

À l’intérieur de Gemme :

« Serpent !... Lézard !... Varan !... amphisbène !... gecko !..., tu m’écrases, tu me compresses !

— Je me contente de te donner la place que tu mérites !

— Phylloxéra!... Scélérat!... Canaille!... Heu... Ornithorynque!... Zouave!... Tu… »

Heureusement, nous sommes à l’extérieur.