Leo soupira bruyamment en se dirigeant vers l’avant du jet. Comme cette fille était barbante ! S’il n’y avait pas eu ces magazines à lire, il serait déjà mort d’ennui.

Il restait encore plusieurs heures de vol avant d’arriver à destination, et tant pis si c’était interdit à cause des médocs qu’il prenait, mais il avait vraiment besoin d’un verre pour tenir le coup.

Alors qu’il farfouillait dans le minibar, ses pensées dérivèrent vers la Miss secrétaire. Cette fille était vraiment bizarre... Leo n’était pas étranger au monde magique et occulte, il lui était même déjà arrivé à plusieurs reprises de traquer et tuer des créatures surnaturelles pour de l’argent (et le plaisir)… mais la Mort, vraiment ?!

Il refusait non seulement de croire que le Vieux soit parvenu à soumettre la Mort, mais aussi – et surtout ! – que cette gamine aux goûts vestimentaires douteux puisse être la Grande Faucheuse en personne.

« Excusez-moi, mais je peux vous aider ? » l’interpella une voix féminine, alors qu’il était en train de se servir une bonne rasade de whisky.

C’était l’hôtesse du jet. Leo avait complètement oublié qu’il y en avait une à bord. Il se retourna et la détailla d’un regard appréciateur. Grande, brune et pas mal foutue, elle lui adressait un sourire poli tout à fait charmant. Il passerait bien les dernières heures de vol avec cette beauté.

« Je me sers un verre. Vous en voulez un ? » lui demanda-t-il en esquissant un sourire charmeur qui ne la laissa visiblement pas indifférente. Son sourire poli se fit hésitant, mais ses yeux devinrent plus brillants.

« J’aimerais beaucoup, mais je suis en service », répondit-elle avec un regard d’excuse. « Mais… si vous voulez... il existe d’autres façons de faire connaissance… et s’amuser un peu qu’en dites-vous ? » poursuivit-elle ensuite en se mordillant les lèvres d’un air très explicite avant de s’éloigner en souriant en direction de la cabine de douche.

L’invitation n’aurait pas pu être plus claire et Leo la suivit sans se faire prier après avoir bu son verre cul sec. Enfin un peu d’action !

Une fois dans la cabine, ils ne prirent même pas la peine de fermer correctement la porte avant de se jeter dessus. Ils n’y allèrent pas non plus par quatre chemins et commencèrent à s’arracher leurs vêtements en s’embrassant furieusement.

Et tandis qu’il plaquait sa compagne de jeu contre le mur, Leo se félicita d’avoir les deux mains libres. On lui avait enlevé son plâtre la veille et, malgré quelques sensations de picotements à l’épaule et au torse, il se sentait pleinement opérationnel pour faire grimper cette jolie demoiselle aux rideaux. Cette dernière semblait en tout cas ravie qu’il ait les mains baladeuses et qu’elles soient justement en train de remonter le long de ses cuisses dénudées.

Tout semblait très bien parti pour un plan cul mémorable, mais alors qu’il était en train de l’embrasser avidement dans le cou tout en tirant sur sa petite culotte, Leo vit du coin de l’œil un éclair argenté fondre droit sur lui. Le jeune homme eut juste le temps d’attraper le bras de l’hôtesse, avant qu’elle ne lui plante un couteau dans la nuque. Il lui fit lâcher l’arme d’une brutale torsion du poignet en poussant un juron.

Non, mais sérieusement, il fallait vraiment que ça lui tombe dessus alors qu’il pensait prendre son pied ?

« Bordel de… » jura-t-il au moment où elle le repoussait d’un puissant coup de pied qui l’éjecta brutalement hors de la cabine et l’envoya bouler dans le couloir du jet. Il eut à peine le temps de se relever, que la fausse hôtesse était déjà sur lui, une lueur triomphante dans les yeux.

Vive comme l’éclair, elle lui flanqua alors un coup en traitre dans le ventre, exactement là où il s’était pris une balle.

Leo en eut le souffle coupé, et son adversaire profita de cette fraction de seconde pour se glisser derrière lui et lui passer un lacet autour du cou. Il eut juste le temps d’agripper le garrot à deux mains, avant qu’elle ne tire brutalement dessus.

Et alors qu’il tirait de toute ses forces sur le lacet pour ne pas se faire étrangler, le jeune homme se fit la réflexion que cette pétasse avait une sacrée poigne ! Et elle était clairement décidée à ne pas lâcher prise.

« Laisse-toi faire mon chou », lui susurra-t-elle à l’oreille. « Je te promets de faire ça très vite. »

« Dans… tes… rêves », répliqua Leo, le souffle court.

Il prit le risque de libérer une de ses mains et envoya brutalement son coude dans les côtes de son adversaire, ou plutôt dans un de ses seins. C’était un coup mesquin il le savait, mais elle l’avait bien cherché.

Alors qu’elle le lâchait en gémissant de rage et de douleur, Leo lui envoya aussitôt son coude dans le visage. Bien décidé à ne pas lui laisser une seule seconde de répit, il se retourna immédiatement et lui flanqua un revers bien placé dans le ventre. Ce fut le coup de grâce et l'hôtesse s’effondra lourdement au sol. Et pour être sûr qu’elle ne se relève pas de sitôt, Leo lui envoya impitoyablement un dernier coup de pied dans les côtes en souriant.

C’est à ce moment précis qu’il entendit un léger cliquetis métallique, puis la pointe glacée d’un flingue se poser à l’arrière de son crâne.

« Espèce d’enfoiré, je vais te buter », cracha alors une voix hargneuse dans son dos.