Episode 5 : Leo

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Leo s’alluma une cigarette. Le geste n’était pas simple avec un bras dans le plâtre et des points de suture douloureux. Cependant, il avait vraiment envie d’une clope et ce n’était pas ces ridicules blessures qui allaient l’empêcher d’en fumer une.

Nonchalamment accoudé contre la fenêtre de sa chambre, le jeune homme tira une bouffée tout en embrassant la pièce d’un regard dégoûté : une chambre d’adolescent, propre et lumineuse, dont les murs étaient tapissés de posters, mais aussi de photos de famille... Le lieu respirait une joie de vivre lointaine et nostalgique…

Ses yeux s’attardèrent un instant sur une photo où une femme aux longs cheveux bruns enlaçait un petit garçon blond dont le visage rayonnait de bonheur. Il s’en détourna immédiatement en tirant rageusement sur sa cigarette.

Leo détestait cet endroit. Cela faisait des années qu’il n’y avait pas mis les pieds et il s’était juré de ne plus jamais y revenir. Mais c’était sans compter sur le Vieux chnoque qui ne pouvait visiblement pas s’occuper de ses affaires.

Le jeune homme était furieux. Il n’avait rien demandé au Vieillard, il ne lui devait donc absolument rien… même si ça le tuait d'admettre que sans l’intervention de ses hommes, il serait mort et enterré à l’heure actuelle. Mais si cet enfoiré décrépit s’attendait à ce que Leo lui lèche les bottes après ça, il pouvait toujours se mettre les doigts bien profond.

« Toutes ces années et tu n’as pas changé, Leo. A chaque fois que je te vois, tu as toujours une cigarette à la main », lança une voix amicale, tandis qu’une longue silhouette apparaissait dans l’encadrement de la porte.

Leo plissa les yeux de mécontentement en reconnaissant le nouveau venu. Quand on parle du loup, voilà que ce Vieux croulant était là. Grand et mince, le visage mangé par une imposante barbe… ses yeux bleus étaient vifs et alertes, témoignant de la grande vitalité qui animait encore Ismaël Sykes.

« Toi non plus t’as pas changé. Toujours aussi vieux et chiant », lança Leo d’une voix moqueuse en soufflant des ronds de fumée vers son interlocuteur. « Enfin, à bien y voir, t’es encore plus ridé qu’avant. T’as quel âge maintenant ? 90 ans ? J’espère que je suis sur ton testament ? »

Ismaël se contenta de sourire, et Leo se dit que c’était vraiment dommage que le Vieillard soit habitué à ses remarques cinglantes. Agacé, il se détourna et fit semblant d’admirer la vue qu’offrait la fenêtre de la chambre : sous ses yeux s’étalait un paysage verdoyant avec un jardin bien entretenu, une fontaine, des jardiniers qui taillaient gaiement les haies…

Un véritable tableau idyllique qui lui donnait juste envie de vomir.

« Comment te sens-tu ? », lui demanda Ismaël avec sollicitude, rompant le silence inconfortable qui s’était installé entre eux. « J’ai cru que les médecins n’arriveraient pas à te sauver cette fois… »

« Oh pitié, épargne-moi ton numéro du beau-père modèle qui s’inquiète pour le fils de sa millième femme ! » cracha Leo en faisant volte-face, le regard plein de ressentiment. « Vas pas me faire croire que tu ne m’as pas laissé crever dans cet entrepôt par affection ! Je ne suis pas con, et je sais qu’avec toi, rien n’est gratuit Vieillard ! Alors, dis-moi ce que tu veux qu’on en finisse ! »

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